Hôtel du Golf : La forteresse quatre étoiles
S’il y a un hôtel en Côte d’Ivoire qui bénéficie d’une pub gratuite ces derniers temps, c’est bien cet établissement quatre étoiles sis au quartier Rivera II d’Abidjan. En effet, pas un seul jour ne passe, pas une heure, devrions-nous dire, sans qu’il y soit fait référence à la radio, à la télévision ou dans de simples discussions. La raison est bien simple : depuis le 2nd tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire, y sont retranchés Alassane Ouattara et ses partisans, dont son emblématique Premier ministre, Guillaume Soro.
En ces lieux, ils sont isolés du reste du monde grâce à un blocus des voies concocté par le clan Gbagbo qui appelle d’ailleurs ironiquement cet endroit la républiquette hôtelière du Golf. Hôtel du Golf … L’évocation rappelle un peu Hôtel Rwanda, ce film retraçant l’action de Paul Rusesabagina, un Hutu, gérant de l’hôtel dix étoiles Les Mille Collines à Kigali, qui abrita et sauva un peu plus d’un millier de Rwandais tutsis menacés par le génocide rwandais de 1994.
Aujourd’hui, l’établissement à Abidjan est une forteresse à l’ambiance militaire avec le vrombissement continue des hélicoptères de l’ONUCI qui effectuent chaque jour plusieurs passages pour ravitailler en nourriture et autres besoins primaires les clients dont la liberté d’aller et de venir s’arrête à la devanture de l’établissement.
Un statut inhabituel pour un coin paradisiaque qui était la première référence à Abidjan d’autant plus que l’hôtel Ivoire a fermé avec la crise ayant débuté en 2002. Suspendus le jeu de golf, le farniente à la plage et les animations musicales exquises. Difficile maintenant d’apercevoir les oiseaux de nuit, qui se sont envolés pour des lieux plus paisibles.
L’hôtel du Golf est-il entré dans l’histoire malgré lui ? Avait-il cependant besoin de porter pareille étiquette ? On se le demande. Il ne reste plus qu’à souhaiter que l’établissement survive au cliquetis des armes et puisse reprendre normalement ses activités.
Rabi Mitbkèta
L’Observateur Paalga