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Panel des chefs d’Etat sur la crise ivoirienne : « Il faut laisser le travail se faire et on verra » (Henri De Raincourt, ministre français de la Coopération)

Publié le mercredi 9 février 2011 à 01h31min

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Henri De Raincourt, le ministre français de la Coopération, a été reçu en audience par Blaise Compaoré au palais présidentiel de Kosyam le 8 février 2011. Tout naturellement, la situation ivoirienne faisait partie des points, au menu de leurs échanges. A la presse, l’émissaire français a soutenu que la position de son pays est constante : pas d’ingérence et pas d’indifférence. Il a en outre estimé que le panel des chefs d’Etat était une chance pour la Côte d’Ivoire. Nous vous proposons la retranscription de certaines déclarations du ministre à sa sortie d’audience.

Monsieur le ministre, est-ce que la crise ivoirienne était également au menu de vos échanges avec le président Compaoré ?

• Nous avons aussi évoqué la situation en Côte d’Ivoire. Après la réunion récente de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba au cours de laquelle, après déjà un certain nombre d’initiatives qui ont été prises soit par l’UA, soit par la CEDEAO, l’UA, une fois encore, à l’unanimité, a relevé quel était le résultat de l’élection en Côte d’Ivoire et a affirmé qu’il n’y avait pas la possibilité qu’il y ait deux présidents dans ce pays puisqu’il n’y en avait qu’un qui a gagné l’élection.

D’ailleurs en bonne démocratie, il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur, ça va de soi ; et que c’était monsieur Ouattara. Une réaffirmation politique très forte de la part de la communauté africaine. C’est absolument fondamental que cette réaffirmation ait été faite dans les conditions que l’on sait. C’est un point absolument déterminant.

Vous savez que l’UA a missionné 5 chefs d’Etat pour faire un travail d’approche pendant une durée d’un mois, pour voir comment on pourrait sortir de la crise. La France soutient totalement cette action et souhaite ardemment que les 5 chefs d’Etat qui ont été désignés par leurs pairs puissent, par leur travail, par leur approche, par leur contact, parvenir à dégager une issue positive pour les Ivoiriens.

Je rappelle quand même qu’au-delà des personnes et des acteurs politiques, ce qui compte, c’est la situation et l’avenir du peuple ivoirien. Et cela mérite qu’on s’y penche avec courage, ardeur, ténacité et c’est, je crois, le sens de la mission qui a été confiée aux 5 chefs d’Etat. Nous avons très largement discuté de cela. Il faut laisser le travail se faire et on verra à la fin du mois ce qu’il en est.

Guillaume Soro a déclaré qu’il était convaincu que ce panel n’allait aboutir à rien. Alors, au-delà du mois de février, quelle sera la position de la France ? Va-t-elle pencher pour une solution militaire à la crise ?

• La France a une position constante à l’égard de la Côte d’Ivoire comme des autres pays. Cette position se résume en deux mots : pas d’ingérence et pas d’indifférence. Donc, ne comptez pas sur la France pour décider à la place des Ivoiriens et/ou à la place des Africains. La France, tout simplement, a une grande ambition qui est d’être aux côtés de celles et ceux qui, jour après jour, déploient tous les efforts nécessaires pour sortir de la crise.

Pour répondre très directement à votre question, ce n’est pas la France qui, au nom de quoi d’ailleurs, et à partir de quels éléments, et quelle prétention ce serait de sa part, dira un jour, eh bien ! maintenant les diplomates rentrent chez eux et ce sont les soldats qui vont aller faire le travail. La France ne parle pas comme ça et la France n’agit pas comme ça.

La France est toujours favorable au respect de la démocratie et à la promotion de la liberté. La France, en aucune manière, ne saurait prôner la violence. Je crois d’ailleurs en la matière que le peuple ivoirien, les années passées, a déjà largement payé son tribut. Et donc par respect, par attachement à l’égard du peuple ivoirien, la France n’appelle pas et n’appellera jamais au recours à la force.

Les partisans de Gbagbo sont contre la venue de Blaise Compaoré à Abidjan. Qu’en pensez-vous et est-ce que le président du Faso, en tant que facilitateur, a bien fait d’accepter d’être membre du panel des chefs d’Etat sur la Côte d’Ivoire ?

• Il vaut mieux poser la question au président concerné plutôt qu’à moi ; je n’aurais tout de même pas l’outrecuidance de répondre à sa place. Mais il me semble de manière générale que si l’on souhaite s’en sortir, il faut que chacun fasse preuve d’un peu d’ouverture d’esprit, de respect mutuel. Il faut donc que cette mission soit composée par des chefs d’Etat qui ont peut-être, après tout c’est bien légitime, une approche qui n’est pas totalement identique par rapport à la problématique. Mais si on commence à dire je récuse un tel, je récuse un autre, comment voulez-vous qu’on avance ?

Il faut prendre cette mission dans sa globalité et considérer qu’elle est parfaitement représentative de l’unité et de la volonté africaine. Par conséquent, il faut considérer qu’elle doit être ressentie comme une chance et par là même, bien évidemment, respecter celles et ceux qui en sont membres.

Propos recueillis par San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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