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EGYPTE : L’Amérique lâchera-t-elle Moubarak ?

Publié le mardi 1er février 2011 à 02h31min

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Les Etats-Unis se sont-ils enfin rendu compte que Moubarak n’est pas si indispensable au point de fermer obstinément les yeux sur les revendications du peuple égyptien ? Ont-ils finalement accepté qu’il faut vite trouver quelqu’un pour remplacer Moubarak dans la lutte contre le terrorisme ? Certes, cet éventuel remplaçant ne sera pas un allié très malléable s’il succède à Moubarak dans ces circonstances, mais il sera un allié tout de même. Il sera en tout cas un dirigeant mais pas comme Hosni Moubarak.

Reste que les pays occidentaux ont leur part de responsabilité dans ce qui se passe actuellement au nord de l’Afrique, eux qui ont longtemps soutenu des régimes qui sont loin de remplir les critères démocratiques. La déclaration de la Secrétaire d’Etat, Hilary Clinton, fait donc penser qu’en préconisant un gouvernement de transition en Egypte, le pays de l’oncle Sam avoue in fine que l’actuel régime doit plier purement et simplement bagages. On ne parle de transition qu’en cas de vacance du pouvoir.

Et les transitions conduisent généralement au renouvellement des instances dirigeantes. Est-il possible que l’Amérique lâche Hosni Moubarak ? Si d’aventure cela advenait, les promesses et les propositions faites par ce dernier ne serviraient finalement pas à grand-chose. Et Hosni Moubarak se rendrait alors compte que les Occidentaux ne poursuivent que les intérêts de leur peuple. Dans les pays occidentaux, l’opinion nationale est très regardante sur l’action des dirigeants. Ce n’est pas comme en Afrique où on a un important bétail électoral. Mais cette opinion de qualité semble prendre forme en Afrique du nord. Et sur ce point, l’Egypte est en train d’emboîter le pas à la Tunisie.

La nomination d’un Premier ministre pour "promouvoir la démocratie" ne semble pas avoir séduit outre mesure les Egyptiens. Ces derniers ont sans doute raison car cette soudaine volonté de "promouvoir la démocratie" a de quoi faire sursauter désagréablement. Cela voudrait dire que le régime Moubarak a passé tout le temps à dormir, à sombrer dans la mauvaise gouvernance. Il aura fallu la révolte du peuple égyptien pour qu’il se réveille en sursaut et se rende compte qu’il lui faut faire briller le soleil de la démocratie sur la terre des Pharaons. Mais son horloge est en retard sur celle du peuple égyptien.

La légère brise de révolte née de l’immolation par le feu de ce jeune vendeur de légumes tunisien s’est muée en une irrésistible bourrasque de liberté qui déferle sur le nord de l’Afrique. Après le vent de démocratie des années 90 qui a soufflé sur l’Afrique subsaharienne, un nouveau vent de libération souffle désormais sur l’Afrique du nord. Et le continent tout entier a de fortes chances d’être touché par cette bourrasque. Dans ces conditions, les dirigeants africains, qu’ils soient du nord ou du sud, s’ils ont une lecture moyenne de ce phénomène, ne devraient plus se permettre de tordre le cou aux constitutions de leur pays pour se succéder à eux-mêmes ou pour imposer leurs rejetons ou leurs frères.

Aussi, les chefs d’Etat réfléchiront par deux fois avant d’allonger les anneaux de leur règne à la tête de leur pays. Il faudrait écouter les peuples d’Afrique du nord. Ils ont exhumé une vérité : la démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Et le pouvoir du peuple est seulement prêté aux élus. S’il est mal utilisé, le peuple le reprendra. Tôt ou tard.

Abdou ZOURE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 1er février 2011 à 14:50, par le bon citoyen En réponse à : EGYPTE : L’Amérique lâchera-t-elle Moubarak ?

    Très belle analyse, mais il ne faut pas vilipender les occidentaux qui soutiennent les dictateurs pour protéger leur peuple, ils ont prêtés serment pour ça.

    C’est à chaque peuple d’écrire son histoire et le peuple de la Tunisie et de l’Egypte doivent cette émancipation (pays émergents) aux dirigeants qu’ils sont en train de chasser. Je pense que la leçon est bien passée.

    Chez nous c’est une autre stratégie qui est utilisée.
    On affame le peuple (pas de politique en autosuffisance alimentaire), on les laisse mourir (augmentation des frais de soins sanitaire), et on les garde dans l’ignorance (augmentation des frais d’inscription à l’université).
    Tout ce mal est fait pour rester au pouvoir aussi longtemps que possible.
    Mais le jour ou ça démarrera, vous n’aurez pas affaire à un peuple qui raisonne, mais à des êtres humains affamés, moribonds et ignorants avec toutes les conséquences que vous ne pouvez imager.
    Attendons voir…..

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