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Présidentielle américaine : Campagne sur fond d’apocalypse

Publié le mercredi 22 septembre 2004 à 07h19min

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A deux mois de l’élection présidentielle américaine, l’Irak apparaît plus que jamais comme le "juge de paix" qui va départager les deux impétrants. Même si l’indécision des Américains, en grande partie liée à la bonne tenue de l’économie, fera planer jusqu’au bout, un soupçon de mystère sur ce scrutin.

Alors qu’il a toujours du mal à décoller dans les sondages, le candidat démocrate John Kerry, vient de décider de "booster" sa campagne en attaquant son adversaire là où "ça fait le plus mal", à savoir l’Irak. L’Amérique se prépare des lendemains "tourmentés" dans ce pays, a dit en substance Kerry, rappelant subtilement à ses compatriotes, le cauchemar vietnamien qui n’a pas fini de hanter leurs nuits. Tout cela, par la faute d’une politique "aventureuse" décidée par un homme sur la base de "faux renseignements". En deux mots, le ton et le décor de la campagne présidentielle étaient donnés.

Il faut dire que la tournure prise par la crise irakienne donne des arguments de campagne percutants à John Kerry. Guérrilla urbaine, engendrant le chaos et la terreur, coalition des différentes factions religieuses face à "l’envahisseur" impie, assassinats des "collabos", sabotages des infrastructures socio-économiques... rien n’incite à l’optimisme. Ce, malgré la veine résistance (?) de Jyad El Alaoru, chef d’un gouvernement postiche qui promet de respecter les échéances électorales. Avec l’instabilité politico-institutionnelle qui règne en Afghanistan et la froideur des relations diplomatiques avec la Corée du Nord (avec l’arme atomique, Pyongyang est un partenaire obligé, même s’il est "incommodant") c’est peut-être la première fois depuis Franklin Deleno Roosvelt, le vainqueur de la 2e guerre mondiale que la politique étrangère va influer sur les résultats d’un scrutin présidentiel américain. Car, et les hésitations actuelles de l’électorat le prouvent, les Américains votent avant tout pour celui qui a le programme le plus attrayant pour eux en matière d’emploi, de couverture sociale et sanitaire, de "deals" internationaux, etc. Peu importe que ce dernier soit en froid avec les alliés de l’Amérique qui est, ne l’oublions pas, "the only one". La popularité d’un Ronald Reagan en froid avec la quasi-totalité de ses alliés européens (en dehors de la "dame de fer", Margaret Thatcher) vient nous le rappeler.

Kerry, victime du manque de charisme ?

A contrario, Jimmy Carter qui s’entendait avec tout le monde, n’a pas laissé un souvenir impérissable au niveau de ses compatriotes. John Kerry qui a intégré cette donne nationaliste dans sa démarche a ainsi longtemps hésité à attaquer Bush sur le brûlot irakien de peur d’être traité de traître. De même, il a commis un impair lorsqu’il a demandé à son adversaire d’écouter la voix de la communauté internationale dans le dossier irakien. Crime de "lèse-majesté" et "aveu de faiblesse" ont aussitôt rétorqué les experts en communication de Bush Junior qui surfaient alors sur la vague de popularité de leur patron. Kerry ne doit donc pas confondre vitesse et précipitation dans son argumentaire, lui qui est par ailleurs desservi par son apparent manque de charisme et la bonne tenue de l’économie américaine.

Manque de charisme, car, en dépit de ses faits d’armes antérieurs (au contraire de Bush, il était lui, dans "l’enfer" vietnamien), il n’arrive pas toujours à bien camper le rôle de chef qu’il doit être en cas de victoire.

Un rôle que Bush joue à merveille dans son rôle de "commandant en chef" des forces américaines appelant ses compatriotes à faire front avec lui face au nouveau "fléau mondial", le terrorisme.

Et puis, on a beau critiquer la politique de Bush, il ne faut pas oublier que celle-ci profite aux secteurs pétroliers et de l’armement américains (et par ricochet à tout "l’establishment" financier) traditionnels "faiseurs de rois" aux Etats-Unis. En résumé, John Kerry cherche toujours sa voie à l’aube de cette campagne électorale, alors que George Bush a déjà trouvé la sienne. Peut-être qu’un "coup de main" de la résistance irakienne en faveur du premier ou un "coup de poker" du second (la capture de Ben Laden par exemple) viendront fonder la conviction de l’électorat à se prononcer pour l’un ou l’autre.

De la roulette russe en Amérique, quel pied de nez de l’histoire !

Boubakar SY
Sidwaya

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