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FERMETURE DES UNIVERSITES : La punition collective est-elle productive ?

Publié le jeudi 17 mars 2011 à 00h23min

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L’école burkinabè est à nouveau dans une zone de turbulences. Depuis le 22 février 2010, date de la toute première manifestation des élèves de Koudougou contre la mort, survenue deux jours auparavant, d’un des leurs, Justin Zongo, dans des circonstances non encore élucidées, les cours n’ont jamais pu se dérouler convenablement. Avec la fermeture des établissements scolaires dans un premier temps durant la dernière édition du FESPACO et avec certaines mesures gouvernementales (limogeage du gouverneur du Centre-Ouest et du Directeur régional de la Police par exemple), on se disait que les cours allaient reprendre normalement le 7 mars passé.

Erreur ! Au lieu de réintégrer les salles de classe, les élèves ont plutôt investi la rue pour manifester leur mécontentement, occasionnant par endroits, des saccages ou des incendies d’édifices publics. Pour stopper net le nouveau cycle de manifestations qui se profilait, les élèves ont été envoyés prématurément en congés pour deux semaines. Au même moment, les étudiants dont l’un des syndicats, l’ANEB, commençait à donner de la voix, ont été sommés de libérer en moins de 24 heures les cités universitaires.

Le gouvernement est vraiment fâché. Congés forcés, fermeture des universités et des cités, suspension des services sociaux (restauration, logement, bourses, etc.) au profit des étudiants, sont les mesures prises par le gouvernement pour mettre fin aux manifestations spontanées et souvent violentes.

C’est parce que les élèves et les étudiants se retrouvent dans les établissements qu’ils peuvent lancer des mots d’ordre de manifestation ou de grève, se dit sans doute le gouvernement. Mais cet "isolement" momentané est-il vraiment la solution ? Il est difficile de dire à l’avance que tout redeviendra normal dans les établissements secondaires à la reprise, en fin mars. Que fera le gouvernement si jamais les manifestations en faveur de l’élève de Koudougou ou des étudiants reprenaient de plus belle ? Va-t-il céder à la pression en rouvrant les universités pour ne pas compromettre l’année académique ? Demandera-t-il aux étudiants chassés des cités de les réintégrer et de se tenir désormais tranquilles ?

En attendant que les jours à venir nous situent davantage sur ces questionnements, il y a lieu d’appeler à la retenue et au dialogue entre les différents acteurs. Le gouvernement devrait se départir des mesures prises visiblement sous l’effet de la colère, de la diabolisation et de la confrontation systématique avec certains syndicats d’élèves ou d’étudiants. Ce sont des mesures qui sont loin d’être des solutions au problème. Casser le thermomètre ne fait pas baisser la fièvre, dit-on. On dira peut-être que le gouvernement est exaspéré après avoir donné des gages de bonne volonté sans que les manifestations ne s’estompent.

C’est vrai. Mais ce n’est pas en punissant collectivement les étudiants que l’on apaisera la situation. Les exemples des années de braise, à savoir 1998, 1999 et 2000 avec la crise consécutive au drame de Sapouy, rappellent bien que la répression systématique n’est pas la meilleure solution. L’ANEB a bien survécu à la diabolisation, aux manœuvres qui visaient à retourner les étudiants contre elle. Est-il indiqué de commettre la même erreur aujourd’hui ? Aux étudiants, l’on dira qu’ils doivent eux aussi éviter le radicalisme. Se tirailler pour une calebasse, c’est la mettre en morceaux et dans une telle situation, personne ne gagne.

Par conséquent, si c’est le propre d’un syndicat de revendiquer, il ne faut pas oublier de savoir faire des concessions pour ne pas tout perdre. En somme, les autorités et les étudiants doivent mettre leur ego de côté, pour que le système éducatif sorte de cette mauvaise passe et que la paix sociale qui nous est tous chère soit toujours préservée.

Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 17 mars 2011 à 09:43, par sory En réponse à : FERMETURE DES UNIVERSITES : La punition collective est-elle productive ?

    très belle analyse M. SENI.

  • Le 17 mars 2011 à 10:47 En réponse à : FERMETURE DES UNIVERSITES : La punition collective est-elle productive ?

    Dans un pays prétendument de droit comme le Burkina, il est du devoir de l’Etat d’assurer la sécurité des personnes. Il ne doit en aucun cas se comporter en Etat voyou qui passe tout son temps à chercher les moyens de punir les populations. Je ne suis pas surpris de cette réaction ; Si vous faites une analyse rétrospective vous vous rendrez compte que notre Etat, depuis 1987, s’est toujours comporté de la sorte dès qu’il est confronté à des revendications populaires : c’est bastonnades, intimidations, répression et liquidations.
    N’en déplaise à tous ces nécrophages, ils rendront compte pour leur macabre gestion de ce pays et le peuple récupèrera tous les biens volés. Patience !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  • Le 17 mars 2011 à 13:22, par neeb99 En réponse à : FERMETURE DES UNIVERSITES : La punition collective est-elle productive ?

    bonjour, je suis tout a fait d’accord avec vous que si chacun met de l’eau dans son vin tout pourrait rentrer dans l’ordre et nous y gagnerons tous pour le bien de votre pays bravo bon article il faut qu’il soit lu par tous. bien cordialement neeb99

  • Le 17 mars 2011 à 13:45, par onemansow1 En réponse à : FERMETURE DES UNIVERSITES : La punition collective est-elle productive ?

    La balle sera dans le camp des etudiants et eleves. Sil veulent compromettre leur annee accademik ka la reouverture, ils nont oka recomencer. Si sa persite. On ferme on encore. Ken pensez vous ?

  • Le 18 mars 2011 à 01:28 En réponse à : FERMETURE DES UNIVERSITES : La punition collective est-elle productive ?

    Mon frere s8 d,accord avk tw. A la reouverture si sa persite kon ferme encore, c,est pas en cassant k justice sera rendu. rester calme et tt reviendra dans l,ordre.
    sauvons le Faso.

  • Le 18 mars 2011 à 12:38, par Moiz En réponse à : FERMETURE DES UNIVERSITES : La punition collective est-elle productive ?

    je me fond dans un rire quand je vois certains commentaire..."L’Etat doit protégé ses populations et pas se comporter en état voyou"...et qu’est ce qui est sensé faire la Population...non je rectifie...qu’est ce qui est sensé faire les étudiants...? au point ou on en est en ce moment...Etat Voyou...étudiants Gangsters...voilà çà fait 1 partout !!!

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