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LA CEDEAO ET LA CRISE IVOIRIENNE : De l’impasse à Canossa

Publié le jeudi 6 janvier 2011 à 00h48min

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La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) semble abandonner progressivement l’option militaire envisagée pour déloger le président Laurent Gbagbo du pouvoir. La diplomatie continue de s’activer même si beaucoup de gens ne croient pas à une telle solution. Ce recul de l’option militaire peut se justifier par plusieurs raisons dont la délicatesse d’une telle opération et l’opposition de certains Etats de la CEDEAO. L’organisation ouest-africaine projette d’envoyer encore des émissaires pour négocier avec les protagonistes ivoiriens.

De ce fait, la CEDEAO qui est déjà dans une certaine impasse, court le risque d’aller à Canossa, surtout si, au finish, elle se heurte à une fin de non-recevoir de Gbagbo. Pour l’heure, les lignes n’ont vraiment pas bougé. Gbagbo dit être disposé à négocier tout en clamant à qui veut l’entendre que c’est bel et bien lui qui a été élu.

De son côté, Ouattara a dit être prêt à lui accorder des privilèges s’il accepte de se retirer. L’UA, par la voix de son médiateur Raila Odinga, a proposé une amnistie à Gbagbo. Tous emboîtent le pas aux Etats-Unis, qui avaient déjà ouvert les bras au président sortant s’il démissionnait. Mais toutes ces propositions ne semblent pas avoir un quelconque effet sur Gbagbo. Comme on le voit bien, c’est en réalité un dialogue de sourds jusqu’à présent. Ainsi, la crise postélectorale ne semble pas proche d’un dénouement. Les échos des violences enregistrées çà et là montrent d’ailleurs que la Côte d’Ivoire s’enlise dans cette crise. Le climat, en tout cas, est délétère. En témoigne la récente descente musclée de la police ivoirienne au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire/Rassemblement démocratique africain (PDCI/RDA). Officiellement, la police dit être allée, à cet endroit, à la recherche de caches d’armes.

Cette intervention se serait soldée par un mort. Elle vient, une fois de plus, montrer que les Ivoiriens sont dans un climat de suspicion généralisée. Dans ces conditions, personne n’est vraiment en sécurité, surtout les populations qui ne bénéficient pas vraiment d’une protection des forces de la paix onusiennes, ou, du moins, de la quiétude liée à leur présence. Ces forces ne sont-elles pas elles-mêmes en danger ? En tout cas, on sait qu’elles évoluent déjà dans un espace assez restreint, vu que l’accès à certaines zones leur est interdit, d’une manière ou d’une autre. A l’allure où vont les choses, Gbagbo semble bien parti pour tenir sa position encore quelque temps, peut-être plus longtemps qu’on ne l’imagine. En ce qui concerne l’efficacité des pressions économiques, elle peut mettre du temps à se faire sentir. A telle enseigne qu’on se demande si, désormais, la seule "arme" pour arrêter le président sortant dans sa lancée, n’est pas un embargo sur les produits agricoles ivoiriens, notamment le cacao.

On sait en effet que le cacao représente un levier important pour l’économie ivoirienne et son boycott constituerait un énorme manque à gagner pour le régime Gbagbo. Seulement, ce serait également un coup dur pour les planteurs et, en ce qui concerne les planteurs expatriés, leurs pays d’origine où ils envoient des devises pour plusieurs raisons. De plus, il n’est pas évident que les grandes puissances dont on connaît l’attachement à leurs intérêts, seront disposées à se mettre dans cette posture où leurs entreprises seront privées du cacao ivoirien. Dans ce genre de situations, certaines personnes sont capables de développer aussi des réseaux parallèles, une économie souterraine de nature à minimiser les effets d’un embargo. L’équation ivoirienne demeure donc entière.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

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