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REVOLUTION LIBYENNE : Le dilemme des Occidentaux

Publié le lundi 4 avril 2011 à 01h07min

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Tel un roseau qui se plie mais ne rompt pas, le "guide" libyen tient toujours bon. Avec l’intervention de la coalition internationale et toute l’armada militaire et logistique qu’elle a déployée, l’on croyait que le régime Kadhafi, à l’image d’un château de cartes, s’écroulerait en un tournemain. Mais aujourd’hui, selon toute vraisemblance, ce projet des Occidentaux et des insurgés ressemble fort à un château en Espagne, à bien des égards. Le vieux renard du sable mouvant du désert, de toute évidence, défie tous les pronostics, s’il ne va pas jusqu’à semer la confusion entre les insurgés et la coalition internationale désormais sous la commande de l’OTAN (Organisation de traité de l’Atlantique Nord). Toujours est-il que le samedi 2 avril dernier, une bavure de cette coalition s’est soldée par la mort de neuf anti-Kadhafi et de quatre civils.

Une erreur inexplicable de la part de l’OTAN à l’étape actuelle de la guerre, d’autant que les cibles sont censées être clairement identifiées, et les frappes chirurgicales. Mais la résistance farouche de Kadhafi, en même temps qu’elle surprend les Occidentaux qui croyaient pouvoir le déboulonner aussi rapidement, les met dans un dilemme. En effet, pressés de se retirer de la Libye, pour éviter d’être taxés d’occupants ou de néo-colonisateurs, les Occidentaux doivent en même temps tourner définitivement la page Kadhafi. Une entreprise qui n’est sans doute pas légère. Comment concilier en effet ces deux impératifs ?

Pourtant, ni les Occidentaux, ni les insurgés, les démocrates africains encore moins, n’ont intérêt à ce que le régime du "guide" survive. Le cas échéant, non seulement l’image d’un Occident épris de démocratie et libérateur des peuples des griffes de leur dictateur serait ternie pour toujours, mais aussi les tyrans-despotes bonapartistes auraient cartes blanches pour se radicaliser à jamais. Pourvu qu’ils aient les moyens (ils n’en manquent toujours pas) d’organiser des expéditions punitives dignes de celle du 28 septembre 2009 en Guinée, au Stade de Conakry, sous Dadis Camara, la ribambelle de pseudo- démocrates réprimeront les contestataires de leur régime et régneront dans la terreur.

En tout état de cause, plus qu’hier, les insurgés libyens ont aujourd’hui besoin de soutiens multiformes pour faire abdiquer Kadhafi, eux qui brillent depuis le début de la guerre par leur impréparation et leur inorganisation. L’heure n’est donc plus aux atermoiements quant à une implication réelle de l’OTAN dans le combat contre celui qui ignore délibérément les convenances. Rien ne prouve d’ailleurs que les insurgés ne sont pas au bout du rouleau, eux qui demandent à leur tour, à Kadhafi, un cessez-le-feu.

Les deux forces antagoniques sont en tout cas asymétriques et la furie atrabilaire du "guide" est à son faîte. Dès lors, par peur ou par crainte du ridicule, les Occidentaux doivent impérativement revoir le mandat actuel de la coalition internationale. C’est peut-être la solution de l’aide aux insurgés en termes de formation et d’équipements, qui va être envisagée. Autrement, Kadhafi sortira de cette guerre, armé encore plus d’une haine vengeresse aux conséquences imprévisibles.

Boulkindi COULDIATI

Le Pays

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