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GARE SITARAIL : La crise ivoirienne plombe les affaires

Publié le jeudi 30 décembre 2010 à 01h15min

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La nouvelle crise socio-politique ivoirienne née au lendemain de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010, a des répercussions néfastes sur les affaires des Burkinabè, notamment ceux qui mènent des activités aux alentours de la gare ferroviaire de SITARAIL à Ouagadougou. En effet, le train ne circule plus entre Ouagadougou et Abidjan. Le rythme de celui des marchandises n’est pas régulier non plus. Ce faisant, les marchandises provenant de la Côte d’Ivoire, en l’occurrence les fruits et l’attiéké, se raréfient chez leurs revendeurs actuels avec pour conséquence, la baisse de leurs activités économiques.

Pour nous imprégner de l’impact réel de cette crise socio-politique sur les affaires de ces marchands, nous avons rencontré certains d’entre eux le 29 décembre 2010. Lesquels nous confessent les difficultés qu’ils vivent.

Quand la Côte d’Ivoire s’enrhume, le Burkina éternue. Il suffit de voir la récession qui frappe les marchands installés aux environs de la gare ferroviaire de Ouagadougou pour s’en convaincre. Voyageurs, marchands de fruits, gérants de télécentres, restaurateurs, bref, tous ceux qui mènent des activités lucratives au niveau de la gare ferroviaire de Ouagadougou subissent les affres de la crise ivoirienne. Et ce ne sont pas les voyageurs qui diront le contraire. Eux dont certains séjournent à la gare depuis le lundi 27 décembre 2010 dans l’espoir de pouvoir emprunter les rails pour se rendre à Abidjan où ils résident.

Parmi ces infortunés, Mme Salimata Ouédraogo, âgée d’environ 50 ans. Originaire de Tanwoko dans la commune rurale de Boussouma, Mme Ouédraogo, après son séjour au pays des hommes "intègres", nourrissait le désir de regagner la Côte d’Ivoire où elle réside depuis quelques années. Mais voilà qu’il n’y a pas de train pour qu’elle puisse s’y rendre. C’est une gare presque déserte que nous avons trouvée dans la journée du mercredi 29 décembre 2010 car certains voyageurs, après avoir été informés de la situation, ont préféré quitter les lieux. De leur côté, les vendeuses essayent tant bien que mal de tenir le coup. Leurs activités sont frappées de plein fouet par cette crise ivoirienne.

"On a des problèmes actuellement à cause de la crise ivoirienne. On n’arrive plus à avoir des fruits et de l’attiéké comme avant. Le commerce des fruits n’est plus rentable", déclare Bintou Traoré, vendeuse de fruits. Selon ses explications, les prix des produits ont aussi subi une hausse à cause de leur rareté. Elle a précisé que certains s’approvisionnent à partir du Ghana par des camions avec tous les risques que cela comporte. A l’en croire, les vendeuses ont fait deux semaines sans voir arriver le train de marchandises. Mais l’espoir renaît avec l’arrivée le 28 décembre dernier, d’un train de marchandises, soutient-elle. Marie Nikièma, une autre vendeuse de fruits, déplore aussi la situation que vivent les vendeuses. Pour elle, le commerce des fruits n’est plus fluide. " C’est la misère, les fruits ne viennent plus et quand ils arrivent, on a des problèmes à les écouler parce que leurs prix ont été majorés", fait-elle remarquer tristement.

Les affaires au ralenti

Sans détour, Alizèta Derra, vendeuse de fruits, soutient qu’il n ’y a plus à manger car la vente des fruits est au ralenti. Son voeu le plus ardent est que l’on trouve une issue favorable à la crise ivoirienne pour que le transport des marchandises soit régulier. "Si Laurent Gbagbo peut céder le pouvoir à Alassane Ouattara, qu’il le fasse pour que nous ayons la paix", souhaite-t-elle. " Les marchandises ne viennent plus.

On passe le temps à se tourner les pouces parce qu’il n’y a plus de fruits à vendre. C’est Laurent Gbagbo le responsable de cette situation. On doit le faire partir", décrète Flore Compaoré. Elle a confié que sa vente journalière n’excède plus 2000 FCFA alors qu’elle pouvait réaliser une vente de 15000FCFA dans la journée. C’est avec amertume que la vendeuse Fatimata Simporé, constate le manque de fruits dû au fait que le train de marchandises n’est plus régulier sur le sol burkinabè. Selon ses dires, le manque de fruits a considérablement réduit son gain journalier alors qu’elle a des enfants à nourrir et à scolariser. Avec son bébé dans les bras, Mme Simporé a confessé ses souffrances en souhaitant qu’une solution idoine soit trouvée à la crise ivoirienne afin que son activité redevienne rentable. Il est sans conteste que la crise ivoirienne a des répercussions néfastes sur les affaires de bien des personnes.

Des marchandises bloquées

Selon un importateur de pâte de manioc, Noufou Singa, la crise ivoirienne a rendu difficile le transport de la pâte de manioc de la Côte d’Ivoire vers le Burkina. "Cela fait une semaine que mes marchandises sont bloquées à Bouaké. Pour les faire venir à Ouagadougou, c’est difficile. On est obligé de recourir aux camions-remorques. Alors qu’avec ceux-ci, le coût du transport d’un seul sac de pâte de manioc de 50 à 60 kg, est de 3000 au lieu de 2000 F CFA avant la crise", a-t-il indiqué. Il explique qu’ il y a des barrages qui ne facilitent pas le déplacement entre Abidjan et Ouagadougou. A écouter les uns et les autres, l’on peut affirmer sans se tromper que personne ne tire les marrons du feu de cette crise ivoirienne.

