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Scission en deux de la Côte d’Ivoire : Tout sauf ça, M. Poniatowski !

Publié le mardi 25 janvier 2011 à 01h38min

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Dans quelques jours cela fera deux mois, jour pour jour, que le second tour de la présidentielle ivoirienne a eu lieu et que le pays n’a toujours pas de président. Ou plutôt si, fait rarissime dans les annales politiques internationales, il en a même deux. L’un, autoproclamé, légal et reconnu comme tel par le Conseil constitutionnel ivoirien ; l’autre, légitime, élu par les Ivoiriens mais reclus à l’hôtel du Golf avec tout son gouvernement et soutenu par la Communauté internationale. Depuis lors, les bonnes volontés n’ont cessé de chercher une porte de sortie de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire mais, jusque-là, elles n’ont rien trouvé qui ressemblerait à une clé.

Toutes les solutions ont été envisagées. Il y a eu d’abord les messages comminatoires puis les menaces proprement dites, ensuite les médiations avec un défilé de missi dominici à Abidjan et bien sûr les sanctions financières dont la dernière en date est la démission forcée du gouverneur de la BCEAO, Philippe Henry Dacoury-Tabley. Auquel s’ajoute l’ordre de suspension pour un mois des exportations de cacao lancé par Alassane Dramane Ouattara.

Que nenni ! On ne voit toujours pas le bout du tunnel. Si bien qu’il y en a même qui vont jusqu’à envisager purement et simplement un coup d’Etat militaire opéré par les Forces loyalistes en union et en accord avec les Forces nouvelles mettant dos à dos tous les vieux crabes de la scène politique ivoirienne des vingt dernières années, à savoir Bédié, Gbagbo, Ouattara, et instaurant une transition de quelques années pour préparer une relève plus saine.

Même si personne n’a encore publiquement envisagé un tel cas de figure, cela se susurre sous les manteaux. C’est dire donc qu’on a pensé à tout, sauf à une solution à la Poniatowski. Mais que propose donc Axel Poniatowski, député UMP et président de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale française ?

Eh bien, pour résoudre le problème, il propose ni plus ni moins, écoutez bien, qu’une scission en deux de la Côte d’Ivoire ! « La partition du pays est une perspective qu’aujourd’hui il ne faut plus écarter », a-t-il en effet affirmé, le dimanche 23 janvier dernier, au cours de l’entretien qu’il a accordé à RFI, TV5 Monde et au journal Le Monde.

- « Pas question ! » a, tout de suite et en substance, réagi l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France nommé par Ouattara, Ali Coulibaly.
- « Niet ! » a-t-on également répondu dans le camp Gbagbo par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alcide Djédjé.
- « Au grand jamais ! » pourraient surenchérir en chœur le reste des pays africains.

Cher M. Poniatowski, tous les moyens sont bons pour sortir de cet imbroglio postélectoral, mais pas la partition ! Il faut ne vraiment pas aimer ce pays et, partant, l’Afrique pour se résoudre à une telle issue. Ce n’est pas en tout cas en saucissonnant le pays et en donnant à chacun son morceau de peau d’éléphant que l’on résoudrait cette crise qui, quoi qu’on dise, n’est qu’un moment certes difficile, mais qui passera dans l’histoire de la Côte d’Ivoire qui en sortira Une et Indivisible.

De ce point de vue, la proposition du député français frise la provoc’, si ce n’est « une proposition indécente », pour reprendre le titre du célèbre film d’Adryan Lyne (1). Et il faut mettre M. Poniatowski et tous ceux qui pensent comme lui en garde contre cette schématisation facile à laquelle, depuis l’Occident, on résout un certain nombre de crises en Afrique : un Nord musulman contre un Sud chrétien.

L’exemple soudanais ne saurait être un syndrome extrapolable à tout le continent, car même là-bas c’est la mort dans l’âme que l’Afrique a dû se résoudre à la partition annoncée du plus grand pays du continent. Il est vrai que, dans le cas ivoirien, depuis pratiquement dix ans, le pays est divisé en 2 dans les faits.

La rébellion avortée, éclatée le 19 septembre 2002, a accouché d’un bébé siamois : une Côte d’Ivoire du Nord et une Côte d’Ivoire du Sud. Un embryon d’Etat s’est ainsi développé au Nord dans la région de Bouaké et dans lequel les Forces nouvelles prélèvent « l’impôt » et les Com-zones (commandants de zone) font office de « préfets locaux » tandis qu’au Sud, le pouvoir républicain continuait d’être assuré.

Mais personne n’a jamais osé franchir le Rubicon d’une éventuelle séparation réelle de l’Eburnie en deux. Personne avant le fils de Ponia (surnom de son père, Michel Poniatowski, tout-puissant ministre de l’Intérieur de Valéry Giscard d’Estaing) dont la proposition n’aurait pas eu la moindre importance s’il avait été le dernier des gueux et non un représentant du peuple français.

On ne peut donc s’empêcher de se demander si l’homme politique français de 59 ans n’est que la « bouche de l’âne », disant tout haut ce que les officiels pensent tout bas en Hexagone, ou s’il n’est que son propre porte-parole défendant ses propres idées. Quoi qu’il en soit, s’il y a un mérite que l’on peut toutefois reconnaître à la proposition d’Axel Poniatowski, ce serait bien celui d’avoir réussi à faire que les deux camps soient du même avis. Pour une fois !

