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Le coton ne mérite pas du tout cela

Publié le mercredi 27 avril 2011 à 01h41min

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La filière cotonnière burkinabé est-elle dans la tourmente ? On peut le croire. Mais en réalité, elle traverse comme toute filière qui veut reprendre des dimensions, une période de croissance somme toute difficile, mais qui n’est pas insurmontable. Si toutefois les partenaires acceptent de se parler franchement et surtout de se comprendre. D’ailleurs ils y ont tous intérêt.

En effet, quand on a parlé d’embellie, de cours mondiaux très intéressants chacun a pensé (à tort ou à raison) que l’heure est arrivée pour lui d’en profiter, au sens propre comme au sens figuré. N’est-ce pas ceci qui explique cela ? Si ce n’est ça, ça y ressemble. Car, juste après l’annonce des prix du kilogramme de coton et des intrants, le milieu paysan a pris une autre couleur. A travers des revendications qu’on a rarement connues dans ce milieu où le dialogue a toujours prévalu avec les sociétés cotonnières et les autres partenaires.

Des producteurs (de coton ?) sont partis dans certains départements pour tenter de convaincre leurs camarades que ces prix annoncés ne sont pas du tout bons pour eux. Et leur explication tient au fait que les cours mondiaux n’ont jamais atteint un niveau aussi élevé. Il est donc temps pour eux d’en profiter d’autant plus que pendant des années, ils ont soutenu la filière quand celle-ci a connu des difficultés. Ce qu’on ne nie pas du côté des sociétés cotonnières. N’est-ce pas pour cela aussi que le prix du kilogramme fixé cette année est sans précédent ? En tout cas, de mémoire de producteur de coton, c’est la toute première fois que le kilogramme de coton atteint un niveau aussi élevé.

Et ce prix s’explique justement par la montée des cours sur le plan international quand bien même la production cotonnière de l’année passée n’était pas à la hauteur des attentes. Ce prix, en comparaison avec d’autres prix en Afrique, n’est ni le plus bas, ni le plus élevé. Il se place dans la fourchette des prix pratiqués en ce moment dans toutes les filières cotonnières. Au Mali, le prix du kilogramme de coton est fixé à 255 FCFA, tandis qu’au Bénin, il est de 250 F CFA.

Les producteurs estiment que le prix des intrants, notamment de l’engrais est élevé. Pour cela, ils exigent qu’il soit fixé pour l’engrais NPKSB et l’urée azotée un prix maximum de 15 000 F CFA. Sur ce plan, du côté des sociétés cotonnières on estime que beaucoup d’efforts ont été faits et continuent d’être faits pour soutenir la filière et principalement les producteurs. Au cours de la dernière campagne, l’Etat a subventionné à hauteur de 16 milliards de F CFA les intrants. Ce qui a permis de maintenir leur prix à un niveau acceptable et supportable pour les producteurs. Cette année, l’Etat a encore fait un effort, en collaboration avec les sociétés cotonnières pour une subvention à hauteur de 6 milliards de F CFA. Ce qui permet les prix actuels.

Au cas contraire, les prix réels qui sont calqués sur le prix du baril de pétrole qui, ironie du sort flambe lui aussi, seraient insupportables. Et cela ne dépend pas du tout du gouvernement, encore moins des sociétés cotonnières qui doivent, quoi qu’on dise, survivre, elles aussi. C’est pourquoi, il parait important que les partenaires de tout le temps de la filière coton du Burkina parlent le même langage pour sauver une filière qui nourrit plus de 3 millions de personnes et qui heureusement est en train de prendre un nouveau départ. Cela suppose qu’il faut éviter les positions maximalistes qui en réalité, n’arrangent personne. Ni les producteurs, ni les sociétés cotonnières, encore moins l’Etat. C’est un défi national, à la limite du patriotisme qu’il faut relever. Le coton a largement profité à beaucoup d’entre nous et ne mérite pas d’être pris en otage pour des raisons souvent inavouées.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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