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ONU : Chirac et Lula prennent la tête d’une coalition contre la pauvreté

Publié le mercredi 22 septembre 2004 à 07h26min

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Les présidents français Jacques Chirac et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ont pris la tête lundi à New York d’une coalition contre la pauvreté qu’ils jugent comme l’une des plus grandes menaces pour la stabilité du monde.
Les deux dirigeants se sont rendus lundi aux Nations unies pour tenter de convaincre une communauté internationale encore hostile ou sceptique de la nécessité d’une taxe mondiale pour combattre la pauvreté et la faim.

A la veille de l’ouverture par le président américain George W. Bush de la 60ème session de l’Assemblée générale qui devait être dominée par le chaos en Irak et par la lutte contre le terrorisme, MM. Chirac et Lula ont insisté sur la nécessité d’une plus grande solidarité entre riches et pauvres.

"Une mondialisation qui tolèrerait la prédation et l’accaparement de ses fruits par une minorité n’a pas d’avenir. Une mondialisation qui détruirait les équilibres sociaux et environnementaux, écraserait les plus faibles, nierait les droits de l’homme, n’a pas d’avenir. Il nous appartient de refuser ces dérives", a dit le président français lors d’une réunion aux Nations unies.

Il a ainsi appelé la communauté internationale à "promouvoir une éthique sociale de la mondialisation".

Le président français Jacques Chirac a appelé lundi aux Nations unies à l’instauration dans le monde de "prélèvements volontaires ou obligatoires" pour financer le développement.

"Des solutions techniquement réalistes et économiquement rationnelles existent", a déclaré M. Chirac. "Recours à de nouveaux types d’emprunt, instauration, sur une base internationale ou mondiale, de prélèvements volontaires ou obligatoires pour financer le développement".

"Des idées jugées voici peu encore utopiques ou irresponsables s’affirment clairement", a poursuivi Jacques Chirac. "Un tabou est en train de tomber", a-t-il assuré.

Le but de ces "nouveaux instruments" serait non pas de "se substituer à l’aide publique ou à l’effort privé" mais de "les compléter", a souligné le président français. "Il faut examiner sans préjugé toutes les solutions possibles", a-t-il ajouté.

Jacques Chirac a appelé la communauté internationale à mettre "l’année à venir à profit pour approfondir la réflexion et bâtir les indispensables consensus politiques".

"La misère et la faim sont une prison où plus d’un milliard de femmes, d’hommes et d’enfants consument leur existence", a-t-il déclaré. "L’un des grands scandales de notre temps, c’est notre incapacité à les libérer de ces maux alors que nous en avons les moyens".

Mais il a prévenu qu’"au rythme actuel, nous n’avons aucune chance de réaliser nos objectifs". "Il nous faut trouver au moins cinquante milliards de dollars supplémentaires par an d’ici 2015 pour espérer y parvenir", a-t-il précisé. "Nous avons un an pour redresser la barre".

Souhaitant que cette question soit examinée à la fois par l’Assemblée générale et par celles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, M. Chirac a réaffirmé qu’il proposerait au Premier ministre britannique Tony Blair que le prochain G8, qui doit se dérouler en Ecosse, prenne "une position claire et forte" sur ce sujet.

Pour Lula, "il faut faire en sorte que la globalisation devienne une force positive pour le monde".

Le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan a souligné de son côté qu’il "y avait un long chemin à faire" pour diminuer la pauvreté par deux dans le monde comme le sommet du millénaire en 2000 s’y était engagé.

"Pour parvenir à cet objectif, nous devons avoir la volonté politique de tenir nos promesses, et nous mettre d’accord pour renouveler le système multilatéral", a-t-il dit.

MM. Chirac et Lula ont participé lundi matin à une réunion de l’Organisation mondiale du Travail (OIT) sur "la dimension sociale de la mondialisation". Dans l’après-midi ils devaient prendre part avec leur homologue chilien Ricardo Lagos, le président du gouvernement espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero et Kofi Annan à un sommet d’une cinquantaine de pays sur le financement du développement.

Ils font valoir que pour réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici à 2015, il faudrait 50 milliards de dollars supplémentaires par an. Aujourd’hui 1,2 milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour.

M. Chirac devait ainsi plaider à New York pour que de nouvelles sources de financement soient examinées et en premier lieu celle d’une taxation internationale, en dépit de l’opposition farouche des Etats-Unis et du scepticisme de nombreux autres pays, y compris européens.

Les "quatre", avec l’aide de M. Annan, chercheront à susciter une mobilisation la plus large possible sur ces propositions. Les participants doivent adopter une "déclaration de New York pour la lutte contre la faim et la pauvreté".

Au moment où l’administration américaine critique sévèrement l’Onu et la France pour leurs positions sur l’Irak, cette manifestation d’unité de Kofi Annan, de Jacques Chirac, principal opposant à la guerre en Irak, et de dirigeants de gauche comme Lula et Zapatero apparaît aussi comme la volonté de proposer une approche différente pour régler les menaces dans le monde.

"Combien de fois faut-il dire que l’arme de destruction massive la plus meurtrière c’est la misère", a lancé le président brésilien.

M. Chirac lui a fait écho. "Souvenons-nous aussi que l’égoïsme se paie en révoltes", a-t-il dit en prévenant que misère, faim et analphabétisme pouvaient être de nouveaux foyers de tensions dans le monde.

AFP

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