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Côte d’Ivoire : L’engrenage

Publié le vendredi 17 décembre 2010 à 03h44min

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C’était un jeudi classé rouge, celui de tous les dangers. Depuis qu’Alassane Dramane Ouattara et son Premier ministre Guillaume Soro avaient déclaré, en début de semaine, qu’ils iraient prendre le pouvoir au Premier ministère et à la Radio télévision ivoirienne (RTI), tout le monde se demandait de quoi serait faite cette journée du 12 décembre 2010.

Et la question devenait plus lancinante quand ils appelaient leurs partisans à monter aux barricades pour défendre leur choix, celui exprimé lors du second tour de la présidentielle du 28 novembre dernier. En engageant l’épreuve de force, le ticket ADO-Soro, qui voulait forcer le passage, savait pertinemment qu’il prenait un pari risqué, celui de ne pas être suivi par ses militants ou au contraire de les envoyer à l’abattoir si ces derniers s’amusaient à braver les mises en garde des Forces de défense et de sécurité (FDS), restées fidèles à Laurent Gbagbo. Car, sauf reddition sans condition, on ne voyait pas trop comment Laurent Gbagbo, qui a consommé son coup d’Etat électoral, aurait pu laisser faire.

Ce qu’on redoutait a donc fini par avoir lieu, puisque la journée d’hier a été particulièrement dramatique à Abidjan : pneus brûlés, jets de pierres, bombes lacrymogènes, échanges de tirs nourris entre membres de l’Ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) et des FDS autour du quartier général d’Alassane Dramane Ouattara... Bilan, encore provisoire quand nous bouclions, de cette guérilla urbaine, au moins une trentaine de morts, selon France 24, et de nombreux blessés, rien que dans la capitale économique, alors que les manifestations se sont étendues à d’autres localités du territoire comme Tiébissou dans le centre du pays.

Des macchabées qui s’ajoutent à ceux qu’on déplorait déjà avant la tenue du scrutin du 28 novembre et qui viennent grossir la mare de sang qui sépare désormais les deux camps. Plus que jamais, le leader du RDR semble déterminé à récupérer un pouvoir que son adversaire lui a ravi par des contorsions légalistes, et la fracture semble irrémédiablement ouverte entre les deux hommes qui se rejettent, naturellement, la responsabilité du carnage. La Côte d’Ivoire paraît ainsi avoir rendez-vous avec le chaos et, plus que jamais, on se perd en conjectures sur l’issue finale de ce duel à mort entre la légitimité des urnes et la légalité autoproclamée.

C’est dans ces conditions que le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, a promis d’effectuer une mission ce vendredi à Abidjan pour essayer de calmer la tension et de relancer une médiation, sous réserve de l’accord des deux principaux protagonistes. Face aux irrédentismes affichés des deux camps, on se demande bien si cette démarche du Gabonais ne sera pas un coup d’épée dans la lagune Ebrié. Dans tous les cas, le fait que l’étau diplomatique s’est resserré, depuis deux semaines maintenant, reste jusque-là sans résultats apparents.

En rappel, l’Organisation des Nations unies, les Etats-Unis d’Amérique, la France, l’Union africaine, la CEDEAO, qui a exclu la Côte d’Ivoire de l’instance sous-régionale, et le FMI, pour ne citer que ces institutions représentatives de la communauté internationale, ont reconnu la victoire d’ADO au second tour de la présidentielle et appelé Laurent Gbagbo à céder le pouvoir à son rival. Hier jeudi, c’est le Parlement européen qui adoptait une résolution demandant à la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, de prendre de “nouvelles initiatives” pour soutenir Alassane Ouattara. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, est lui aussi sorti de ses gonds en menaçant « d’engager des poursuites contre quiconque serait responsable de violences meurtrières en Côte d’Ivoire ».

Bref, en attendant le dénouement de cette crise, on ne sait quand, c’est qu’au bout du décompte macabre d’hier, les légitimistes ne sont pas parvenus à prendre la citadelle inestimable de la RTI. Maintenant, que nous réserve cette journée de vendredi ? C’est la question que l’on ne peut s’empêcher de poser quand on sait qu’Alassane Dramane Ouattara a appelé ses partisans à poursuivre la mobilisation aujourd’hui en direction du Premier ministère.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 17 décembre 2010 à 09:44, par bouba En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

    La France est en train de contribuer au pourrissement de la situation. Après avoir été ferme au début, finalement c’est elle qui défend Gbagbo dans les Fora européens sous prétexte qu’il faut laisser une porte de sortie à Gbagbo. C’est elle-même qui devrait être parmi les premiers acteurs pour proposer des sanctions contre Gbagbo mais c’est finalement c’est elle qui est en retrait pour défendre Gbagbo. Pourtant elle sait elle-même que Gbagbo ne quittera pas le pouvoir si ce n’est par la force. c’est dommage ce revirement de la France pour des intérêts personnels.