Le locataire de véhicules Issouf Nana affirme que rien ne va depuis l’éclatement de la crise. "Avant la crise, il y avait beaucoup de marchandises à transporter. Ce n’est plus le cas depuis que le bras de fer s’est engagé entre le président sortant Laurent Gbagbo et le candidat du RHDP Alassane Dramane Ouattara", a-t-il laissé entendre. Tout comme les autres, le souhait de M. Nana est que le rhume socio-politique qui tenaille la lagune Ebrié trouve un remède avant que le Burkina qui en éternue déjà, ne soit à son tour enrhumé. C’est un véritable malaise qui plane aussi sur les affaires du taximan Boniface Nikièma.

"En dehors de quelques régimes de bananes, il n’y a plus rien à transporter", martèle-t-il. Il a confié que la crise ivoirienne a de lourdes conséquences sur les activités de tous les commerçants installés aux alentours de la gare ferroviaire. Si le taximan Nana trouve que les choses ne sont pas roses, elles ne vont pas mieux non plus chez Aline Nacoulma, gérante de télécentre. Pour cette dernière, les affaires ne marchent plus. Les recettes journalières qui étaient de 60 000 F CFA ont chuté à 10 000 F CFA, a-t-elle révélé. "Nous souhaitons que les choses aillent mieux cette année en Côte d’Ivoire pour que le pays retrouve la paix, et partant, toute la sous-région", a-t-elle émis comme voeu. C’est le même souhait qu’a formulé Mme Aline Soubéiga, caissière du jardin Naba Koom, situé en face de la gare ferroviaire. Selon ses déclarations, les principaux clients du jardin sont les voyageurs.

Comme le train des passagers ne vient plus, la clientèle a baissé de même que les recettes. Elles sont passées de 100 000 à 60 000 F CFA soit une baisse de 40%. Le propriétaire du jardin est obligé d’utiliser ses propres fonds pour payer les salaires des travailleurs, a fait savoir la caissière. En attendant que les colombes de la paix se posent sur les épaules de Laurent Gbagbo et de Alassane Dramane Ouattara, les commerçants de la gare ferroviaire de Ouagadougou continueront de subir les effets de cette crise. A noter que les responsables de la SITARAIL n’ont pas voulu se prononcer sur l’impact de cette crise sur leurs affaires car le siège de la société se trouve en Côte d’Ivoire.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 30 décembre 2010 à 11:02, par corpi En réponse à : GARE SITARAIL : La crise ivoirienne plombe les affaires

    Nul ! c’est des faits divers.Il parle d’atiéké, de fruits, de bananes et autres condiments ; qui doit faire quoi pour que l’approvisionnement reprenne ? si la crise ivoirienne a des répercutions sur "les affaires" au Burkina Faso, que le journaliste se mette à la hauteur pour traiter de la question en parlant économie mais alors à une échelle plus sérieuse ; je veux dire que je respecte les vendeurs de la gare de Ouagadougou mais leur problème n’est pas une priorité nationale. L’heure est à la recherche de solutions au problème qui se pose en Côte d’Ivoire et qui est "corsé" C’est à cela qu’il faut s’attacher à réfléchir car seule cette solution arrange tout le monde au BF et partant les vendeurs d’atiéké ; on a parfois l’impression que certains se complaisent dans la mediocrité or les sujets sérieux ne manquent pas

  • Le 30 décembre 2010 à 12:33 En réponse à : GARE SITARAIL : La crise ivoirienne plombe les affaires

    Pour les taxis et les manutentionnaires de la gare, c’est vraiment dommage. Cependant, pour les fruits et légumes, nous sommes un peu trop dépendant de la CI et il faut travailler à inverser la tendance. Nous ne somme certes pas producteurs de café et de cacao mais nous devons être autosuffisants pour la banane, le manioc, les graines,attiéké, aubergines et que sais-je encore. C’est le type de crise qui nous montre que quand vous dormez sur la natte de l’autre, vous dormez à terre. Je connais des femmes burkinabé qui font de l’attiéké au Faso, meilleur qu’au bord de la lagune ébrié. Dans la région du Kénédougou, l’on pourrait mettre l’accent sur la production de banane plantin et de graines de palmiers. Cela évitera à chaque fois d’alarmer la terre entière parce que le train ne roule plus et qu’il y a pénurie de certaines denrées alimentaires. Quand je penseque que ces les bras valides de nos frères qui produisent tout cela ailleurs, il n’y a pas de raison que on ne puisse pas le faire chez nous. Un pays sahélien n’est pas un pays désertique ! Alors faisons en sortes de produire ce que nous voulons manger si on ne veut pas que nos ventres soient toujours pris en otage à toutes les fois qu’il y a 1 crise chez le voisin.

  • Le 30 décembre 2010 à 23:43, par WEndy En réponse à : GARE SITARAIL : La crise ivoirienne plombe les affaires

    Exact nous pouvions produirent plein de choses chez nous(fruits et legumes)mais par manque de volonté politique en la matiere nous sommes restez dependant de nos voisins cotier.

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