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Premier gouvernement de Luc Adolphe : Radioscopie d’une équipe de crise

Publié le lundi 25 avril 2011 à 22h54min

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C’est largement bien connu. Tout le monde a une idée de la liste des membres du gouvernement de Luc Adolphe Tiao. On peut tenter de faire une lecture croisée des grandes caractéristiques de cette équipe qui semble être un gouvernement de thérapeutes d’une crise qui a secoué le Faso à tous les niveaux.

La classe politique attendait un gouvernement de large ouverture. Mais à la publication on a constaté que c’est un gouvernement dont l’appartenance politique majeure reste le CDP et la mouvance présidentielle. Peut être que l’opposition s’attendait à être consultée ou même appelée dans cette équipe constituée pour juguler ou amoindrir la crise socio-militaro-politique. Selon les observateurs l’opposition semble rêver. Elle veut recueillir les fruits des mécontentements alors que ces partis sur quoi doit se reposer l’espoir de l’alternance ne font rien pour ébranler le régime. Les grandes actions de dénonciation et d’agitation ne viennent pas d’elle et quelquefois ceux qui manifestent leur mécontentement se méfient même de ces politiciens qui ne font rien pour rien.

Néanmoins, il est tout à fait normal que l’opposition veuille capitaliser les mécontentements populaires à son compte. Mais de là à espérer faire partie d’un gouvernement d’un homme qu’elle vient de combattre en rang dispersé il y a à peine 5 mois, c’est un peu rêver.
En tout cas, la coloration du nouveau gouvernement est connue et chacun y a déjà son idée. S’il y a ouverture, elle concerne les rares membres de la société civile.

L’autre caractéristique du gouvernement est la relative jeunesse des nouveaux appelés. Si bien que le président se retrouve lui-même être le doyen d’âge de l’équipe. L’autre trait de la nouvelle équipe, c’est que plusieurs ministres font leurs premiers pas dans un gouvernement. Par conséquent, ils n’ont jamais participé à un conseil de ministre. On peut citer le Premier ministre lui-même comme exemple. Ce qui semblent plaire à l’opinion dans ce gouvernement, c’est l’aspect concentré de l’équipe qui est réduite de 38 à 29 membres. On a procédé à des découpages, des fusions, des modifications, à des découplages de départements, certains qui ont déjà cohabité dans le temps se retrouvent.

D’autres ont disparu pour donner une recette beaucoup plus digeste. C’est ainsi que le ministère le plus stratégique est revenu au « Capitaine » de l’équipe (au sens propre comme au sens figuré). Le ministère chargé de la Prospective disparaît. Le ministre, directeur du Cabinet du président du Faso. Même s’il garde son rang de ministre n’est pas sur la liste des membres du gouvernement. Comme fusion, le ministère chargé des Réformes politiques va mieux s’harmoniser avec celui des Relations avec le Parlement. Le ministère de la Sécurité retrouve l’Administration territoriale tandis que le ministère des Postes et Télécommunications et des TIC n’ayant pas résisté à sa désuétude et à la trop grande libération de ses principaux services, est dissous et son reste confié aux Transports.

La Sécurité sociale est retournée à son ancien compagnon qu’est la Fonction publique. Tandis que le ministère des Droits humains est revenu vers sa source qu’est le ministère de la Justice. Le ministère délégué chargé des Enseignements supérieurs, secondaires et de la Formation professionnelle disparait au profit de la Jeunesse et de l’Emploi. Toute cette acrobatie donne 29 membres, ce qui est bien dans un pays où tout est prioritaire.

Parmi ceux qui quittent, beaucoup sont victimes de leur longévité. C’est le cas de Seydou Bouda et d’Alain Yoda qui se sont balancés le ministère de la Santé et n’ont pas résisté au renouvellement. Filippe Savadogo, écartelé entre la Communication et la Culture puis le Francophonie et le Tourisme a fini par quitter, s’éloignant du micro et des cameras et retrouvera les photographes dans d’autres cadres. Vincent Dabilgou, cadre des services municipaux, est débarrassé de cette mission nationale qu’il semblait adorer un peu trop. Justin Koutaba, philosophe de profession et bon paraphraseur du président du Faso, quitte quand même. Denise Auguste Barry, avec la crise n’a pas eu le temps de se mettre en selle.

Seydou Kaboré des Infrastructures, n’aura pas le plaisir d’inaugurer tous les échangeurs de Ouaga. Adrien Amadou Koné, courtois et discret, n’ a pu prendre ses marques de départ. Jean Pierre Palm, si militaire qu’il soit, semblait épuisé et avait donc besoin d’un répit bien mérité. Il part en ayant réussi à offrir au Burkina une prestigieuse coupe d’Afrique.

Pour les nouveaux arrivants, on attend de voir. Même si certains comme Djibril Bassolet ne sont pas du tout dépaysés. Lui, retrouve son fauteuil qu’il avait laissé en pleine crise ivoirienne.
Ce que les Burkinabè attendent c’est la célérité dans la résolution des problèmes. Que ces membres du gouvernement se sentent d’abord grands commis de l’Etat, et ne doivent jamais oublier de servir le peuple. Comme le veut le Premier ministre Luc Tiao.

Augustin KABORE

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 26 avril 2011 à 06:16, par Modeste En réponse à : Premier gouvernement de Luc Adolphe : Radioscopie d’une équipe de crise

    Nos encouragements à la nouvelle équipe gouvernementale, et nos félicitations aux ministres de l’ancienne équipe pour le travail accompli, même si les attentes de la pop. restent immenses.

    Dans une situation aussi trouble que traverse notre pays, je pense que chacun, quelque soit son appartence politique ou syndicale, doit contribuer positivement au retour de la sérénité. Il serait périlleux de vouloir pêcher en eaux troubles, et de penser coe on le dit que "tous les coups sont permis en politique".
    C’est toujours nous les pauvres citoyens qui sommes les 1ères victimes de ces violences politiques et politiciennes.

    J’exhorte les leaders de l’opposition et ceux du parti au pouvoir à instaurer le dialogue.

    Aux éléments de l’armée, qu’ils sachent tenir la place qui leur revient, et cessent de violenter et de terroriser la population. "Quitter dans ça", il n’ya aucune dignité et honneur pour un militaire vandale, voleur, violeur.

    Oeuvrons pour la paix et la stabilité au Burkina, et prions le Ciel de nous y aider.

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