C’est un champ de ruines que lui a légué son prédécesseur. Pire, dans sa folie destructrice, le pouvoir sortant a même détruit la mémoire du pays, en pillant l’Administration, y compris sa mémoire, à savoir les archives et d’autres documents importants. Aucun bureau n’est resté intact. C’est vraiment ignoble que de mener une telle politique de la terre brûlée. Cela confirme, si besoin en était encore, que Laurent Gbagbo et sa clique n’ont jamais porté la Côte d’Ivoire dans leur cœur. Toute leur stratégie était bâtie uniquement autour de la conservation du pouvoir et rien d’autre.

Le socle sur lequel ADO devait asseoir son programme présidentiel, on le voit, a été réduit à néant avec une administration défigurée, des infrastructures économiques détruites, des fonds publics dilapidés, un peuple à genou. Comment, devant un tel spectacle de désolation, demander des miracles à ADO, à moins d’être un hypocrite ? Du reste, les personnes de bonne foi savent que la reconstruction prendra plus de temps que prévu. Pour preuve, ADO qui croyait rejoindre rapidement le palais présidentiel pour se mettre au travail, a dû se résoudre à squatter encore le Golf Hôtel. Il avait sous-estimé la destruction dont le palais avait été l’objet. Pire, des armes y ont été stockées en masse par le pouvoir défunt. Dans son accès de folie, Gbagbo a donc miné le terrain.

Mais il ne fait pas du mal uniquement au nouveau dépositaire du pouvoir. C’est toute la Côte d’Ivoire qui paie un lourd tribut de cette bêtise humaine. Ainsi, la reconstruction connaîtra un retard à l’allumage, du fait des urgences à régler comme le rétablissement de la sécurité, la remise en état des infrastructures de base (eau, électricité, distribution régulière des biens de première nécessité, etc.), la relance de l’Administration. Si Gbagbo avait eu la sagesse de partir dès sa défaite électorale, la Côte d’Ivoire aurait fait l’économie de cette perte de temps. Hélas, il a choisi la voie du suicide collectif (en prenant le soin de survivre), tel un gourou illuminé.

Le plus insultant, c’est que non contents d’avoir plongé le pays dans un tel chaos, les refondateurs ( les pro-Gbagbo se font appeler ainsi) se permettent de critiquer le nouveau pouvoir en faisant montre d’une arrogance qui frise l’inconscience. Quand Affi N’Guessan, l’un des inspirateurs de Laurent Gbagbo, toute honte bue, accuse le nouveau pouvoir de dérives dictatoriales, il y a de quoi s’interroger sur son état d’esprit ou même de santé. Toujours est-il qu’il faut mettre ces logorrhées sur le compte de politiciens en mal de publicité qui n’ont pas encore compris qu’ils sont devenus des has been. Il appartient de ce fait à ADO de savoir éviter les pièges tendus par un régime qui ne s’avoue pas vaincu et dont le mal est inscrit dans les gènes.

Mahorou KANAZOE

Le Pays