LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

LUC MARIUS IBRIGA, PRESIDENT DU FOCAL : "Gouvernement d’ouverture oui, mais pour quoi faire ?"

Publié le vendredi 22 avril 2011 à 03h15min

PARTAGER :                          

La 2e édition du forum des citoyens de l’alternance aura lieu du 1er au 2 mai 2011 sur le thème : "Dialogue démocratique, Justice et réconciliation nationale : les leçons du passé et perspectives". Pour en parler, les membres du Forum de citoyennes et citoyens de l’alternance (FOCAL), étaient face à la presse le 21 avril dernier à Pacific Hôtel à Ouagadougou. Outre le focal auquel ses organisateurs souhaitent un succès, la situation nationale a été abordée.

Le 2e forum des citoyens de l’alternance se tiendra dans un contexte de crise sociopolitique. C’est pourquoi les responsables du forum ne pouvaient esquiver les questions relatives à cette situation nationale qu’ils qualifient de crise sociale. Pour le président du FOCAL, Luc Marius Ibriga, maître assistant à l’UFR SJP à l’université de Ouagadougou, la crise que le Burkina connaît, tire sa source réelle dans la situation de pauvreté que vivent la plupart des Burkinabè. "Ceux qui étaient les plus privilégiés, les piliers du système se retrouvent aujourd’hui contre celui-ci. Ce qui signifie que la crise a dépassé l’aspect politique pour s’installer dans une crise sociale", a-t-il relevé. A l’en croire, des voix s’élèvent de plus en plus au sein des populations civiles pour dire qu’il n’est pas question que les civils soient traités autrement que les militaires. Cela, a-t-il soutenu, préfigure peut-être des tensions dans l’avenir en ce qui concerne la situation sociopolitique au Burkina Faso.

L’alternance n’est pas un concept propre à l’opposition

Selon le président du FOCAL, l’alternance n’est pas un concept qui est propre à l’opposition ou à la société civile. L’alternance est un élément fondamental de vérification de la viabilité d’une démocratie. C’est pourquoi le FOCAL se veut une plate-forme d’échanges, a-t-il confié.

La contribution du FOCAL pour une alternance est de faire en sorte qu’il y ait une population, une citoyenneté consciente. C’est du reste, ce qu’il est en train de faire, a laissé entendre M. Ibriga. Pour lui, si le Burkina veut éviter ce qui est arrivé à certains pays, il faut qu’il y ait un véritable dialogue démocratique et que l’on mette en place une véritable réconciliation nationale. "Si on observe les différents événements qui ont secoué le pays, on constate que cela pose le problème de réconciliation nationale car il y a des choses qu’on a escamotées. Le FOCAL pense qu’il ne peut y avoir de véritable réconciliation nationale sans vérité, justice et pardon", a-t-il martelé. Mais quelle solution le FOCAL préconise-t-il pour sortir le Burkina de la situation actuelle ? Aucune. C’est pourquoi la question sera débattue au cours du forum, a laissé entendre son président.

Eviter la ruse et l’esquive

Il a, par ailleurs, fait savoir que si l’on veut que l’ensemble des citoyens travaille à préserver la paix sociale au Burkina, il faut que l’on évite la ruse et l’esquive.

"Si c’est pour utiliser des méthodes de la ruse et d’esquive encore en faisant appel à un gouvernement de large ouverture, cela ne va pas résoudre le problème. Faire un gouvernement de large ouverture, sur quelle politique et pour quels objectifs ? Si le système ne change pas profondément, on a beau avoir de nouvelles têtes, on aura la même situation. Donc, il faut qu’il y ait une sincérité, que la confiance existe. On doit travailler à avoir cette volonté d’asseoir la tolérance, l’acceptation de la différence car les différents points de vue qui s’expriment au Burkina peuvent servir à la construction du pays. Donc, gouvernement de large ouverture oui, mais pour quoi faire ?", s’est interrogé le président du FOCAL.

Abordant le sujet du jour, il a soutenu que l’objectif général de ce 2e forum est de contribuer à l’édification d’une démocratie républicaine et citoyenne. Les travaux du forum, a-t-il précisé, se dérouleront en plénière et en commissions, sur la base de trois rapports introductifs traitant respectivement du dialogue démocratique, de la justice transitionnelle et du pardon ainsi que des réformes à opérer. Chacune des trois commissions devra, a-t-il souligné, répondre à trois interrogations que sont : Quel mécanisme de dialogue pour l’avènement d’une démocratie citoyenne et républicaine ? Quelle justice transitionnelle pour une véritable réconciliation nationale ? Quelles réformes institutionnelles pour l’avènement d’une démocratie citoyenne et républicaine ?

Le président du FOCAL a indiqué que cette rencontre citoyenne qui se tiendra du 1 au 2 mai sur le site du SIAO, est sous-tendue par le constat que le processus de démocratisation et de construction de l’Etat de droit, engagé au Burkina depuis 1991, reste, malgré certaines avancées, fragile et sujet aux tensions sociopolitiques qui continuent de secouer la classe politique. Il a invité tous les citoyens soucieux de la construction d’une démocratie républicaine et citoyenne au Burkina à participer activement aux travaux du forum en s’inscrivant massivement. Il a également sollicité l’appui des organisations de la société civile et des ambassades pour l’organisation de ce 2e forum. M. Ibriga a fait noter que l’appel lancé au chef de l’Etat pour qu’il s’engage à lutter contre la corruption, à l’issue des travaux du 1er forum tenu en 2009, n’a pas été entendu. Cela parce qu’il n’y a pas eu de mesures vigoureuses contre la corruption.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 25 avril 2011 à 19:51 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, PRESIDENT DU FOCAL : "Gouvernement d’ouverture oui, mais pour quoi faire ?"

    Soutien au FOCAL ! Le Burkina Faso regorge vraiment de filles et de fils à la hauteur du défi que représente le processus de démocratisation. Oui, les burkinabés toutes couches sociales confondues son capables de réfléchir et trouver des voies de sortie à cette crise sociopolitique que traverse le pays. Hélas ! Le Professeur Ibriga a su bien souligner que l’appel lancé par le 1er forum du FOCAL est resté comme une graine de semence tombée sur une terre bétonnée. En effet, ce n’est pas les forums de réflexion qui manquent au Faso. Il y a visiblement une crise au niveau de la couche des dirigeants politiques. C’est une crise de la ‘matière grise’ pour certains, et simplement un manque de scrupule pour les autres. En d’autres mots, quand les gens sont appelés à servir le pays ils se servent plutôt eux même. QUE DIEU SAUVE LE BURKINA !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique