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« En attendant le vote… » : Missa Hébié était-il un visionnaire ?

Publié le jeudi 3 mars 2011 à 01h07min

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Un film dont le message tombe à pic. « En attendant le vote… » du réalisateur burkinabè Missa Hébié. Le film nous plonge dans l’actualité politique brulante du continent africain. La crise ivoirienne, les révolutions au Maghreb… quasiment toutes transparaissent. C’est à croire que le film a été tourné pour la circonstance. Pourtant, l’idée est vieille de 7 ans et le réalisateur y travaille depuis lors, sans savoir que l’Afrique vivrait une situation pareille au moment de sa sortie. Missa Hébié, le visionnaire ? Ça y ressemble. Mais, là ne réside pas sa préoccupation, mais plutôt que « le film soit vu un peu partout en Afrique par le maximum de gens pour porter notre message », précise-t-il.

Par la bénédiction des chasseurs Dozos, Koyaka, un ancien combattant, accède au pouvoir par un coup d’Etat. Il y instaure une dictature des plus féroces, fomentant des coups pour éliminer ses adversaires, anciens amis. Après 21 ans de pouvoir sans partage, la vérité finit par rattraper le mensonge. La volonté du peuple triomphe. Il est renversé à son tour. Pour installer une démocratie vraie cette fois-ci.

Faut-il le rappeler, Missa Hébié s’est inspiré du livre très critique de Ahmadou Kourouma, « En attendant le vote des bêtes sauvages ». Une véritable satire qu’il assume. « Je n’indexe personne, j’ai fait un film pour l’Afrique et non pour un pays quelconque ». Au public de juger comme il le voudra.

Dans ce film, le réalisateur a essayé d’allier modernisme et tradition. Un pouvoir dirigé en réalité par la force occulte des Dozos avec une bonne pincée de versets du Saint Coran pour assouvir la soif du maréchal Koyaka qui, malgré tout, tombera après 21 ans de dictature. Car la vérité finit toujours par triompher du mensonge ». Ahmadou Kourouma a été un très grand traditionnaliste et « je crois que je lui ai fait honneur et depuis là haut où il me regarde, j’espère qu’il va aimer ce que j’ai fait et me pardonner si j’ai des erreurs ».

Comme en 2009 avec son film « le fauteuil », Missa Hébié a eu du mal à boucler le budget du présent film. Sur une prévision de 1 200 000 euros, il fut obligé de se contenter du quart à peine de ce montant. Mais, l’essentiel est là. Le film est présent au FESPACO. Au jury d’apprécier et aux cinéphiles de savourer.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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