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Guillaume Soro : Ensuite, se mettre en réserve de la république

Publié le jeudi 14 avril 2011 à 02h20min

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L’offensive générale des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) a été ponctuée par la prise du contrôle de tout le pays, la bataille d’Abidjan et la chute de Laurent Koudou Gbagbo. Si on devait mettre tout cela au compte d’une personne, ce serait bien Guillaume Kigbafori Soro, car l’ossature des troupes de Ouattara est constituée des éléments des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN). C’est donc en toute connaissance de cause qu’Alassane Dramane Ouattara (ADO) l’a nommé Premier ministre, ministre de la Défense. Et on ne peut pas dire que le président élu s’est trompé.

S’il est évident que les contacts et les relations avec les partenaires diplomatiques étaient le domaine réservé d’ADO dont le carnet d’adresses est foisonnant, sur le terrain militaire, c’est bien Soro qui était à la manœuvre.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien chef rebelle a bien préparé et minutieusement exécuté l’équipée de 2011. De fait, une grande partie du changement qui est intervenu en Côte d’Ivoire depuis le 11 avril revient à ce jeune charismatique dont on dit beaucoup de bien.

Si l’élection présidentielle ivoirienne s’était déroulée normalement, le jeune Soro, qui n’a que 38 ans, promettait d’aller cultiver son propre jardin et se mettre ainsi en réserve de la république car à cet âge, il a tout son avenir devant lui.

Mais la tournure des choses a fait que l’ancien séminariste de Katiola a dû se résoudre à jouer les prolongations au sortir du second tour du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 lorsque Laurent Gbagbo a perpétré son hold-up électoral pour usurper le pouvoir.

Mais lorsqu’Abidjan sera sécurisée et le reste du pays pacifié, quand l’appareil d’Etat sera résolument sur les rails, il lui faudra, avec du retard, prendre du recul.

D’abord, parce que le maroquin de la primature revenait au PDCI/RDA (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Rassemblement démocratique africain), l’autre grand parti membre du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et le progrès) sans lequel ADO n’aurait pu remporter cette présidentielle.

Ensuite, en temps de paix, si Soro devait travailler avec ADO, un Premier ministre étant par définition le fusible du président, on a peur qu’il saute de sitôt devant les attentes incessantes et nombreuses des populations.

Il y a aussi que des incompréhensions peuvent naître entre le chef du gouvernement et le chef de l’Etat, surtout quand on sait que Soro Guillaume est un homme au caractère bien trempé.

On imagine alors que le locataire de la primature a soigneusement écrit son départ dans son agenda et que le moment viendra où il quittera la scène momentanément.

En effet, l’ex-chef rebelle, qui a rapidement pris l’étoffe d’un homme d’Etat, peut rêver de faire carrière dans la politique et légitimement caresser le secret espoir d’occuper un jour la magistrature suprême. Et c’est bien pour cela qu’il a tout intérêt à s’éloigner un peu de l’arène politique ivoirienne.

San Evariste Barro

LObservateur Paalga

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