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Sarah Bouyain, réalisatrice de « Notre étrangère » : « Franchement, je ne suis pas accrochée à la compétition »

Publié le mardi 1er mars 2011 à 01h24min

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Quatre semaines de tournage dans des conditions jugées bonnes en France et au Burkina Faso. Au finish, un long métrage de 82 mn où Sarah Bouyain, la seule femme en compétition pour l’étalon de Yennéga, nous transporte dans un voyage entre Paris et Bobo-Dioulasso où s’égarent une mère et sa fille. Perte ou confusion d’appartenance familiale, Ami et sa mère Mariam vivront dans une détresse déstabilisatrice.

« Notre étrangère » retrace la trajectoire de deux femmes, une en France et l’autre au Burkina. Venue retrouvée sa mère aux pays des hommes intègres, Ami laisse sans le savoir celle-ci en France. De retour à Bobo-Dioulasso qu’elle a quitté depuis l’âge de huit ans, sa tante qui l’avait élevé peine à la reconnaitre. Ami ne parle plus Dioula, sa langue maternelle et sa tante n’ayant jamais mis les pieds à l’école ne peut comprendre le Français. La communication se fait donc par le langage des signes et l’appui d’une interprète, Kadiatou la servante. Et quelle traduction ? Tout comme sa fille, Mariam se trouve dans la même angoisse à Paris.

Les retrouvailles sont difficiles, chacune vivant quasiment dans les mêmes peines. Chacune se sentant étrangère de part et d’autre. Le sentiment d’appartenance est mal accepté. Le lien entre mère et fille mis à rude épreuve. Le film se termine tout de même sur une note d’espoir où Ami parvient à obtenir les nouvelles de la présence de sa mère en France. Sans autre précision. La rencontre se fera-t-elle ? Si oui, où et comment ? Le cinéphile méditera sur ces questions.
Cette problématique de perte d’identité a été abordée par plusieurs réalisateurs mais c’est véritablement la première fois qu’elle est traitée sous l’angle de la femme.

Beaucoup de gens s’y reconnaîtront sans doute. « Si ce n’est pas leur propre histoire, c’est l’histoire d’une copine, d’une tante, d’une petite sœur », estime la réalisatrice Sarah Bouhain elle-même métisse, de père burkinabè et de mère française. Ce film est aussi une partie de sa propre histoire.

Loin d’être spectaculaire, ce film relate une réalité vécue au quotidien par des milliers de personnes. Ce film à message suscite donc des interrogations d’appartenance sociale. Et Sarah « laisse le spectateur apprécier et s’approprier le film ».

« Notre étrangère » est certes en compétition, mais le fait d’avoir été sélectionné est déjà une victoire pour Sarah Bouyain. Son souhait, c’est de remplir les salles. « C’est la plus grande récompense du cinéaste », précise-t-elle avant d’ajouter : « si on me donne l’étalon, je serai heureuse mais franchement, si on ne me le donne pas je ne serai pas déçu ». « Je ne suis pas accrochée à la compétition », ajoute-t-elle.

Blandine Yaméogo, la chorégraphe burkinabè a su incarner le rôle de l’actrice principale. Elle se positionne ainsi comme une candidate sérieuse au prix de la meilleure interprétation féminine. Mais, ceci est du ressort du jury.

Sarah Bouyain réalise ainsi son premier long métrage après avoir fait ses armes auprès d’Idrissa Ouédraogo, Luc Besson et Henri Duparc en tant qu’assistante caméra avant de co-réaliser le making off de « Kini et Adams » d’Idrissa Ouédraogo en 1997. En 2000, elle s’essaie au documentaire avec « les enfants du Blancs », puis elle publie en 2003 son recueil de nouvelles « Métisse façon ». Notre étrangère n’est donc qu’une suite logique de ses œuvres antérieures.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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