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Lutte contre la corruption : Convaincre l’opinion publique de la nécessité du combat

Publié le vendredi 24 septembre 2004 à 05h32min

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La Composante d’appui au secteur privé intervenant dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement (CASPEA) a organisé un forum-débat sur la corruption, dans la salle de conférences de la Direction générale des routes (DGR). C’était le 23 septembre 2004, à Ouagadougou.

Informer et convaincre chaque acteur par des illustrations de cas concrets de la réalité ou de l’ampleur du phénomène de la corruption, notamment dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement ; permettre aux différents partenaires et acteurs de reconnaître le partage de responsabilité, mais aussi d’en appréhender les limites objectives, faire connaître les réalités de l’environnement juridique actuel (la législation, les applications, les recours, les autres textes existant : tels ont été les objectifs spécifiques du forum-débat.

En effet, la corruption est présente dans tous les domaines mais "elle se ressent de manière assurément très forte dans celui de l’eau potable et de l’assainissement à cause de l’envergure des travaux, le nombre et la diversité des ressources humaines impliquées, la taille des marchés publics proposés, l’ampleur des investissements, équipements, service etc’’, a expliqué la secrétaire exécutive du CASPEA, Mme Alarba Liehoun. Pour elle, l’existence de la corruption est admise par des acteurs des secteurs public et privé.

La plupart, pour ne pas dire tous, se sont au moins une fois retrouvés soit en position de "victimes’’, soit en position de "corrupteurs’’ ou alors dans celle de "corrompus’’. De l’avis de Mme Liehoun, ce forum- débat sur le sujet contribuera à nourrir la réflexion permettant de tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences désastreuses de ce fléau sur la compétitivité qualitative dans les secteurs économiques du pays et partant de là, dans celui spécifique de l’eau potable et de l’assainissement.

Le président de la commission paritaire du CASPEA, M. Thomas Bagré abonde dans le même sens : "seuls des débats francs, sans tabous, permettant sans aucun doute de déterminer les méfaits de la corruption... ainsi des remèdes seront trouvés, du moins, je l’espère pour remédier aux impacts négatifs de la corruption’’. Le président de la commission paritaire souhaite qu’à l’issue de ce forum-débat, les différents acteurs puissent convaincre l’opinion nationale et les partenaires au développement de la détermination à combattre la corruption et à atteindre la bonne gouvernance.

Les principales causes de la corruption

Au cours de ses travaux (la Commission paritaire, composée des professionnels du domaine de l’eau et de l’assainissement, puis des entrepreneurs, bureaux d’étude et ONG) a pu identifier les faiblesses et les difficultés du secteur et en relever les principales causes. Entre autres, l’inadaptation des conditions de passation des marchés publics, la méconnaissance des procédures de passations desdits marchés, la mauvaise information sur les marchés publics, la non maîtrise des techniques des gros marchés, le manque de transparence dans l’attribution des marchés publics, la non application des textes, la capacité limitée de maîtrise d’ouvrage des collectivités locales, le non respect des délais d’exécution des marchés publics. Ces faiblesses sont essentiellement liées à la méconnaissance des textes régissant les domaines des marchés publics, mais également au phénomène de la corruption qu’elles engendrent parfois ou alors auquel elles aboutissent.

L’ampleur de la corruption dans les passations des marchés publics

"Si tu les fais manger, les marchés viennent te trouver’’. Ces propos d’un entrepreneur burkinabè en bâtiment sont suggestifs des nombreux pactes de corruption dans les attributions des marchés publics. Fraudes, détournements, pots-de-vin sont autant d’anomalies qu’on rencontre, de la conception à la réalisation des marchés et que des acteurs se plaisent souvent à dénoncer.

Selon un sondage d’opinion réalisé par le REN-LAC en 2000, le secteur des marchés publics a été classé 5e parmi les secteurs les plus corrompus de la vie économique et sociale du Burkina. Au sondage 2001, il a négativement évolué, occupant le 3e rang des secteurs les plus corrompus. En 2002, ce secteur a connu une légère regression en se classant au 4e rang. Mais comme le dit le dicton "chasser le naturel, il revient au galop’’ . En 2003 les marchés publics se hissent au second rang des secteurs les plus corrompus.

Le débat-forum qui a duré toute une journée, a permis aux différents acteurs intervenant dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement de s’exprimer de façon sereine et de recevoir les informations capitales sur la lutte contre la corruption au Burkina, grâce au RENLAC qui a animé en partie le débat. Bien plus, chaque participant a pu mesurer les dimensions de sa responsabilité dans l’instauration ou la survie du phénomène de la corruption.

Aimée Florentine KABORE (kaborette@yahoo.fr)
Sidwaya

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