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Tertius sur la situation nationale : Bon diagnostic, reste maintenant le remède

Publié le lundi 21 mars 2011 à 00h56min

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Toute crise a ceci de formidable : en plus de constituer une opportunité (encore faut-il vouloir la saisir) pour opérer des réformes qualitatives, elle révèle à la société le niveau du sens de la responsabilité de ses dirigeants. Celle consécutive à la mort, dans des circonstances non encore élucidées, de l’élève Justin Zongo, le dimanche 20 février 2011, charrie son lot de révélations.

Nous n’en retiendrons que deux dans les lignes qui suivent : le réalisme (tardif ?) du Premier ministre, Tertius Zongo, et les faux-fuyants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Le premier, à l’occasion de sa Déclaration de politique générale, le jeudi 17 mars dernier à l’Hémicycle, a inévitablement évoqué la crise qui secoue actuellement tout le pays.

Au-delà de la flopée d’engagements qu’il a pris sur la suite judiciaire qui sera réservée à cette affaire, s’il y a quelque chose qui mérite d’être retenu de ce grand oral, c’est bien le diagnostic sans complaisance et empreint d’un zeste d’humilité de Tertius Zongo sur la situation présente.

Pour le chef du gouvernement, « a quelque chose malheur est bon : cette conjoncture nationale met en lumière certains dysfonctionnements de l’Etat “y compris ceux du maintien de l’ordre, les relations entre citoyens et système judiciaire” et des problèmes relatifs au développement politique et économique du Burkina Faso.

Bref, un lot de questions structurelles qu’il faut absolument résoudre » (Cf. L’ObservateurPaalga du vendredi 18 au dimanche 20 mars 2011). Certes, c’est le Premier ministre qui le dit, mais, nous croyons que c’est avec l’onction du maître de Kosyam.

Simples tranquillisants pour calmer la colère des croisés contre l’impunité ou début d’une prophylaxie des maux qui enrayent le bon fonctionnement de l’Etat ? Le proche avenir nous le dira. Et la caution de sincérité du chef du gouvernement se mesurera à l’issue et aux implications judiciaires de cette crise née de la mort de l’élève de Koudougou.

Si les deux policiers sont reconnus coupables de coups et blessures ayant entraîné mort d’homme, qu’ils soient châtiés à la hauteur de leur bavure. Mais y a-t-il que les deux flics à répondre de cette affaire ?

Sur le plan judiciaire, la conférence de presse du mardi 22 février donnée par le ministre de la Santé, Seydou Bouda, l’ex-gouverneur de la région du Centre-Ouest, Seydou Banworo, et le docteur Berthe Souly, laquelle a conclu à une mort par suite de méningite, oui, cette conférence ne serait-elle pas un travestissement délibéré de la vérité au cas où il serait prouvé que le décès est dû à des sévices corporels ?

Dans ce cas, l’ancien directeur régional de la police de Koudougou ne serait-il pas passible de poursuites judiciaires, lui qui a voulu couvrir ses éléments à la manière d’un chef de bande protégeant ses hommes de main ? Autant de questions sur lesquelles on attend de juger le PM, dont l’humilité tranche ici avec les bravades du CDP.

En effet, depuis un certain temps, le parti au pouvoir a opté de verser dans l’accusation facile, si ce n’est dans l’inquisition, contre les « ennemis intérieurs et extérieurs de notre peuple » qu’il destine au bûcher. Tenez ! Le refus d’une éventuelle modification de l’article 37 ? Un complot contre le peuple :

« N’en déplaise à celles et à ceux qui, consciemment ou inconsciemment, se mettent au service des causes étrangères aux intérêts du peuple burkinabè [sic], pour le CDP, la seule limitation possible à la modification de la Constitution est la Constitution elle-même ». C’était à l’occasion du 3e congrès extraordinaire du CDP.

La crise présente ? Encore et toujours un complot contre le pays : « Le cours actuel des événements atteste clairement à présent que des forces occultes à l’affût se sont saisies de cette situation que nous déplorons pour déstabiliser notre pays en accord avec leurs alliés extérieurs, comme le montre la comptabilité de cette maniaque pyromanie, savamment inoculée à notre jeunesse et largement financée » (Déclaration du 11 mars 2011).

On en rirait si cette théorie de la subversion n’était que l’expression de la politique du bouc émissaire, en passe d’être la marque de fabrique du parti au pouvoir ; mais lorsque la puissance publique s’en fait l’écho, comme l’attestent l’interpellation du président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré, et celle du vice-président de l’UNDD, Amadou Dabo, il y a de quoi craindre une résurgence des réflexes d’un Etat policier.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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