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Printemps arabe : Des réactions à la tête des dictateurs

Publié le mercredi 27 avril 2011 à 01h40min

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La révolution du jasmin qui souffle sur le monde arabe depuis les premières lueurs de l’année 2011 présente assurément plusieurs cas de figures correspondant à autant de types de dictateurs. Ben Ali, le Tunisien, et à suite Hosni Moubarak, l’Egyptien, se retrouvèrent emportés plutôt rapidement, presque comme des fétus de paille.

Le Guide Kadhafi, plus déterminé et plus cynique, après avoir vacillé, reprit du poil de la bête. A présent, il ressent tout le poids du courroux de l’OTAN, qui est bien décidée à lui faire payer bien cher d’avoir pilonné et mitraillé ses propres populations à l’aide de ses chars et avions de chasse.

Il est permis de penser que cette coalition internationale ne quittera la Libye que lorsque le Guide se retrouvera à genoux, réduit à quia, sinon capitulant bien piteusement. Et ce sont les insurgés libyens qui pavoisent. Leur cause aura été entendue, partagée et sans doute, bientôt, leur rêve de liberté, comme un miracle, s’accomplira.

Bachar al-Assad, en Syrie, ce souverain hachémite, digne fils de son illustre père auquel il a d’ailleurs succédé il y a un peu plus d’une dizaine d’années, est lui aussi en proie à une immense vague de contestation. L’homme, en plus d’avoir hérité de son géniteur, d’un pays verrouillé, gouverné d’une main de fer et truffé de services de renseignements à la solde du régime, a résolument choisi de persévérer dans les mêmes méthodes de répression, au risque de dépasser en horreur Hafez-el Assad que d’aucuns n’hésitaient déjà pas à présenter du temps de son vivant comme l’un des dirigeants les plus sanguinaires en place dans le monde arabe.

Depuis le début du soulèvement populaire en Syrie à la mi-mars dernier, le décompte macabre se chiffre en centaines de morts. Evidemment les déclarations indignées proviennent de partout, certaines réclamant « l’arrêt immédiat des tueries », d’autres les qualifiant d’« inacceptables » et d’autres encore jugeant « erratique » la réaction du gouvernement syrien face à des manifestants pacifiques et aux mains nues.

Mais, à ce jour, personne ne parle du devoir d’ingérence humanitaire invoqué dans le cas libyen par exemple ; un peu comme si le sort des populations syriennes pressurisées par Assad était plus enviable que celui des Libyens. On ne peut manquer de percevoir dans cet attentisme de la communauté internationale, si prompte à jouer aux indignés ailleurs, le signe évident d’une répression sélective.

On a vu avec quelle célérité la Licorne française aura décagnoté un Gbagbo opiniâtre, jadis réputé indéboulonnable. En un temps deux mouvements, l’homme aura été débusqué de son bunker et sa chute marqua le début de la fin de la crise en Côte d’Ivoire.

Pour le cas libyen, une résolution de l’Onu engendra une coalition internationale qui pilonne les troupes de Kadhafi et fait percevoir au Guide libyen qu’il vit peut-être les derniers jours d’une certaine ère dans son propre pays. Assad, lui, massacre à tour de bras, et personne ne lève le petit doigt pour venir au secours des populations décimées et terrorisées.

Jusqu’à quand devra-t-on assister à pareil spectacle à la fois horrible et insoutenable ? Il est vrai que le souverain syrien tire un large profit du climat hautement volcanique de cette partie du globe où se situe son pays : le Moyen-Orient, déjà en temps normal, est une zone où il convient de marcher sur des œufs. On le comprend, aucun pays ne se risquerait à s’attirer les foudres de cette région extrêmement volatile.

Mais tout de même ! De là à ignorer jusqu’à l’idée même de porter secours à une population tyrannisée et désormais à la merci d’un homme prêt à tout pour étouffer les légitimes revendications d’un peuple assoiffé de liberté et de dignité, il existe un pas que la communauté internationale devrait se garder de franchir. A moins qu’elle n’ait délibérément choisi d’appliquer le devoir d’ingérence… à la tête du client.

Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

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