    • Le 18 décembre 2010 à 13:31, par Tapsoba En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

      “Laurent Gbagbo et son epouse(Simone) ont leur destin entre leurs mains.Si avant la fin de la semaine Laurent gbagbo n a pas quitté le poste qu il occupe en violation de la volonté du peuple ivoirien ,ils seront nommément sur la liste des sanctions”,a déclaré le president Sarkozy.“Laurent Gbagbo fait face à des mesures qui l étranglent progressivement :Mr Ouattara a commencé à nommer des ambassadeurs,il y a des sanctions individuelles prises par l UE ,il y a la fermeture des comptes de l Etat,avec la seule reconnue ,celle de Mr Ouattara” a declaré un haut responsable francais.En quoi ces declarations constituent-elles un revirement de la France ? Si la France n a pas voulu qu on inclu momentanement(jusqu à la fin de cette semaine) le nom de Gbagbo sur la liste des 18 personnalités sanctionnées,l objectif est plutot de le laisser une porte de sortie et non un revirement.

  • Le 17 décembre 2010 à 16:34 En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

    je me nomme kone doka jules fonctionnaire de la police national cela fait 4 ans maintenant que je suis engagé au sein d’une des compagnie républicaine de sécurité(CRS) de cote d’ivoire.je ne pouvais pas finir de lire cet article sans faire le commentaire suivant:j’ai relevé dans votre article qu’il n’y a eu aucun mort parmi les forces de défense et de sécurité de cote d’ivoire.mais cher monsieur d’où sortez vous ces informations ?j’ai perdu mon cadet d’arme hier après qu’il est reçu un tire de pistolet automatique d’un manifestant.a yamoussoukro des manifestants on ouvert le feu sur un dispositif faisant un mort coté policier de surcroit un élève policier.a abobo il ya eu trois militaire tué calciné dans leurs maisons alors qu’ils n’étaient pas en fonction.il ya eu d’autre mort dans nos rang dont je ne peux pas vous parler.alors je veux dire une chose vous les journaliste quand vous écrivez certes c’est pour la vente ou pour plaire a un bord politique mais sachez que vous mettez nos vie en danger.moi je suis loin des arènes politique je suis du nord.je sais que si des manifestants tire sur des force de maintient d’ordre a qui les supérieurs ont demandé de ne tirer qu’en cas de légitime défense je peux bien y passer un jour alors que je ne soutient n’y Laurent Gbagbo n’y Allassane Ouattara.je crois qu’il est mieux que vous demandiez aux manifestant de ne pas tirer sur des forces qui sont là pour leur securité.

    • Le 20 décembre 2010 à 02:16 En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

      Doka Jules, si c’est vrai que des corps habilles ont aussi ete tues, la morale de ’ histoire est tres simple : Nul n’a le monopole de la violence ou de la barbarie. A bon entendeur salut.

    • Le 20 décembre 2010 à 16:52, par Rigid En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

      Désolé pour vos frères d’armes. Certes les forces sont là pour la sécurité de la population. Mais qu’en est-t-il des forces infiltrées au sein de l’armée qui somment les manifestants dans la langue anglaise ; qui tirent à bout portant sur les manifestants ; qui contrôlent les cartes d’identité des habitants en s’adressant à eux en anglais. De grâce, votre armée est tachée de mercenaires étrangers et étranges. Comment la population pourrait-elle rester inoffensive si elle ne voit pas en vous des forces qui sont présentes pour assurer leur sécurité ?

  • Le 17 décembre 2010 à 18:08, par Aucksens En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

    Gbagbo est un fou qui a réussi a abrutir et embrigader des consciences dans toutes les composantes de la société ivoirienne : riches, pauvres, jeunes, vieux, femmes, intellectuels, analphabètes, hommes de Dieu,etc... Une belle racaille de fanatiques et illuminés ne jurant que par lui. L’homme est une sorte de gourous et le credo ici c’est Gbagbo ou le chaos ; c’est lui le messie qui doit sauver la Nation ivoirienne, il est le plus intelligent : c’est un génie !
    Cette forte mobilisation de la communauté inter, c’est vraiment la main de Dieu pour secourir un peuple muselie. Si cette mobilisation faiblit, il en sera fait du peuple ivoirien qui devra subir le diktat de cette horde haineuse et orgueilleuse. Gbagbo en stratège se montrera très ouvert a toute négociation, juste pour gagner du temps et espérer le relâchement de la communauté inter et pourquoi pas enregistrer des soutiens conséquents. L’homme est un historien qui est très au faite des revirements spectaculaires de ce qu’il est convenu d’appeler la communauté inter.
    Puisse Dieu venir toujours a notre secours.

