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ATTENTAT AU MAROC : A qui profite le crime ?

Publié le mardi 3 mai 2011 à 23h45min

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Quand un attentat n’est pas revendiqué, il ouvre la voie à toutes les supputations. Depuis le 28 avril dernier, les Marocains sont dans le doute : qui a perpétré l’attentat de Marrakech et pourquoi ? Autrement dit, à qui profite le crime ? Deux questions toujours sans réponse, même si la piste d’Al-Qaida est de plus en plus privilégiée par les autorités marocaines. Une bien maigre consolation, pour le moment, car cette nébuleuse est devenue un fourre-tout, le réceptacle de toutes les frustrations. Les auteurs de l’attentat n’ont donc toujours pas un visage.

Mais deux éléments permettent de situer les faits : la cible et le contexte. La plupart des victimes (8 sur 16) sont des Français. Mais d’autres victimes occidentales figurent sur la macabre liste. Si la frappe n’a pas été opérée aveuglement, cela veut dire qu’on en veut à l’Occident. Le sentiment anti-occidental serait donc encore tenace dans les milieux extrémistes marocains. Il y a aussi le contexte. Les Marocains, comme les autres peuples du Maghreb, vivent dans l’effervescence des revendications démocratiques. Mais à la différence des autres pays, le Maroc a su jusqu’à présent contenir ce vent de contestations, à travers une meilleure écoute de la rue et la non-utilisation de méthodes violentes et disproportionnées de revendication.

Dans tous les cas, la monarchie, siège du pouvoir, est préservée par la fronde. Cette spécificité marocaine n’est peut-être pas du goût de certains, surtout que le roi Mohamed VI n’a pas hésité à engager des réformes politiques, économiques et institutionnelles pour répondre aux aspirations de son peuple. On peut donc imaginer que ce cheminement maîtrisé vers une plus grande ouverture démocratique soit mal perçu par des forces centrifuges. Mais en même temps, il ne faut pas oublier que le Maroc a malheureusement subi la colère des terroristes par le passé, bien avant le printemps arabe. Y a-t-il un lien entre les attentats passés et celui du 28 avril ? Une chose est sûre, les fondamentaux du Maroc, eux, n’ont pas radicalement changé : la monarchie est toujours solidement ancrée dans le système institutionnel et fait l’objet d’un grand respect ; l’ouverture du Maroc au monde demeure un leitmotiv ; la démocratie avance. Si les poseurs de bombes ont voulu montrer leur aversion pour ce Maroc, alors leur cause semble perdue d’avance.

Car nul doute que les Marocains, sans renier leur identité, sont plus que jamais dans la dynamique de l’ouverture, qu’elle soit politique, économique ou sociale. C’est la tendance que l’on observe d’ailleurs dans la plupart des pays africains.

Le royaume chérifien a échappé au rouleau compresseur qui a emporté d’autres régimes de la région. Paradoxalement, il doit faire face aux attentats terroristes. Faut-il croire qu’il n’a pas su apporter la réponse indiquée à cette minorité extrémiste ? Faut-il réprimer sans pitié les intégristes de tous bords ou travailler à les ramener sur la voie de la raison ? Toutes les deux options ont leurs forces et faiblesses. La preuve, le roi, Commandeur des croyants, dans un geste d’apaisement, vient d’élargir de nombreux islamistes. Sans que, pour autant, cette main tendue n’empêche l’horrible attentat de Marrakech…

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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