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Afrique : A quand un sommet extraordinaire de l’UA sur la démocratie ?

Publié le samedi 18 septembre 2004 à 18h34min

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L’UA a réussi la prouesse de se mettre au chevet de l’emploi à Ouaga. Le sommet extraordinaire sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté qui s’est tenu dans la capitale des Hommes intègres a été salué par toutes les parties prenantes.

Simple autosatisfaction ou reconnaissance légitime d’une rencontre qui a tenu toutes ses promesses, l’avenir dira si Ouaga a véritablement été le tournant décisif de la vie des millions d’Africains qui vivent dans le calvaire du chômage et de ces autres millions qui vivent sous le seuil de pauvreté.

Mieux vaut tard que jamais. Les chefs d’État du continent viennent ainsi de se dédouaner. Il reste que dans la pénible marche de l’Afrique vers un avenir que tout le monde pronostique être prometteur, l’UA, dans ses désormais bonnes intentions affichées, devrait aussi songer à se pencher sur l’état de la démocratie qui, en fait, est le terreau du développement intégral.

Une démocratie boiteuse ne saurait favoriser la prise de décisions pour la promotion de l’emploi et encore moins contribuer à la lutte contre la pauvreté. Sékou Touré (ex-président de la Guinée-Conakry), qui affirmait que son peuple préférait vivre pauvre et libre plutôt que d’être opulent dans la servitude, traduisait ce besoin universel de l’être humain de jouir de tous ses droits.

L’absence de démocratie avec son corollaire de combats politiques permanents d’individus ou de groupes d’individus distrait les dirigeants de l’essentiel, à savoir la conduite des plans et projets de développement. Dans un climat de suspicion, de peur de coup d’État, de phobie de complots, de refus de l’alternance, de culte de la personnalité, de manque de liberté d’expression, de tripatouillage de Constitutions, de guerres civiles, de rébellions, d’agressions, y a-t-il vraiment de la place pour une réflexion pour le développement humain durable ?

Ce n’est un secret pour personne que la marche forcée de l’Afrique vers la démocratie a été imposée au sommet de la Baule. Depuis lors, que de péripéties ! Des conférences nationales souveraines aux forums de réconciliation, en passant par des élections contestées, les marches, les contre-marches, les répressions souvent sanglantes, les pays africains ont tenté d’obéir aux injonctions de l’Occident et aux institutions financières internationales... chacun selon ses réalités.

Justement, ces réalités méritent d’être examinées à la loupe et harmonisées car ce n’est un secret pour personne que derrière ces expressions se cachent des réticences d’aller dans le sens du gouvernement par le peuple et pour le peuple.

En cette ère du village planétaire et de société de l’information, de quelles réalités peut-il s’agir ? On objectera peut-être que les peuples africains ne sont pas encore mûrs pour la démocratie (un sachem blanc disait même que c’est un luxe, pourtant ce sont ces mêmes peuples qu’on appelle à voter), que les opposants cherchent des raccourcis (alors que ce sont les hommes du pouvoir qui allongent le chemin de l’accession de l’opposition au pouvoir), que chez les Africains on ne connaît pas d’ex-chefs (or cela ne concerne que les chefs traditionnels et seulement dans certaines sociétés).

Les réalités dont on parle méritent une analyse approfondie, si tant est qu’elles constituent un frein à l’accélération de la démocratisation généralisée des systèmes politiques en Afrique. L’Europe des 25 actuellement en marche a d’abord débroussaillé ce terrain-là. L’UA a intérêt à lui emboîter le pas pour ne pas continuer de mélanger les torchons et les serviettes et compromettre à terme les bonnes résolutions. Il faudra s’y atteler vite, ne serait-ce que pour devancer les partenaires du continent qui pourraient songer à un deuxième sommet de la Baule.

D’ailleurs, la plupart des dirigeants qui étaient au premier sommet sont encore aux commandes de leurs pays. Si ce n’est pas pour expliquer leur longévité, ils parleront des écueils. Tant qu’à faire, il faut qu’ils le fassent de leur propre initiative.

Journal du jeudi

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