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El hadj Abdou Sakho, Commissaire de l’UEMOA chargé des Politiques économiques et de la Fiscalité intérieure : « Les politiques monétaires et budgétaires devraient être manipulées à des fins de relance »

Publié le jeudi 20 janvier 2011 à 22h55min

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Le prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) prévu, le 22 janvier 2011 à Bamako au Mali, va s’attaquer à des préoccupations actuelles et majeures pour l’intégration : la sécurité et la stabilité d’une part, la relance économique d’autre part. Car en dehors de deux pays membres, le Burkina Faso et le Mali, qui connaissent une croissance haussière relative, tous les autres semblent être confrontés à des difficultés de décollage qui entravent l’envol communautaire. La croissance économique accélérée tant souhaitée avec les différentes politiques afférentes ; tels sont entre autres les centres d’intérêt décryptés par El hadj Abdou Sakho, commissaire en charge des politiques économiques et de la fiscalité intérieure de cet espace sous-régional.

Spécialiste de la macroéconomie et de ses enjeux de développement, passé par l’Université Harvard aux Etats-Unis, ce haut fonctionnaire sénégalais, parachutiste et officier supérieur, n’occulte aucune question de l’heure, notamment l’insécurité et les conflits internes, exacerbés par la situation de la Côte d’Ivoire qui constitue la locomotive de l’Union.

Sidwaya (S.) : Quelle est la physionomie actuelle de l’économie de l’Union ?

El hadj Abdou Sakho (E.H.A.S.) : L’économie de l’Union s’est bien portée avant la survenue de la crise politique ivoirienne actuelle. Le taux de croissance en 2010 a été projeté à 4 % contre 2,8 % en 2009. Et ce, dans un contexte de relative stabilité monétaire et budgétaire. Le taux d’inflation est maintenu autour de 1,1 % et les principaux soldes budgétaires, quoiqu’en détérioration, restent encore bien en deçà des niveaux observés ailleurs. Néanmoins, cette situation d’ensemble risque de pâtir de la crise en Côte d’Ivoire qui reste la locomotive de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

S. : Et l’impact réel des différentes crises de 2007 et 2008 nées de la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires et celle financière de 2009 ?

E.H.A.S. : Tout comme les crises nées des hausses des prix du pétrole et des produits alimentaires de 2007 à 2008, celle de 2009 est derrière nous. Les Etats subsahariens, y compris ceux de l’UEMOA, ont globalement bien résisté à ces chocs. Tout simplement parce qu’avant les chocs de la période 2007-2009, la situation économique était relativement bonne, non seulement dans l’UEMOA mais surtout dans la plupart des autres économies africaines, grâce à des politiques économiques pertinentes notamment monétaires et budgétaires. Ce sont ces mesures qui leur ont permis d’atténuer les effets néfastes des crises de 2007 à 2009. Aujourd’hui, grâce à la faculté de beaucoup de pays africains de continuer à recourir à des politiques macroéconomiques à des fins contra cycliques, la croissance redémarre de manière forte, notamment en Afrique subsaharienne même si elle semble timide au sein de l’Union.

S. : Dans ce cas, quelle explication peut-on donner à la croissance toujours plus timide en zone UEMOA ?

E.H.A.S. : C’est une question à laquelle il est difficile de répondre d’un trait. En ce sens que ce phénomène tient en de nombreux paramètres. Toutefois, l’on peut donner trois séries de raisons techniques, sans oublier celles sociopolitiques.

La première série repose sur la faiblesse de la productivité du travail, du capital et celle de la productivité globale des facteurs. Le capital et le travail sont des sources importantes de croissance, mais leur potentiel productif est quelque peu gaspillé. Leur productivité baisse pratiquement depuis les années 1960, contrairement aux autres pays émergents d’Afrique et d’Asie où celle-ci augmente. Voilà pourquoi, comparées aux autres économies émergentes, celles de l’Union croissent moins vite ou n’arrivent pas à décoller.

La deuxième série de raisons techniques est relative au fait qu’il n’y a pas de dynamique de croissance d’ensemble. Plus précisément, l’on constate l’absence d’une croissance additionnelle, voire commune, qui viendrait s’ajouter à celle qui résulterait des efforts individuels des Etats.

