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Universités africaines de la communication : Le grand rendez-vous de la promotion de la communication

Publié le mardi 28 septembre 2004 à 07h16min

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Réunies à Ouagadougou du 27 au 29 septembre 2004, les sommités du monde de l’information et de la communication d’Afrique, ainsi que des experts d’autres continents, réfléchissent sur les voies et moyens de promouvoir la communication sur le continent.

"Cadre d’échange et de réflexion sur la société de l’information et de la communication", (Luc Adolphe Tiao, président des premières UACO), ce forum, pour peu qu’il se veuille utile (ce dont nous ne doutons pas) devra dégager des pistes à même de permettre au continent d’être un consommateur, mais plus un "acteur actif" de cette nouvelle société de l’information.

Dans son ouvrage intitulé "Culture et développement en Afrique" (Editions l’Harmattan), le président du Comité scientifique du thème, Mahamoudou Ouédraogo donne des pistes intéressantes pour permettre à l’Afrique d’occuper une place de choix dans cette société de l’information dont la nature a profondément changé avec l’avènement des TIC. Mahamoudou Ouédraogo part du constat que "le XXIe siècle apparaît comme étant riche en situation de paradoxes". Car, "alors que l’on constate une forte abondance de moyens de communiquer, on note pour le regretter, une sécheresse du débat, une insuffisance d’espaces de culture".

Un monde non solidaire donc, si tant est que c’est la communication qui, à la base, favorise la solidarité et "apparaît comme un moyen par lequel les hommes se découvrent, se connaissent et établissent des rapports susceptibles d’améliorer leur existence commune dans le temps et dans l’espace" (Luc Adolphe Tiao). Pour l’avènement de cette "communication solidaire" basée sur le respect de l’autre, Mahamoudou Ouédraogo soutient qu’il "appartient aux hommes et aux femmes de culture, aux décideurs politiques, aux leaders d’opinion de faire le choix dans leurs actions publiques d’une réhabilitation de la pensée et du processus de la réflexion".

Le dialogue des cultures, ferment de la paix mondiale

Cela passe par "tout un travail en profondeur et une analyse de l’état des lieux des différentes réalités culturelles et artistiques". L’objectif ultime étant de "procéder à un travail de dynamisation générale en sorte que la dimension culturelle et artistique prenne une place considérable dans les systèmes d’échanges internationaux".

Dans le cas de l’audiovisuel (qui est fortement présent dans les différents espaces de vie), cela supposerait que "l’on mette au point une forme de code de développement de l’audiovisuel notamment des productions culturelles audiovisuelles".

Le développement de l’audiovisuel "devrait permettre de mettre en relief les différentes formes de cultures et d’expressions artistiques dans l’optique de mettre l’audiovisuel au service de la culture".

Cela n’est pas le cas aujourd’hui, avec la télévision qui offre de plus en plus "un espace de débat quasiment exclusif qui dessert les débats d’idées et met beaucoup plus l’accent sur l’information spectacle, la mise en scène, la scénarisation". S’agissant des médias (ceux du service public principalement), l’auteur pense qu’ils sont à un "tournant de leur histoire", les dernières années ayant été marquées par un "vif éveil de la conscience citoyenne et des exigences en matière de droits humains".

Et puis, "il s’est développé des chaînes commerciales qui ont l’avantage de n’être pas étouffées par des contraintes politico-administratives". Il faut donc "déterminer une ligne éditoriale en conformité avec l’intérêt général qui réponde le mieux à leur propre contexte".

Terminons avec les TIC qui de par "leurs impacts, de par leur fascination, de par leur opérationnalité extrême et continue ouvrent un boulevard insoupçonné de possibilités infinies mais aussi, paradoxalement de piège sans fin". Car, ces possibilités fantasques de connexion, de relation avec le monde ne comportent pas que des avantages. L’information étant devenue une denrée hyper périssable (du fait des facilités d’accès aux sources d’information et de diffusion), c’est "l’ultra-information qui est devenue l’information".

L’Afrique du fait de son retard structurel se trouve inapte à prétendre ne tenir autre chose que la lanterne. Sous-informée et sans possibilité de constituer dans les mêmes délais de durée et de temps, des noyaux de réflexion et des cercles de pensée, l’Afrique se trouve en "méforme" politique par rapport aux autres parties du globe. Autre aspect négatif des TIC sur la vie communautaire et l’existence des individus est qu’elles ne font que conforter les rapports de force préétablis.

Une situation qui déteint sur le cours des relations internationales, les grandes décisions en matière politique, économique étant prises dans un carré de pays politiquement lourds de sorte que les pays autrefois dits non-alignés et à faible pouvoir de présence internationale en sont réduits à valider a priori et a posteriori les analyses, conclusions et décisions prises par les pays développés.

Nous passons outre les "nuisances" de la toile (sites pornographiques) pour dire avec l’auteur que "nous devons œuvrer à puiser dans nos ressources intellectuelles, physiques et morales en vue de donner le meilleur de nous-mêmes dans le contexte général de la globalisation et de prétendre en retour, nous instruire des richesses des autres".

Il nous faut donc "investir la toile" avec nos valeurs propres, y prendre ce qu’il y a de bon et rejeter le reste. Pour des résultats tangibles, "il convient de travailler à obtenir une rationalisation et une structuration des systèmes d’échanges d’information au profit de l’Afrique".

Dont acte.

Boubakar SY
Sidwaya

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