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DECES D’UN ELEVE A KOUDOUGOU : Le gouvernorat et 12 véhicules incendiés

Publié le jeudi 24 février 2011 à 02h31min

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Koudougou est le théâtre de violents affrontements depuis le 22 février 2011 entre les forces de l’ordre et élèves des établissements scolaires de Koudougou suite au décès de leur camarade, Justin Zongo. Les manifestations se sont poursuivies hier 23 février et ont été marquées par l’incendie du gouvernorat du Centre-Ouest et de 12 véhicules qui s’y trouvaient. Deux manifestants ont succombé à leurs blessures et on note deux blessés graves du côté des forces de l’ordre.

Depuis le mardi 22 février, premier jour des manifestations, le bilan des blessés et celui des dégâts matériel enregistrés sont lourds. Des secouristes volontaires transportent des blessés à l’hôpital à moto. Du CHR de Koudougou, certains blessés occupent un lit à deux, faute de places. Les urgences chirurgicales sont débordées. Le 23 février aux environs de 13 h, les manifestants ont mis le feu au gouvernorat. Douze véhicules qui s’y trouvaient ont été réduits en ferraille. Dans la soirée d’hier et aux dernières nouvelles, deux manifestants ont succombé à leurs blessures et du côté des forces de l’ordre, deux blessés graves.

Outre la vérité sur la mort de l’élève, les manifestants exigent le départ du gouverneur et la libération de leurs camarades arrêtés. Des boutiques et des magasins de commerçants incendiés par l’effet du gaz lacrymogène ont mis la population en colère qui s’est aussi mise de la partie. Depuis le début des manifestations, l’activité économique est réduite à Koudougou avec la fermeture du marché central. Même la cathédrale de Koudougou a été le théâtre d’affrontements. Chose inédite, certains manifestants sont parvenus à retirer le matériel de protection des agents de sécurité.

Les autorités face à la presse

Les événements ont été au centre d’un point de presse animé dans l’après-midi du 22 février par les autorités. Au cours de celui-ci, il est ressorti que Justin Zongo est mort de méningite et non de coups et blessures de la police. Selon les explications du procureur du Faso près le TGI de Koudougou, Jean Prosper Silga, au point de presse, Justin Zongo est passé au parquet le 18 janvier 2011 pour porter plainte contre un élément de la police qui l’aurait violenté. Après une prise de contact avec le Directeur régional (DR) de la Police, il est ressorti que Justin Zongo faisait l’objet d’une plainte de la part d’une élève de son établissement pour des faits de coups et blessures volontaires.

Après audition des mis en cause, poursuit le procureur, des conseils leur ont été donnés afin de soigner l’image des forces de sécurité. Un consensus trouvé a permis de libérer les agents de sécurité accusés et le défunt, Justin Zongo. Selon toujours le procureur, Justin Zongo est revenu au parquet le 20 janvier pour l’informer que la police l’a frappé quand elle est venue l’interpeller dans son établissement pour la signature du procès-verbal dressé au commissariat. A la question de savoir s’il a des témoins pour confirmer sa déclaration, il a donné un certain nombre de noms. Et le procureur de poursuivre : "Je lui ai alors recommandé d’aller se faire soigner avant de revenir plus tard avec un certificat médical. Personnellement, j’allais procéder à l’audition de la mise en cause et une suite serait donnée à sa plainte.

Admis plusieurs fois à l’hôpital

Depuis le 20 janvier, je n’ai plus eu de contact avec lui et le parquet n’a plus eu de nouvelles de Justin. C’est le 21 février que j’ai reçu à mon secrétariat un écrit émanant de la fondatrice de l’établissement Guesta Kaboré qui m’informait du décès de ce dernier et que cette mort serait liée aux coups reçus au commissariat de police. Un coup de fil à la direction régionale de la Police m’a permis d’échanger avec le premier responsable. Le procès-verbal relatif à la fille Ami Zongo était en voie d’achèvement et j’ai demandé au DR de nous rassembler davantage d’informations sur les circonstances qui entourent ce décès.

C’est ainsi qu’il est revenu que le défunt a été admis à l’hôpital de l’Amitié de Koudougou. Une réquisition a été adressée au CHR de Koudougou afin d’obtenir un certificat médical ou, à défaut, un rapport circonstancié sur les conditions dans lesquelles il a été admis à l’hôpital et sur les circonstances de son décès. C’est ainsi que les médecins traitants du patient ont établi leur rapport médical par étape. Il ressort que Justin Zongo a d’abord été admis au CHR le 12 février 2011 après avoir été référé par le CSPS de Ralo pour vomissement, diarrhée et fièvre.

Un cas de paludisme aigu a été diagnostiqué et un traitement adéquat lui a été prescrit. Du service des urgences, il a été transféré en médecine générale le 13 février et le patient s’est évadé le même jour. Ensuite, il a été réadmis le 17 février aux urgences médicales après avoir été référé de nouveau par le même CSPS avec les mêmes symptômes, aggravés cette fois. Une ponction lombaire a révélé une hypothèse de méningite. Le protocole national établi par ce cas de figure a été mis en branle et des médicaments nécessaires lui ont été donnés. Malheureusement, l’état du patient n’a pas évolué favorablement et il est décédé le 20 février". Ces informations ont été confirmées par le personnel soignant du défunt au cours du point de presse.

Il s’agit, notamment du docteur Berthe Souly, médecin-chef des urgences médicales du CHR de Koudougou. Mais pour les manifestants, la cause de la mort est tout autre.

Placide ZOUNGRANA

Le Pays

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