Cela est dû au fait que le marché commun de l’UEMOA ne joue pas pleinement son rôle de redistributeur des revenus et des richesses entre les agents économiques et entre les Etats de l’Union, de lieu de revalorisation des avantages compétitifs, d’aide à la prise des décisions d’investissement et de diffusion des progrès techniques pour entraîner des économies d’échelle dans toute la zone. Des obstacles tarifaires, non tarifaires, physiques … continuent d’empêcher les marchandises et les agents économiques de circuler librement sur les routes. A cela s’ajoute le fait que les deux locomotives, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, n’exercent pas encore suffisamment leur rôle d’attraction et d’entraînement pour « tirer » les autres économies.

Quant à la troisième série de raisons, elle résulte des facteurs institutionnels liés à la gouvernance politique et économique. En dépit du bon classement de pays comme le Burkina Faso qui fait notre fierté, les études menées dans ce domaine par l’ONG « Transparency international » ou le rapport « Doing business » de la Banque mondiale mettent en exergue, la situation peu enviable de certains Etats membres de l’Union.

S. : Quelle est l’ampleur de cette situation sur un éventuel décollage véritable des économies de l’Union ? Est-elle inquiétante voire irremédiable ?

E.H.A.S. : Non ! La situation n’est ni inquiétante ni alarmante. Bien au contraire, elle est surmontable. La plupart des Etats de la zone ont déjà réussi le plus difficile c’est-à-dire ce que d’autres ensembles sous-régionaux les envient aujourd’hui : maintenir la stabilité macroéconomique avec des taux d’inflation faibles et des soldes budgétaires maitrisés et à un coût social et politique important.

Mais ils n’ont pas encore parachevé le travail qui consisterait à s’appuyer sur cette stabilité macroéconomique pour impulser une croissance plus forte, réductrice de pauvreté. La stabilisation macroéconomique doit avoir une finalité. Il faut des politiques plus hardies de croissance réductrice de pauvreté.

C’est à ce type de croissance que les différents gouvernements s’attellent. Bien souvent, les Etats membres de l’UEMOA n’on rien à envier à certains pays qui connaissent des taux de croissance plus élevés. Car il s’agit, dans beaucoup de cas, d’une « croissance appauvrissante », avec une diminution du revenu réel. En outre, le taux d’inflation est plus élevé dans ces pays que dans l’UEMOA, parce que le déficit budgétaire est financé par l’émission monétaire, la planche à billet en quelque sorte. Or, l’inflation dans ces pays a des effets sociaux plutôt que directement économiques. Elle frappe d’abord les couches sociales faibles. Leurs populations ne peuvent pas pleinement profiter d’un taux de croissance plus élevé, car l’inflation par l’émission monétaire devient un impôt qui transfère du pouvoir d’achat des populations vers l’Etat.

S. : Comment peut-on alors remédier à ce blocage de la croissance dans les pays membres de l’UEMOA ?

E.H.A.S. : Parler de « blocage » suggère que la question de la croissance est essentiellement technico-économique. Or, il y a plus que cela. Pour circonscrire la réponse à cette vision technico-économique, il est indispensable de procéder à des réformes des marchés du travail, des marchés financiers et des capitaux, dans un contexte où la politique monétaire et financière commune offre très peu de possibilités de financement. Or, sans argent, on ne peut pas faire aboutir de grandes idées. Il faudrait aussi rendre effectif le fonctionnement du marché commun, en parachevant l’union douanière et en renforçant l’unification des marchés nationaux.

Enfin, le renforcement de la gouvernance politique et économique me paraît d’une nécessité absolue. La mise en œuvre de ces mesures relève, et de la compétence des Etats, et de celle des institutions communautaires, sur la base du principe de subsidiarité. Par exemple, les réformes du marché du travail sont fondamentalement du ressort des Etats, alors que la réorganisation du marché commun revient aux autorités communautaires. La croissance, c’est aussi une question de vision, de méthode et d’organisation, surtout dans un contexte d’intégration économique et monétaire.

S. : Par rapport aux autres pays non membres d’une union économique et monétaire, y a-t-il pour les Etats membres de l’UEMOA des contraintes supplémentaires du point de vue du pilotage de leurs politiques économiques ?

