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Amadou Coulibaly : La salive qui fait couler beaucoup d’encre

Publié le mercredi 22 septembre 2004 à 07h18min

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Seydou Diakité

C’est aujourd’hui 22 septembre que la délégation de la FBF et le joueur Amadou Coulibaly rentrent de Zurich. Ils y étaient pour défendre le dossier Coulibaly accusé de crachat sur un arbitre . Une accusation qui lui coûte aujourd’hui 18 mois de suspension.

Généralement, ce sont des événements qui font "couler beaucoup d’encre et de salive", mais cette fois, c’est une salive qui fait couler beaucoup d’encre. Mais aussi beaucoup d’argent et de fatigue. Retour sur les faits.

Un arbitre togolais répondant au nom de Kokou Djaouté a été désigné un certain 20 juin 2004 pour officier l’ un des matches de la 2e journée des éliminatoires cumulées CAN-Mondial’2006. Ce match opposait la République démocratique du Congo (RDC) et le Burkina Faso au stade des martyrs de Kinshasa. C’est dans ce stade des martyrs que les Etalons, ont souffert le martyr au sens propre du terme. Victimes d’une partialité incontestable, les Etalons, malgré les deux buts de Amadou Touré et de Moumouni Dagano, regagneront Ouagadougou avec la défaite (2-3). La RDC et l’arbitre Kokou venaient ainsi de remporter leur bataille.

Le public sportif burkinabè a été meurtri dans sa chair en regardant les images de ce match "historique", ramenées de Kinshasa. La FBF pose plainte auprès de la FIFA. Mais aucune réaction jusqu’à ce jour. En revanche, l’excellent maître de la partialité, Kokou Djaouté a continué son oeuvre en déposant un rapport "suicidaire" contre un talent burkinabè en herbe, Amadou Coulibaly. Sa faute ? Il aurait craché en fin de match sur l’homme qui aura déshonoré l’ arbitrage.

Conséquence, la FIFA suspend ledit joueur le 19 juillet 2004 de "toutes les compétitions officielles nationales et internationales " pour une période de 18 mois et une amende financière. En clair, Amadou Coulibaly redevient un joueur de maracana, alors qu’il venait de décrocher un contrat à Rennes, un club français de D1. Dès lors, la FBF se met debout pour défendre la cause du joueur.

Mais pourquoi le sort s’est-il abattu sur Amadou Coulibaly ? Entre l’arbitre et lui, il y a un au moins qui dit la vérité. Qu’il ait craché ou pas sur l’arbitre, ce n’ est plus en réalité cela le problème.

C’est plutôt le comportement général de certains de nos athlètes qui pose problème. Certains ont foi en leurs muscles ou en leur "mal-cause" lorsqu’ils se sentent victimes d’une quelconque injustice de l’arbitre. Parfois, ils sont encouragés par certains encadreurs et dirigeants qui, eux-mêmes, devancent l’athlète auprès de l’arbitre qui souvent, s’essaie aux 100 m pour éviter des risques inutiles.

Le joueur indiscipliné doit constamment se rappeler et se convaincre une fois pour toutes qu’il n’aura jamais raison sur un arbitre quels que soient son gabarit, sa "mal-cause" ou ses gestes méprisants. Aucun de ces comportements ne peut ramener un arbitre sur sa décision. Mais pourquoi nombre de nos joueurs arrivent-ils difficilement à intégrer ce sage comportement dans leur esprit ?

Le cas Amadou Coulibaly vient malheureusement rappeler que certaines limites de nos joueurs restent le manque de retenue. Ailleurs, des stars sont brutalisées, insultées et violentées. Mais dès qu’elles se relèvent, elles cherchent simplement à se repositionner pour poursuivre leur jeu, sans rancune. Voilà un signe de grandeur et de maturité.

Mais sous nos cieux, ces vertus sont remplacées par des injures indignes d’un adulte et surtout par des sentiments de vengeance, toute chose qui concourt à leur propre perte. Même des stars comme El Hadj Diouf du Sénégal ont écopé de sanctions pour des comportements antisportifs. Ce ne sont pas alors des joueurs "anonymes" qui seront épargnés. Il est temps que chaque joueur se ressaisisse afin de préserver sa carrière.

La FBF se démène, se dépense et dépense beaucoup pour apaiser la douleur du joueur Coulibaly, mais la FIFA reste sur sa position. Tout cela pour de la salive qui aurait pu atterrir simplement sur le gazon, témoin de la partialité de Kokou Djaouté plutôt que sur le visage de ce dernier au cas où cela est avéré.

Jamais une salive n’aura fait couler autant d’encre. Vivement que Sepp Blatter, le président de la FIFA transcende toute autre considération (on sait que le Burkina lui avait préféré Hayatou lors des élections à la FIFA) pour faire jouer sa grâce, la grâce qui permettrait à un jeune joueur africain de s’amender et de poursuivre une carrière qui s’annonçait déjà belle. C’est cela aussi le fair-play tant prôné dans le sport. Espérons qu’avec cet exemple, les joueurs seront plus respectueux, pour leur propre bonheur.

Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le Pays

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