  • Le 17 décembre 2010 à 21:57, par baas-ziiri En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

    bonsoir à tous. Quelqu’un peut me dire où se cache le médiateur attitré ? Blaise ne dit rien, la RTB (la nébuleuse) ne dit mot. Aucun chef d’Etat africain ( excepté J. Googluck du Nigéria) n’ose briser le silence. Mon Dieu !!!! Le drame, quand on écoute les commentaires ; certains veulent encore donner raison à Bagbo. C’est grave ! La Cote d’Ivoire n’a pas d’armée. Les généraux embourgeoisés n’ont pas d’ames. Vive l’armée malienne, vive l’armée guinéenne, vive l’armée nigérienne ! Ces armées au moins ont des hommes !!! certains bien connus et d’autres tapis dans l’ombre et prets. ATT, Toumba Diakité, Salou Djibo. Où est IB ? La solution la plus simple pour se débarrasser de Bagbo est celle à la Toumba Diakiaté sauf qu’ici, il faut bien viser et ajouter Simeone, Affi N’guessan, Blé Goudé, Mangou.

  • Le 18 décembre 2010 à 04:17, par Agnes En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

    la france du general degaule a dit que la france n’avait pas d’ami mais des interets, que des interets.
    le principe de base de la démocratie à savoir le respect du choix de la volonté générale. Quand on dit démocratie c’est la liberté de choix d’un peuple, les ivoiriens ont tout faire pour cette démocratie en sortant massivement pour élire leur président.admettre que M. Gbagbo et ceux qui le soutiennent ou approuvent sa décision commettent un double délit en insultant la volonté de la majorité.
    Comment des politiciens peuvent ils demander a un peuple voter pour moi, car nous sommes tous des frères et sœurs d’un même pays et pour le bien etre du peuple et de la Cote d’Ivoire voter pour moi, et quelques jours après les résultats venir prendre des armes et tirer a bout portant en tuant ce même peuple qu’on a courtisé et fait rêver pendant des jours, des semaines lors des campagnes pour les présidentielles ? Pourquoi ? tout cela au nom de quelle democratie ? est-ce la l’heritage que des professeurs d’unversite Lègue a leurs enfants ?

  • Le 18 décembre 2010 à 22:54, par Citoyen En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

    La situation en Cote d’Ivoire devient tres inquietante. Gbagbo est vraiment pret a tout et pousser par sa femme pour garder le pouvoir.
    Ma question est la suivante : Ou est passer le facilitateur de la crise ivoirienne ? On le voit plus depuis le renversement constitutionnel de Gbagbo. Qu’il aille au bout de sa mission pour ramener la paix en CI.
    Pauvres de nous africains !

  • Le 19 décembre 2010 à 15:29, par Koffi En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

    La CEDEAO doit prendre rapidement ses responsabilités et ses dispositions. A savoir l’envoi d’une force militaire pour déloger "l’usurpateur" Laurent Gbagbo du poste qu’il occupe afin de mettre fin à cette violence gratuite et disproportionnée que s’adonnent les forces militaires pro-Gbagbo. Ici, il n’est point question de la communauté internationale, ni des conflits d’intérêts entre grandes puissances, MAIS bel et bien de la "vie" de la population Ivoirienne, leur droit le plus fondamental et le plus élementaire bafoué par un perdant qui refuse de perdre les privilèges que lui a procuré le poste de président de la République.
    Pour ne pas, donc, revoir en Afrique une tuérie gratuite à l’instar de Rwanda, de zimbabwe et autres, pour éviter à ce que la loi de la jungle ne propsère encore une fois dans le continent africain, la CEDEAO doit être ferme et engager une action militaire de grande envergure pour chasser le "charles Taylor francophone", en l’occurrence, Gbagbo Laurent, du pouvoir qu’il usurpe honteusement.

    • Le 20 décembre 2010 à 02:18 En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

      Gbagbo et ses hommes de main savent que leurs jours sont comptes. Ils veulent wa ils veulent pas wa, c’est fini pour eux. Donc actuellement, ils sont comme serpent que tu as coupe la tete par le coup. Tres dangereux surtout qu’ il sait qu’ il va mourir. Donc la communaute internationale doit intervenir pour empecher ce fou a lier avant qu’ il tue trop de gens.

  • Le 19 décembre 2010 à 20:30, par X En réponse à : Côte d’Ivoire : L’engrenage

    Toi tu nas rien compris du tout.

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