E.H.A.S. : Les objectifs des politiques économiques sont toujours les mêmes : faire décoller la croissance, en améliorant la productivité des facteurs et la compétitivité des entreprises, réduire de ce fait sinon éradiquer la pauvreté pour faire émerger une classe moyenne la plus nombreuse possible, comme dans les économies émergentes. Il s’agit ensuite de faire des marchés de véritables moteurs de la croissance économique, en rendant effective la libre circulation des biens, des services, des capitaux et de la main-d’œuvre.

Cela n’est possible et durable que dans la stabilité macroéconomique. L’avantage d’appartenir à une union économique réside dans le fait qu’il est plus facile d’atteindre ces objectifs en partageant les stratégies et politiques, en mutualisant les moyens et en faisant jouer les économies d’échelle. Maintenant s’agissant des contraintes spécifiques des Etats membres de l’UEMOA, ceux-ci sont tenus par une certaine convergence des politiques économiques, alors que les structures économiques ne sont pas homogènes. Ce problème est pris à bras-le-corps à travers la mise en place des politiques sectorielles. Bien qu’il soit vrai que celles-ci nécessitent des ressources financières parfois difficiles à trouver.

S. : Dans ce contexte de « parenté » des politiques économiques, certains Etats de l’UEMOA font mieux que d’autres. Est-ce au prix d’une divergence par rapport aux objectifs de l’Union ? Autrement dit, quel est le degré de liberté des Etats dans le mécanisme de coordination des politiques économiques ?

E.H.A.S. : Il faut relever l’absence de croissance commune due au fonctionnement défectueux du marché commun. Les performances en matière de croissance de certains Etats tels le Burkina Faso et le Mali, sont dues, en partie, à leurs efforts individuels. Il n’y a pas de stratégie de croissance communautaire, mais des stratégies nationales dites accélérées. Dans les pays pauvres de l’Union, la croissance résulte de mesures incitatives de relance par l’offre dans les secteurs agricole, industriel ou des services. Celles-ci s’adressent au secteur privé de chaque Etat.

Elles ne sont pas extensibles au-delà des frontières. Ce sont par exemple, les prix aux producteurs des principaux produits de base, certaines mesures d’amélioration de l’accès à l’eau, au crédit, à l’énergie, à l’éducation, à la santé, aux infrastructures routières, portuaires ou aéroportuaires, les avantages des codes des investissements ou des mines, etc…Les différentiels de taux de croissance viennent de là : la volonté politique et le caractère volontariste des mesures incitatives pour desserrer les contraintes qui inhibent l’offre de biens et de services.

S. : Au-delà de tout cela, qu’en est-il du degré de liberté des Etats dans le pilotage de leur politique économique ?

E.H.A.S. : La politique économique repose sur différents volets. La politique monétaire est commune et menée par l’Institut d’émission qu’est la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Dans ce domaine spécifique, le degré de liberté de chaque Etat est presque nul. Pour ce qui concerne les politiques du secteur extérieur, le degré de liberté est aussi nul pour les politiques et régimes de change. En revanche, quand il s’agit de la compétitivité, les Etats ont la faculté de prendre des mesures qui améliorent leur compétitivité extérieure, qu’il s’agisse de compétitivité prix, comme la maîtrise des coûts de production, ou de compétitivité hors prix en termes d’amélioration de la qualité des produits, de respect des normes techniques, de diversification de la production.

Enfin, pour ce qui est de la politique budgétaire, il faut distinguer la politique des recettes ou la politique fiscale de celle des dépenses. Le degré de liberté est réel dans la politique fiscale. Certes, les principaux impôts comme les droits de douanes, la TVA, les droits d’accises, les impôts sur le BIC et les valeurs mobilières ont été harmonisés mais les Etats ont des marges de manœuvres importantes à travers un meilleur contrôle des exonérations et exemptions, une lutte contre la fraude fiscale et la corruption, une meilleure fiscalisation du secteur informel. Les différences dans les niveaux de pression fiscale des Etats membres viennent de là. Pour les dépenses, il y a des normes quantitatives imposées à la masse salariale qui ne doit pas dépasser 35 % des recettes fiscales, et aux investissements financés sur ressources internes qui doivent être au moins égales à 20 % des recettes fiscales.

