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FLAMBEE DES PRIX : Mieux vaut prévenir que guérir

Publié le jeudi 10 février 2011 à 02h06min

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Qui ne se souvient pas des émeutes de la faim ? En 2008, les rues des capitales africaines ont vu affluer des foules de personnes pour dénoncer la vie chère et revendiquer auprès de leurs gouvernants des actions énergiques pour atténuer ou réguler la hausse des prix des produits de première nécessité insupportable à leurs yeux. Les revenus des ménages n’arrivaient plus à faire face aux dépenses courantes, notamment se nourrir à suffisance et se vêtir.

Les cours du pétrole, la sécheresse dans les grands pays producteurs de céréales et le développement des biocarburants ont servi de prétexte pour expliquer la flambée vertigineuse des prix, d’où des crises sociales. Deux ans après, quelques signaux alarmants font craindre non pas de nouvelles émeutes, quoiqu’en la matière on ne peut préjuger de rien, mais d’une tendance haussière des prix des produits de base. Un pays comme l’Algérie a déjà pris les devants en subventionnant certains produits essentiels.

Il vaut mieux prévenir que guérir, dit-on. Avec la révolution du jasmin qui retentit à leurs portes, les autorités de ce pays veulent couper l’herbe sous le pied de ceux qui seraient tentés de répondre aux sirènes de la révolution en cours dans les pays de l’Afrique du Nord. C’est d’ailleurs tout à leur honneur. Le Sénégal qui entre dans une précampagne présidentielle a également anticipé en prenant quelques mesures préventives. Les autres pays, quant à eux, attendent. S’ils comptent sur l’inertie et la soumission des populations pour passer ce cap, ils pourraient s’en mordre un jour les doigts. Ce temps- là semble révolu avec cette nouvelle forme de redevabilité qui consiste pour le peuple, pas une partie du peuple, de sortir dans la rue pour exiger la prise en compte de ses aspirations légitimes et élémentaires.

Finalement, après 50 ans, on en est encore là. Une bonne partie des pays africains n’a pas encore résolu l’équation suivante : pain + liberté = stabilité + développement. Sur six milliards de bouches à nourrir dans le monde, une grande partie du milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim, est logée en Afrique. Les politiques agricoles et économiques n’ont pas encore permis de garantir les trois repas journaliers à chaque citoyen. Et selon la FAO, il faut produire plus pour combler le gap alimentaire. Cela passe par un investissement massif dans l’agriculture, toute chose qui tarde à se concrétiser.

Le continent paie, en ces temps difficiles, sa propension pendant des années à vouloir des excédents alimentaires des pays riches. Maintenant que l’on ne peut plus vivre des restes des autres, il faut bien s’assumer. C’est ainsi qu’ils ont désarticulé l’agriculture africaine incapable aujourd’hui d’assurer sa première fonction, celle d’une agriculture vivrière suffisante. Deux défis se posent aujourd’hui aux dirigeants africains : trouver un mécanisme pour stabiliser les prix des produits de première nécessité de façon durable et trouver de l’argent pour améliorer rapidement les performances du secteur productif. Le slogan "Produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons" remis au goût du jour par les organisations paysannes est révélateur d’un changement de mentalité en cours chez les Africains.

Des tentatives de soutien à la production qu’il faut renforcer et généraliser émergent çà et là. C’est l’un des principaux engagements pris à l’issue des émeutes de la faim. Il reste à le traduire en actes concrets. Aux dirigeants de sortir le grand jeu en libérant leur génie créateur pour assurer la sécurité ou la souveraineté alimentaire à leur peuple. Sinon, à l’allure où vont les choses, le risque est réel de voir à nouveau des affamés donner de la voix.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 10 février 2011 à 08:35, par Les Burkindi Burkina En réponse à : FLAMBEE DES PRIX : Mieux vaut prévenir que guérir

    Nous sommes nombreux les internautes qui se sont exprimés ouvertement contre la modification de l’article 37 du Burkina. Nous etudiants apoltiques vous prions de rejoindre sur facebook les burkindi burkina pour la poursuite de cette lutte.
    Ensemble nous sommes plus forts

  • Le 11 février 2011 à 11:24, par le phoenix En réponse à : FLAMBEE DES PRIX : Mieux vaut prévenir que guérir

    reflexion très juste, malheureusement nos dirigeants asphixiés par la luxure ne voient la souffrance du peuple.
    Ils se trompent car le peuple saura retablir la justice populaire et l’égalité.

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