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Meurtre de Jean Hélène : qui veut retourner le sergent SERY ?

Publié le jeudi 20 novembre 2003 à 12h31min

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Jean Hélène, c’était ce journaliste de Radio France international (RFI) dont les reportages dans certaines zones de conflit, notamment en Afrique, ne laissaient personne indifférent.

En effet, le 27 octobre 2003 à Abidjan, alors qu’il attendait à proximité de la police la libération de militants du parti d’Alassane Dramane Ouattara pour les interviewer, il sera abattu par le sergent de police Théodore Sery Dago. Après son forfait, notre cow-boy d’une soirée n’a pas caché sa fierté d’avoir zigouillé notre confrère.

Inculpé de meurtre et incarcéré à la Maison d’arrêt militaire d’Abidjan (MAMA), Dago, qui avait à l’époque avoué les faits, vient contre toute attente de se rétracter en arguant que le coup mortel n’est pas parti de son arme, en dépit de l’expertise balistique révélant sa pleine responsabilité dans l’assassinat du journaliste. Ce revirement à 180e se passe au moment où le procureur du parquet de Paris, Yves Bot, et le juge d’instruction français Eric Ramael procédaient le 18 novembre 2003 à la reconstitution des faits sur les lieux du meurtre.

Quel zigoto, serait-on tenté de dire quand on sait que l’homme qu’on dit bien portant n’a pas eu d’autres astuces que de vouloir rouler, lui aussi, les enquêteurs dans la farine. Tout laisse à croire qu’il a été également infecté par le syndrome du boulanger. Et que dire encore de l’entrée en scène de la quarantaine de manifestants venus pendant la reconstitution des faits le soutenir en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autres : « Jean Hélène est mort et puis quoi ? », « Un mort est un mort », « A bat (sic) Chirac et Jean Hélène, les terroristes ! », « C’est Chirac qui a tué Jean Hélène », « Pas de reconstitution valable sans le corps de Jean Hélène ».

A voir ses pancartes incendiaires et la déclaration de Me Charles Kignima, avocat de l’inculpé, dans un entretien accordé à « Soir Info », on n’a pas besoin d’être un devin pour comprendre que ce dernier utilise la rue pour défendre son client, plaider très favorablement sa cause, en attendant véritablement un éventuel procès. Et en « bon patriote », il a même été identifié parmi les manifestants qui ont entouré un petit groupe de journalistes de médias internationaux pour proférer des injures et des slogans anti-français, les empêchant de surcroît de rester dans le périmètre de sécurité mis en place par les policiers mardi 18 novembre dernier en cours de soirée pour ladite reconstitution de l’assassinat.

C’est à se demander donc ce que veulent réellement Gbagbo et les siens. Alors que son ministre de l’Intérieur interdit les marches et autres manifestations, on donne carte blanche aux patriotes enragés et aveuglés par les démons de la haine de défier le bon sens.

Jusque-là, elles sont nombreuses les initiatives pour sauver le pays d’Houphouët et qui se sont terminées desinit in piscem.
Marcoussis est bel et bien boudé par Gbagbo et ses lieutenants, mais c’est pourtant par là que passe la solution de la crise en Côte d’Ivoire.
N’en déplaise à Mamadou Koulibaly.

Cyr Payim Ouédraogo
L’Observateur

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