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SEPTIEME ART : Le cinéma burkinabè victime du FESPACO ?

Publié le lundi 7 mars 2011 à 00h38min

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Les lampions de la 22e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se sont éteints avec, comme à l’accoutumée, la cérémonie des distinctions. Le prix tant convoité, l’Etalon d’or de Yennenga, d’un fier galop, a pris la direction du Royaume chérifien. Sur son dos, l’heureux cavalier Mohamed Mouftakir. Avec Pégase, ce réalisateur est entré dans l’histoire du FESPACO par la grande porte. C’est tout à son honneur et à celui du cinéma africain, particulièrement du cinéma marocain qui tire probablement profit de son industrialisation.

Une fois de plus, Yennenga échappe aux Etalons cinéastes même si on peut se consoler de prix et mentions spéciaux glanés çà et là. Cela fait quatorze longues années d’attente. Depuis la consécration de Buud Yam en 1997, le cinéma national a pris du plomb dans les ailes, en tout cas, dans la quête de l’Etalon d’or. Certes, on est loin de penser qu’on organise le festival pour l’emporter, mais ça commence tout de même à faire long. Comme le disent si bien les Mossé, "il est très difficile d’accepter la pauvreté après avoir baigné dans l’opulence".

Capitale du cinéma africain, le Burkina a pendant longtemps été une référence au niveau de la qualité de sa production cinématographique. Mais, visiblement, ce cinéma a perdu son lustre d’antan. Aujourd’hui, la plupart des réalisateurs burkinabè terminent toujours leurs films à califourchon. Les vétérans qui avaient fait la fierté et la gloire du cinéma du pays des Hommes intègres snobent royalement les plateaux de réalisation actuellement. Peut-être ont-ils baissé les bras à cause du coût exorbitant de la réalisation d’un film qui se veut compétitif et du tarissement des financements. Les grands studios qui existaient ont dû mettre, pour une raison ou pour une autre, la clé sous le paillasson.

Les bailleurs de fonds ne se bousculent pas au portillon des réalisateurs. Entre autres raisons de ce manque d’attrait, l’absence de rentabilité des films produits. Ce qui met à nu le problème des marchés. Le thème de cette édition, "cinéma africain et marchés", est d’ailleurs très évocateur du défi que représente la distribution. Beaucoup de salles de cinéma, à travers le Burkina, si elles ne sont pas fermées, ne ressemblent qu’à de véritables déglingues. Certes, il est vrai que les nouvelles technologies ont transporté le cinéma dans les domiciles, mais il appartient aux grandes salles d’oeuvrer à avoir un minimum de convivialité pour se donner les chances d’attirer plus de spectateurs.

D’ailleurs, avec le foisonnement des vidéoclubs dans les quartiers des villes et villages, on finit par se convaincre qu’il y a bel et bien un marché assez important. Aux acteurs de développer des initiatives pour s’approprier ce marché et en tirer le meilleur parti. Pour ce faire, il y a lieu, pour les composantes du cinéma du pays, surtout les cinéastes, toutes générations confondues, de taire les querelles de mauvais aloi et de se donner la main avec sincérité. Ils sont nombreux à ne se battre que pour juste être au prochain FESPACO. Ce faisant, ils ne prennent pas vraiment le temps de bien peaufiner leurs oeuvres.

De même, entre deux éditions, il n’y a pas de véritables réflexions menées pour permettre au cinéma national d’émerger ou au moins, de se maintenir. On est tellement obnubilé par ce rendez-vous qu’on ne se donne pas le temps d’une réflexion à long terme. En cela, le cinéma burkinabè semble victime du FESPACO, du moins de l’idée que les gens se font de ce festival. L’espoir pourrait venir des jeunes pousses qui sortent de l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS). Mais, une chose est sûre : le cinéma du Burkina doit s’industrialiser. Et pour ce faire, l’autorité politique doit redoubler de volonté et d’engagement à travers des mesures hardies. Cela pourra aider les différents maillons de la chaîne à bien s’imbriquer pour que quantitativement et qualitativement, tout puisse tourner correctement.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

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