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La CEDEAO et la Côte d’Ivoire : A quoi bon jouer les Rambo de pacotille ?

Publié le dimanche 26 décembre 2010 à 23h20min

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Ils étaient nombreux, les observateurs de la scène politique ivoirienne à pronostiquer la chute imminente du régime de Laurent Gbagbo. Certains, qui semblaient être dans le secret des dieux, avaient même avancé une date butoir pour le voir débarrasser le plancher : le 25 décembre, jour de la fête de la nativité au plus tard.

Une date qui n’était certainement pas avancée au hasard, puisque, on s’en souvient, c’était exactement le 24 décembre 1999 que le général Robert Guéi perpétrait le premier putsch réussi de l’histoire de la Côte d’Ivoire et cela lui avait valu le surnom de Père Noël.

Ainsi certains s’étaient dit qu’il n’y aurait pas un sans deux. Hier, à l’heure où nous tracions ces lignes, Laurent Gbagbo occupait toujours son poste de président légal, bien scotché à son siège en dépit de la forte pression de la communauté internationale et des mesures de coercition financière contre son régime dont la dernière en date est la décision prise par l’UEMOA de permettre aux seuls représentants régulièrement désignés par le gouvernement légitime de Côte d’Ivoire d’effectuer les mouvements sur les comptes ouverts en son nom au niveau de la BCEAO.

A l’allure où vont les choses, le président sortant entendra-t-il raison pour « avoir toujours droit à une sortie honorable » comme l’a affirmé Michelle Alliot-Marie, le ministre des Affaires étrangères de la France ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que, de jour en jour, l’étau se resserre autour du fondateur du Front populaire ivoirien. Houspillé par toutes les grandes puissances du monde, abandonné par tous ses soutiens sous-régionaux, il est plus que jamais un homme isolé au milieu d’une armée qui lui est fidèle jusque-là.

La CEDEAO, qui enjoignait à l’enfant de Mama de quitter son poste, a durci le ton confirmant sa fermeté et sa détermination à en finir avec cette affaire. En effet, réunis à Abuja au Nigeria vendredi dernier pour discuter du dossier ivoirien, les dirigeants de cette organisation sous-régionale ont annoncé l’envoi des présidents Boni Yayi du Bénin, Ernest Koroma de Sierra Leone et Pedro Pires du Cap Vert auprès de Laurent Gbagbo pour une médiation de la dernière chance avant le recours aux armes. Les trois émissaires, qu’on dit proches de lui, réussiront-ils là où bien de médiateurs ont déjà échoué ?

On attend de voir d’autant plus que Laurent Gbagbo ne montre aucune intention de rendre le tablier, s’arcboutant sur le fait qu’il a remporté le second tour, comme l’a confirmé le Conseil constitutionnel, dirigé par un de ses proches. En cas d’échec de cette nième médiation, les chefs d’état-major des pays membres de la CEDEAO vont se réunir pour étudier l’envoi de troupes en vue de déloger le président Gbagbo.

Cela dit, la Côte d’Ivoire n’est pas Enjouan (île de l’Archipel des Comores peuplé de 200 000 habitants) où, on s’en souvient, l’Union africaine, avec le soutien logistique de la France, avait mené une opération pour chasser le colonel Mohamed Bacar du pouvoir. Recourir à une force militaire n’est pas une pratique habituelle de l’institution sous-régionale. En effet, sauf erreur ou omission, excepté l’intervention de l’ECOMOG au Liberia dans les années 90, la CEDEAO n’avait pas eu recours à un tel procédé.

C’est dire que la mise en place d’une telle force n’est pas chose aisée et il n’est pas opportun de chercher à jouer les Rambo de pacotille. Comment cette intervention militaire peut être mise en œuvre pour être efficace ? N’est-ce pas mieux de compter plutôt sur l’étouffement économique et financier ?

D’ailleurs Ahoua Don Mello, le porte-parole du gouvernement Gbagbo, estime cette menace inacceptable, tout en dénonçant un complot du bloc occidental, dirigé par la France. Assurant ne pas croire du tout à un usage de la force par la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest, Don Mello n’a pas exclu le retour à une guerre civile si cette option était mise à exécution.

« La Côte d’Ivoire est une terre d’immigration où tous les pays d’Afrique de l’Ouest ont leurs ressortissants. Est–ce que le Burkina est prêt à accepter le retour de trois millions de ses ressortissants dans leur pays d’origine ? » demande-t-il. Un discours qui a valeur de menaces et qui fait référence à des cauchemars de Burkinabè et d’autres ressortissants de la sous-région chassés d’Eburnie.

Voilà bien une nouvelle équation à résoudre si, d’aventure, Gbagbo refusait de se conformer aux injonctions de la CEDEAO ; une situation qui risque d’accroître les difficultés économiques de la zone et d’embraser la sous-région. Mais sait-on jamais, peut être bien que Yayi Boni et les deux autres chefs d’Etat pourront le raisonner ; tout le monde y gagnerait, surtout que la Communauté internationale est allée trop loin dans cette crise pour accepter de se dédire et de créer un précédent dangereux pour la démocratie.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 27 décembre 2010 à 17:32, par wend waoga En réponse à : La CEDEAO et la Côte d’Ivoire : A quoi bon jouer les Rambo de pacotille ?

    Mmmph !!! Entre attaquer la Cote d’Ivoire malgré la présence de millions de ressortissants des autres pays de l’Afrique,et cette peur viscérale de perdre son fauteuil de NAAM,la Cote d’Ivoire sera attaquée,surtout si Paris l’exige ! Souhaitons seulement que cette démarche de la communauté africaine est une initiative venant uniquement des africains.Comme ca,il y a des chances qu’on pense aux ressortissants étrangers et revoir la démarche.Mais tant qu’elle sera téléguidée par quelque force extérieure,les ressortissants peuvent massivement fuir ou...mourir ! la Cote d’Ivoire sera attaquée !

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