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Escroquée à la SN–SOSUCO : 52 millions de francs de sucre ont fondu

Publié le lundi 14 février 2011 à 01h16min

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La somme de cinquante deux millions (52 000 000) de francs CFA de sucre, équivalent à 80 tonnes, c’est la somme escroquée à la Nationale du sucre en décembre dernier. C’est, malheureusement, la révélation faite sur la gestion de l’entreprise à l’Inspection régionale du travail des Cascades à travers une plainte exprimée par l’un des cadres récemment licencié. Pour ce dernier, cela constitue le non-dit de son licenciement.

Au-delà de cette affaire qui fait grand bruit dans le milieu des travailleurs, avec des licenciements en un tour de bras, la SOSUCO est en train d’opérer une compression d’effectif qui ne dit pas son nom.

Dans une plainte adressée au Directeur régional du travail des Cascades le 7 févier 2011 suite à son licenciement, M. Sogodogo Mamadou, responsable administratif des ventes, licencié le 4 février dernier, s’estime abusivement licencié après avoir refusé de signer un protocole d’accord de départ à l’amiable comme certains l’ont déjà fait.

Très remonté, ce dernier révèle une affaire d’escroquerie de sucre, selon sa plainte transmise au Directeur régional du travail. Selon cette plainte, le responsable marketing aurait prospecté un client Malien du nom de Coulibaly Moussa pour l’achat de sucre ; la condition financière étant le paiement par traite avalisée par une banque burkinabè.

Le 22 décembre 2010, le client aurait fait parvenir la traite avalisée par la Banque régionale de solidarité (BRS/Burkina). M. Sogodogo, en autorisation d’absence à cette période (du 20 au 22 décembre 2010) revient trouver une procédure en cour concernant la vente de 80 tonnes de sucre.

Son directeur général est même insatisfait de la lenteur des formalités et la procédure est poursuivie par la victime en vue d’une diligence dans le chargement des deux camions le 24 décembre 2010.

Mais, coup de théâtre, le 28 décembre 2010, le directeur financier se rend compte que l’aval de la traite n’est pas reconnu par la BRS et il entre en contact avec le client qui dit être à Ouaga. Une mission est dépêchée à la capitale sans succès. Pendant ce temps, Coulibaly Moussa est en train d’écouler tranquillement son sucre dans la capitale économique, Bobo-Dioulasso.

Une plainte à la gendarmerie permet de remonter les traces des camions à Bobo mais le constat est amer pour la SOSUCO : le sucre a été vendu à Bobo et l’auteur de cette escroquerie se nomme Kaba Demba et non Coulibaly Moussa. Environ 5 tonnes de sucre auraient été saisies dans le magasin et l’escroc a eu le temps d’envoyer son argent par Western Union au Mali avant de disparaître.

S’il est toujours recherché, la victime Sogodogo soutient que cette transaction a été permise par ses supérieurs hiérarchiques au détriment même de la procédure du groupe IPS qui veut que toute sortie de sucre pour vente fasse l’objet de facture ou d’un bordereau de livraison signé par le directeur général après qu’il a vérifié l’effectivité du versement dans le compte de la SN-SOSUCO ou qu’il a vérifié auprès de la banque, la crédibilité du moyen de paiement.

Ainsi, le DG a autorisé l’exportation alors que le groupe IPS a dit que le seul client de la SN-SOSUCO est la Société de distribution de sucre (SODISUCRE). « Cette affaire est un os resté à la gorge des deux (le DG et le directeur financier) et il fallait trouver un bouc émissaire à licencier et taire l’affaire à la Gendarmerie à mon avis », conclut le plaignant qui demande à l’Inspection du travail l’annulation de son licenciement et sa réintégration à la SN–SOSUCO.

Depuis le déclenchement de la crise, trois litiges pour licenciement abusif auraient été portés devant l’Inspection du travail de Banfora, a indiqué le directeur régional. A force de licencier à tour de bras, les travailleurs sont depuis lors convaincus d’une chose : la compression du personnel déguisée sous forme de départs négociés et « tous les coups sont donc permis », précise le collectif des syndicats de la SN–SOSUCO dans une interpellation sur la détérioration du climat social adressée au Directeur régional du Travail et de la Sécurité sociale des Cascades le 19 janvier 2010.