Mais l’accroissement de l’effort fiscal des Etats, de la pression fiscale, leur offre des marges supplémentaires, notamment pour investir massivement dans certains secteurs productifs ou ceux qui irriguent la croissance comme la santé et l’éducation. Dans ce cadre, il faut nécessairement des cadres budgétaires solides et surtout assainis. C’est pourquoi, la Commission de l’UEMOA a réformé et révolutionné le cadre juridique, comptable et statistique des finances publiques, en harmonisant les législations et procédures budgétaires, particulièrement les lois des finances et les comptabilités publiques, et mieux, en uniformisant les champs des opérations du secteur public et des tableaux des opérations financières de l’Etat.

S. : A côté des mesures incitatives de relance de l’offre qui relèvent des Etats, quel est le rôle des politiques monétaires et budgétaires dans la relance de la croissance économique dans l’UEMOA ?

E.H.A.S. : Les politiques conjoncturelles sont loin de soutenir l’activité économique dans l’UEMOA. La politique monétaire est très peu accommodante et les politiques budgétaires trainent encore des faiblesses qui les empêchent de jouer leur rôle contra-cyclique ou de relance économique. Pourtant dans l’absolu, les politiques monétaires et budgétaires peuvent être manipulées, voire devraient être manipulées à des fins contra-cycliques ou de relance. Cela a été le cas lors des récentes crises de 2007-2009, presque partout dans le monde. Même pour la politique monétaire ! Surtout pour la politique monétaire.Toutefois, s’agissant de la politique budgétaire, je suis dubitatif pour une stratégie de relance communautaire par la demande, car à l’évidence, le cadre communautaire y afférent n’existe pas encore.

Une politique de relance communautaire n’a de chance d’aboutir que si les Etats ont sensiblement la même structure de demande globale et la même structure sectorielle du PIB. Un Etat dont le poids relatif de la consommation finale dans la demande globale est importante, ainsi que les secteurs secondaire et tertiaire, a plus de chance de réussir sa politique de relance budgétaire, d’autant qu’il dispose d’un espace budgétaire suffisant pour financer cette politique et qu’il pourra bénéficier des effets d’entraînement d’une telle politique notamment au niveau des secteurs secondaire et tertiaire.

Ce sera l’inverse pour un Etat dont le secteur primaire et les importations sont prépondérants. Donc, les Etats n’ont pas la même structure de demande globale, ni la même structure sectorielle du PIB ni un niveau suffisant de pression fiscale qui détermine l’étendue de l’espace budgétaire disponible. Il s’y ajoute surtout qu’un choc budgétaire dans un pays donné de l’UEMOA a un impact limité sur le niveau d’activité dans la zone via les multiplicateurs de dépenses publiques. Parce que le principal canal de transmission des externalités positives induites par un choc budgétaire est le commerce intracommunautaire qui est inhibé par des barrières tarifaires et non tarifaires, la faible complémentarité des appareils productifs, la faiblesse des infrastructures de communication et le coût des transports.

S. : Y-a-t-il des difficultés apparues dans l’application du Traité de l’Union qui constituent autant de contrariétés au processus d’intégration ?

E.H.A.S. : Le traité de l’UEMOA rédigé en 1994 est peut-être arrivé en fin de cycle, en fin de vie. Une réadaptation au contexte nouveau, différent de celui de 1994, s’impose. Le modèle d’intégration-cible gagnerait à être recentré autour des principes de la bonne gouvernance politique et économique tout en prenant en charge les nouveaux défis comme la sécurité et la paix, le défi du développement, le défi environnemental, le défi numérique. La paix et la sécurité en particulier sont fondamentales pour amorcer une croissance accélérée et asseoir un développement durable. Et deux constats m’amènent à cette conclusion.

Le premier est d’ordre historique : tous les Etats ouest-africains constitués, notamment des empires du Ghana entre 600 et 1054, du Mali entre 1100 et 1400 ont périclité, suite à des attaques venues du Nord. C’est Karl Marx qui disait que « Celui qui ne connait pas l’histoire est condamné à la revivre ». Le second constat est très actuel : deux Etats membres couvrant 71% du territoire communautaire et abritant 30 % de la population de l’Union sont en bute à des questions de sécurité.