Hyacinthe Sanou

- (1) Film sorti en 1992 avec Robert Redford et Demi Moore dans les rôles principaux. Pour la petite histoire, Diana et David Murphy, deux amoureux, chômeurs et ruinés, voient un milliardaire fort étrange, John Gage, leur faire une proposition pour le moins indécente : une nuit d’amour avec Diana pour un million de dollars

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 25 janvier 2011 à 10:32, par Zorobabel En réponse à : Scission en deux de la Côte d’Ivoire : Tout sauf ça, M. Poniatowski !

    Mon frère africain,

    Je suis ivoirien, je ne suis partisan de personne. mais la crise ivoirienne qui est devenue mondiale, doit nous interpeller tous. Avons-nous réellement le droit de nous entretuer pour des élections qui doivent contribuer au développement de notre continent. Nous qui avons toutes les ressources naturelles du monde et qui vivons dans la promiscuité la plus totale. L’occident s’est servi de nous, continue de le faire et propose des schémas pour accentuer notre misère et la division entre nous. Tout sauf ça, comme vous le dites. Moi je dirais,la paix, le dialogue. Le président Blaise Compaoré, le facilitateur dans cette crise ivoirienne, est-il déjà fatigué ? Il y a près de Trois millions burkinabés qui vivent en Côte d’Ivoire. Que ne ferait-on pas pour qu’il y ait la paix entre les peuples ? Que Dieu Bénisse l’Afrique. Bonne Année 2011.

  • Le 25 janvier 2011 à 11:12, par le natif En réponse à : Scission en deux de la Côte d’Ivoire : Tout sauf ça, M. Poniatowski !

    NOUS LES GENS DU SUD DE LA COTE D’IVOIRE UNE SCISSION EN DEUX DE LA COTE D’IVOIRE NOUS FERAIT PLAISIRS CAR ON AURAIT EU ENFIN LA PAIX, LA PAIX,LA PAIX AVEC DES GENS QUI N’AIMENT QUE LA VIOLENCE QUI SONT INTOLERANT ET BARBARE TOUTE VALEUR CONTRAIRE A LA RELIGION MUSULMANE

  • Le 25 janvier 2011 à 13:49, par parisienne4 En réponse à : Scission en deux de la Côte d’Ivoire : Tout sauf ça, M. Poniatowski !

    Franchement, marre de ces TARES qui devisent sur le continent africain tout en sirotant leur champagne et en mangeant leur caviar....!
    Ces nuls ne bénicient même pas de l’estime de leurs compatriotes.
    Ils ne sont même pas connus ; dans la mesure ou ils oeuvraient dans l’ombre .
    Alors au lieu de critiquer " leurs chers nègres " ils feraient mieux de voir le cas du SARKOZY.
    La France n’a jamais eu pire président que ce NAIN.
    Nous ne voulons plus de simili FOCCART.
    Alors Mr PONOCON occupez vous de vos affaires.
    A bon entendeur, Salut....!

  • Le 26 janvier 2011 à 05:57, par N’maway En réponse à : Scission en deux de la Côte d’Ivoire : Tout sauf ça, M. Poniatowski !

    M. Poniatowski n’a pas tord par ce que nos dirigeants Africains se comportent comme des idiots ou des enfants. Alors que faire si deux enfants se battent pour un gateau ? Il faut le couper en deux !! Nos dirigeants sont une honte pour l’Afrique et pretent le flanc ou donnent des occasions a des gens comme poniatowski de se foutre de nous et de nos pays. Pourquoi n’avait-il pas propose la division en deux de la france entre Sarkozy et Segoleine Royale ? Pourquoi ne pas supprimer cette histoire de conseil constitutionel ? Pourquoi faut-il copier directement ce que les europeens font ? Croyez-vous qu’un conseil constituttionel, qui a ete place sous les ordres d’un president, reconnaitra la defaite de ce president en cas d’election ?

  • Le 27 janvier 2011 à 13:07, par MS En réponse à : Scission en deux de la Côte d’Ivoire : Tout sauf ça, M. Poniatowski !

    les ivoiriens n’ont qu’à ètre objectif ,il ne suffit pas d’expliqurer les conséquences ou d’accuser l’occident ,il faut proposer des solutions afin de trouver une issue sur la crise qui secoue le pays plus cela perdure plus les gens meurent ,il n’y a pas de temps à perdre .pour ma part il y’a deux solutions soit la scission de la Cote d’ivoire pour arreter les tueries dans les quartiers soit une rapide intervention millitaire qui va mettre fin à la crise et cela ne se fera sans conséquence et je trouve que c’est le moindre mal oubien la CEDEAO n’est qu’un simple mot sinon tout le monde a eu le temps de comprendre l’incrédulité de bagbo.c’est un cabri mort qui n’a plus peur du couteau et cherche à mettre le plus possible le désordre en Cote d’ivoire avant de mourrir
    aussi ces partisans cherchent un terrain favorable pour pouvoir jouir de leur bien mal acquis durant les 10 ans de désordre et commentle faire ; maintenir bagbo au pouvoir car ’est lui quileur a permis . Malheureusement certains partisans suivent par ignorance car ils n’ont que la seule source d’information qui est la RTI. Que DIEU sauve la COTE D’IVOIRE !

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