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Egypte : Que nous réserve ce vendredi ?

Publié le vendredi 28 janvier 2011 à 01h48min

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que le parfum de Jasmin qui se répand sur les bords du Nil donne des insomnies aux autorités égyptiennes, en premier lieu au président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis bientôt 30 ans. En effet, si en Algérie et en Mauritanie les imitateurs de Mohamed Bouazizi, le martyr par lequel le malheur de Ben Ali est arrivé, n’ont pas suscité de grandes manifestations, tel n’est pas le cas au pays des Pharaons.

Pour la première fois dans les grandes villes, notamment au Caire, à Alexandrie, à Ismaïlia ou à Mehalla, les marrées humaines ont franchi le Rubicon en scandant “Moubarak, dégage !” “Moubarak, dehors !” et en s’attaquant aux effigies de ce dernier. En réponse, le pouvoir, tirant certainement leçon du cas tunisien, s’est pour le moment contenté de gaz lacrymogène, de canons à eau, d’arrestations par cargaisons entières dans l’espoir de contenir ce mouvement inédit.

Mais celui-ci ne désespère pas de faire subir au Raïs le sort de l’ex-dictateur de Tunis. Entre l’Egypte et la Tunisie, il ne manque pas de similitudes : Etats policiers et dictatoriaux, problèmes socio-économiques et capacité à repousser ou à contenir la poussée islamique qui leur vaut d’être considérées comme des remparts de l’extrémisme religieux.

Comme dissemblance, la Tunisie est un modèle économique reconnu par tous alors que le pays des pyramides, peuplé de 80 millions, a la moitié de sa population qui vit dans la pauvreté. Autant dire que sur les bords du Nil, le terreau est encore plus fertile à la révolution surtout qu’à la chape de plomb s’ajoutent les velléités de succession dynastiques parce que jusqu’à présent tout semble indiquer que le Raïs, à 80 ans bien révolus, voulait léguer son affaire à son fils Gamal.

Toutefois il faut reconnaître que s’il est plus facile de passer par pertes et profits le régime de Ben Ali, un départ brusque et tumultueux du Pharaon provoquerait une onde de choc extraordinaire dans tout l’espace proche et moyen-oriental, dans la mesure où le Caire est au confluent de différentes négociations israélo-palestiniennes et de toutes les turbulences qui agitent cette région parmi les plus instables au monde. C’est peu dire que d’affirmer que la cocotte-minute égyptienne est surveillée comme le lait sur le feu par la communauté internationale, principalement les Etats-Unis.

Dans ces conditions, on se demande comment va se passer la journée d’aujourd’hui, qui s’annonce assez chaude, car dans les pays arabes, quand une manifestation tombe un vendredi, le jour saint de l’islam, de grande prière et de grande prêche par excellence chez les disciples de Mohamed, la tension monte forcément d’un cran et la moindre étincelle est susceptible de mettre le feu aux poudres.

Mais quelle que soit l’issue du bras de fer actuel, que le doux parfun du jasmin qui flotte depuis quelques jours sur les bords du Nil s’évanouisse ou s’inscrive dans la durée, on peut espérer que le Raïs égyptien ne gouvernera plus comme il l’a fait jusque-là et que, peut-être, Gamal devra se résoudre à enterrer ses ambitions avant même qu’elles n’aient eu le temps d’éclore.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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