En effet, disent-ils, le plan social que Didier Vandenbon disait avoir abandonné s’est transformé en un plan de départs négociés. La procédure est toute simple : « Demande d’explication ou de point des activités du travail visé ; convocation portant sur l’article 97 du Code du travail relative à la cessation des relations de travail ; propositions de départ négocié accompagnées de toutes les formes d’intimidations possibles », précise le collectif des syndicats.

« En réalité, il ne s’agit que d’un folklore, car lorsqu’on est dans la ligne du M. Vadenbon, aucune explication ne peut vous sortir du pétrin. Les travailleurs sont donc poussés à la sortie sur du faux », soutiennent les organisations syndicales.

Depuis le 1er janvier 2009, environ 88 départs de travailleurs de la SN-SOSUCO ont été notés, cela, pour diverses raisons. En effet, dans une liste dressée par les syndicats, ont été enregistrés 12 démissions, 26 licenciements, 19 départs forcés à la retraite, 12 abandons de poste, 17 protocoles d’accord, et certains sont sous des menaces de licenciement. Dès lors, le climat ne pouvait que se détériorer avec une certaine hantise légitime des travailleurs.

Pourtant, l’un des points ayant favorisé la reprise de la SOSUCO par le groupe IPS en 1998, c’est le fait que les travailleurs se souviennent de la promesse de garder tout l’effectif du personnel. Une donne qui, visiblement, est en train d’être bafouée, de l’avis des travailleurs, surtout que dans certains milieux ils apprennent qu’il y a trop de cadres à la SN–SOSUCO, avis imputé à la direction.

Le Conseil national du patronat burkinabè, chargé de présider le comité de médiation et qui se doit d’écouter les acteurs de la crise à la SOSUCO en vue de faire de sérieuses recommandations dans 2 mois, n’aura sans doute pas la tâche facile, vu que les travailleurs, dans leur plate-forme revendicative, exigent en 4e point, l’arrêt du plan de compression du personnel déguisé sous la forme de départs négociés, et la réhabilitation des victimes de ce plan.

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 février 2011 à 12:00, par mackiavel En réponse à : Escroquée à la SN–SOSUCO : 52 millions de francs de sucre ont fondu

    C’est vrai que la SN-SOSUCO est une entreprise et non une association et à ce titre, elle doit faire des bénéfices. Mais quand on serre sur le personnel et qu’on est responsable d’une si mauvaise gestion (imprudence ou complicité interne) c’est à prendre au sérieux. Qui est ce Baka Diawara ? alias Mamadou je ne sais quoi ? Il faut creuser cette piste pour trouver les complicités intérieures. De même, même si l’argent est envoyée par western union, c’est au nom de quelqu’un et par quelqu’un. Que fait l’Interpol dans cette situation ? Il faut prendre attache avec les autorités maliennes en transmettant toutes les infos relatives aux personnes impliquées. En 72 heures, c’est réglé.

  • Le 14 février 2011 à 13:25 En réponse à : Escroquée à la SN–SOSUCO : 52 millions de francs de sucre ont fondu

    Il est temps que les autorités prennent leurs responsabilités pour retirer des mains de la mafia cette entreprise avant qu’il ne soit trop tard.

  • Le 14 février 2011 à 18:20 En réponse à : Escroquée à la SN–SOSUCO : 52 millions de francs de sucre ont fondu

    il faut gratter encore ya plus serieux que ça. Ces toubabs sont la cause de nos malheurs. gouvernement au boulot

  • Le 27 février 2011 à 17:04, par Tchanhy En réponse à : Escroquée à la SN–SOSUCO : 52 millions de francs de sucre ont fondu

    Je suis indigné de voir que la terre de nos ancètres soit exploitée à produire du sucre dont des expatriés s’en enrichissent. Nous produisons du sucre et payons chèr pour acheter ce mème sucre et pendant ce temps de vrais voyous comme ce monsieur, étranger de surcroit vient narguer toute uune équipe dirigeante d’une entreprise. Il faut que cela cesse. A défaut que l’on retrocède à nos vaillants et laborieux paysans de la Comoé leurs terres. Nous y gagnerons tous.

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