S. : Dans ces conditions, peut-on parler de construction ou de solidarité communautaire ?

E.H.A.S. : Il faut éviter d’exagérer la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest. Les problèmes que vous évoquez laissent croire que l’Afrique de l’Ouest est une zone d’insécurité. Mais c’est une illusion d’optique. Certes, l’Union connaît quelques problèmes temporaires de sécurité et il ne sert à rien de les occulter. Elle devrait y faire face collectivement. Mais n’exagérons rien ! Vous savez, depuis sa création, l’ONU a mené dix-huit (18) opérations de maintien de la paix qui sont complètement achevées en Afrique, contre huit (8) en Amérique, huit (8) en Asie, sept (7) en Europe et six (6) au Moyen-Orient. Sur les dix-huit (18) interventions onusiennes sur le continent, seules trois (3) ont concerné l’Afrique de l’Ouest, dont un (1) pour le Libéria et deux (2) pour la Sierra Leone. Aucune opération n’a intéressé un pays de l’Union.

Maintenant, sur les seize (16) actuellement en cours, sept (7) portent sur l’Afrique dont deux (2) seulement sur sa partie Ouest : Liberia et Côte d’Ivoire. Cette argumentation statistique aide à comprendre que l’Union a longtemps été un espace stable, paisible et sécurisé.

S. : Pourtant, l’instabilité politique dans certains Etats continue de plomber la croissance dans la zone UEMOA.

E.H.A.S. : Oui ! Surtout dans la locomotive que constitue la Côte d’Ivoire. Georges Elgozy disait qu’« un problème politique est un problème économique sans solution ». La prise en compte du défi du développement dans les stratégies d’intégration permettra de résoudre beaucoup de conflits politiques.

S. : Quelle pourrait-être la cause de ces conflits ?

E.H.A.S : Les causes sont multiples. Mais ces conflits trouvent une situation favorable dans la crise économique, dans l’« état stationnaire » qui caractérise beaucoup d’économies de la sous-région. Il faudrait donc une stratégie de croissance qui promeut une classe moyenne nombreuse et industrieuse. L’existence d’une classe moyenne nombreuse est un facteur de modération du débat et du jeu politiques, d’inflexion des politiques économiques et sociales élitistes ou exclusivistes, de prémunition contre les chocs, les révolutions ou les bouleversements politiques et sociaux. Elle offre à la société une base pour évoluer, de manière ordonnée et pacifique, vers le développement humain durable.

S. : Après tout ce tableau sur l’état de l’Union que vous avez peint de différentes couleurs, comment entrevoyez-vous l’avenir de cet espace sous-régional francophone ?

E.H.A.S. : Je vois un avenir bien radieux que nous bâtirons dans la joie et l’enthousiasme au profit de nos enfants. Même si nous devons tenir compte des contraintes qu’imposent la géo-économie et la géo-politique actuelles, nous devons garder le cap sur l’objectif d’une Union appelée à peser sur l’évolution du monde et des idées. Mais il faudra nous en donner les moyens afin de rendre possible ce qui est désirable.

Interview réalisée par Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 21 janvier 2011 à 11:36, par Docteur Ayébi En réponse à : El hadj Abdou Sakho, Commissaire de l’UEMOA chargé des Politiques économiques et de la Fiscalité intérieure : « Les politiques monétaires et budgétaires devraient être manipulées à des fins de relance »

    C’est avec intérêt que l’enseignant-chercheur en macroéconomie que je suis a lu entre les lignes cette riche interview du commissaire Sakho. Même si elle peut paraître ésotérique pour les profanes, cette sortie est salutaire pour éclairer les spécialistes des questions de développement et surtout des politiques. Vivement que d’autres commissaires sortent de leur reserve pour situer les enjeux et les défis de la construction de cet espace sous régional qu’est l’UEMOA. Quoiqu’on dise, le cas de la Côte d’Ivoire cache aussi un volet économique qui pourrait plomber la vie dans la sous région. Il faut savoir donc bien manoeuvrer cette crise en gardant à l’esprit ce dyptique Politique-Economie pour ne pas mettre le social et les populations en péril. Il y va de même pour les zones à risque comme le nord-mali et le Niger. Telle est l’essence que je tire de cet entretien du Commissaire Sakho qui en tant que militaire haut gradé et économiste mérite ce poste si stratégique comme c’est le cas dans les grandes nations tels les Etats-Unis. L’intellectuel doit pouvoir surpasser les états d’âme et les passions pour avertir et guider. Chapeau !

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