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Manifestations des militaires : C’est quoi, ces récurrentes histoires de primes ?

Publié le mardi 19 avril 2011 à 02h43min

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On ne le condamnera jamais assez ! Rien, absolument rien ne pourrait justifier les spectacles navrants et horripilants auxquels se sont donnés à cœur joie les soldats mutins et ivres de rapines. Leur comportement tient d’une abjection sans nom au point qu’aujourd’hui le treillis suscite répulsion si tout simplement il ne fait pas vomir de dégoût. Quand de manière récurrente (en 1999, en 2006, en 2007, et en 2011, pour un oui ou pour un non, les gardiens des institutions publiques et de l’intégrité du territoire se transforment en destructeurs sans foi ni loi des biens publics et privés, la réprobation citoyenne doit être catégorique et sans appel.

Des réclamations pécuniaires qui servent de prétexte à des rapines armées contre des civils, l’affaire est suffisamment grave pour que la Grande Muette daigne délier la langue sur ces fameuses primes dont on entend tant parler sans pour autant savoir à quoi tout cela renvoie au juste. En une question comme en mille, de quelles primes s’agit-il au juste et quels en sont les montants prévus ?

Est-ce trop que de demander à la hiérarchie militaire de sortir du confort douillet du secret militaire pour nous éclairer sur les indemnités des hommes de tenue ?

Lorsque des soldats, mécontents des primes qui leur sont versées, se mutinent, se livrent aux pillages, violentent des citoyens, violent des femmes et bafouent la République, la situation est assez critique pour être la seule affaire des militaires. Les contribuables, dont les impôts servent, entre autres, à garantir la solde des bidasses ont droit à un minimum d’information sur la prime de la discorde entre les troufions et les hauts gradés.

Tant qu’il s’agissait de menues frictions au sujet de butins de guerre, comme celles survenues après l’expédition libérienne, on s’est bien gardé de mêler notre bouche à ce qui ne nous regardait pas.

Mais lorsqu’il est question d’indemnités versées par la communauté internationale au titre des opérations de maintien de la paix, de primes alimentaires ou de logement supportées par le budget national ou même de gratifications circonstancielles comme celles prévues en cas de réquisition, il n’y a pas de spécificité militaire qui tienne comme si l’armée battait sa propre monnaie. Toute institution bénéficiaire des deniers publics doit être assujettie aux règles de transparence et de la comptabilité publique.

A l’interne, tout semble indiquer que la Grande Muette porte bien son nom, tant la communication fonctionne mal entre supérieurs et subalternes, à entendre certains hommes du rang à la sortie de leur rencontre avec le chef suprême des armées, Blaise Compaoré. Pire, un sentiment d’injustice s’est emparé de la troupe, obligée de subir en silence :

« Nous souffrons et les chefs continuent de nous piller. Si on donne à César ce qui est à César, il n’y aura pas de problème », s’était en effet lâché un « calme-cœur » à l’issue de la même rencontre avec le président du Faso.

Toutes ces histoires brumeuses de primes n’ont que trop duré. Crevons l’abcès et qu’on en finisse avec.

Alain Saint Robespierre

L"Observateur Paalga

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