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Compromis à Cancùn sur la lutte contre les effets des changements climatiques : Pourvu que les résultats suivent !

Publié le lundi 13 décembre 2010 à 00h19min

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N2gociations de Cancu

La seizième Conférence des parties de la convention cadre des Nations unies sur le Changement climatique (COP 16) qui se tenait depuis une dizaine de jours à Cancùn au Mexique a accouché le 11 décembre dernier d’un compromis qui laisse, quelque part, entrevoir des perspectives heureuses en matière de lutte contre les effets des changements climatiques. Mais, entre un bon texte et l’application sur le terrain il y a souvent décalage. D’où la nécessité de rester prudent face à l’immense espoir suscité à Cancùn.

Un compromis engageant, à l’exception de la Bolivie, tous les Etats participants (environ 190) sur les actions à mettre en œuvre, à moyen et long terme, en matière de lutte contre les effets des changements climatiques. C’est là le résultat de la 16e Conférence des parties de la convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (COP 16) qui a pris fin le samedi dernier dans la ville mexicaine de Cancùn.
Le texte en appelle entre autres à la mise en place d’un fonds vert pour aider les pays en développement à faire face aux défis des changements climatiques ; à la poursuite les discussions en vue d’une prorogation après 2012 du Protocole de Kyoto invitant les pays signataires (Etats industriels) à limiter leurs émissions de gaz à effets de serre ; à la limitation à moins de deux de degrés la progression de la température moyenne.

A en juger par le précédente Conférence du genre, à savoir Copenhague 2009, qui avait accouché d’une souris, ses participants n’étant pas parvenus à un Accord en bonne et due forme, l’on comprend dans une certaine mesure l’optimisme, suscité, ça et là, par Cancùn.
En tout cas, c’était la joie dans les rangs de certains représentants africains, notamment ceux qui luttaient pour l’accès de leur pays au financement de la lutte contre les effets des changements climatiques. C’est de bonne guerre. 30 milliards de dollars d’ici 2 ou 3 ans, 100 milliards de dollars annuels à compter de 2020. Devant ces annonces alléchantes l’on ne peut qu’applaudir et se mettre à rêver, surtout pour des Etats chroniquement dépendants des financements extérieurs.
Reste maintenant à s’interroger sur l’effectivité de ces financements attendus pour la plupart des Etats développés, surtout que le compromis n’est nullement contraignant.

Les puissances de la planète vont-elles tenir leurs promesses ? Rien n’est moins sûr. Ce n’est pas la première fois que les Etats du Nord prennent des engagements financiers vis-à-vis de ceux du Sud. Par exemple sur la question de l’aide au développement, la France, les Etats-Unis ou autres sont loin d’être réglo. Et aujourd’hui, rien, visiblement, ne prouve que les promesses de Cancùn seront tenues. Surtout que les économies des puissances occidentales restent encore secouées par la crise économique et financière. Dans ces conditions, les résultats risquent bien de ne pas être au rendez-vous à l’heure du bilan. Parce que l’on se demande où les nations développées vont trouver les moyens pour venir en aide à celles du Sud alors qu’elles-mêmes ont manifestement des difficultés à s’en sortir, avec des taux de chômage préoccupants ? Encore que ces pays du Nord doivent également affronter à leur niveau les effets des changements climatiques, ainsi que le défi des énergies renouvelables.

C’est pourquoi, il importe pour nos Etats de commencer à développer des initiatives au niveau régional ou continental pour affronter efficacement les conséquences des changements climatiques ; au lieu de vouloir compter sur le soutien du Nord qui, peut-être, ne viendra pas. Pourquoi pas un Fonds africain de lutte contre les effets des changements climatiques ?
C’est une piste qu’il faudra explorer, surtout avec les belles initiatives des pays comme l’Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe qui ont annoncé, avant l’ouverture même de la Conférence de Cancùn, un financement des programmes d’adaptation aux changements climatiques sur fonds propres. Ces initiatives peuvent bien être consolidées à un niveau régional, voire à l’échelle du continent.

En tout état de cause, il faudrait que les Africains apprennent à relativiser l’impact sur les choses des grandes messes comme Cancùn. Les vraies solutions aux problèmes environnementaux qu’ils vivent ne peuvent venir que d’eux.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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