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Médiation dans la crise postélectorale en Côte d’Ivoire : Thabo M’Béki, l’homme de la situation ?

Publié le dimanche 5 décembre 2010 à 23h14min

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L’Union africaine, après s’être tardivement prononcée sur la situation en Côte d’Ivoire, vient d’y dépêcher l’ancien président sud-africain, Thabo M’Béki, qui connaît bien le dossier ivoirien. En effet, c’est sous la médiation de M’Béki que le principe de la participation au scrutin de tous les signateurs de l’Accord de Marcoussis dont Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié a été accepté par le camp de Gbagbo.

Reste à savoir si cette expérience ou connaissance du dossier ivoirien suffira au prédécesseur de Jacob Zuma pour désamorcer la tension au bord de la lagune Ebrié et amener Gbagbo à s’incliner devant la victoire de son adversaire ADO.

Visiblement, Thabo M’Béki, ancien médiateur de la crise ivoirienne, dans la nouvelle mission qui vient de lui être confiée par l’Union africaine (UA), ne devrait pas, à en juger par les faits passés, avoir du mal à parler à Gbagbo, considéré comme le principal obstacle au respect des résultats du scrutin présidentiel ivoirien donnant la victoire à Alassane Dramane Ouattara (ADO). Le président M’Béki entretenait tellement de bons rapports avec la famille présidentielle ivoirienne qu’il a été, à tort ou à raison, taxé par d’aucuns de partisan dans sa médiation.

Des griefs qui ne l’avaient pourtant pas empêché d’obtenir d’importantes concessions de la part de Gbagbo, notamment la participation d’ADO au scrutin. Et si aujourd’hui, à travers le monde, les uns et les autres parlent, avec autant de passion et de conviction, de la victoire d’Alassane Ouattara, c’est parce qu’il y a eu cette concession importante arrachée sous l’égide de l’ancien président sud-africain. Mais, pour autant, cela suffit-il à faire de lui l’homme de la situation ? Rien n’est moins sûr. C’est vrai que les hommes sont ce qu’ils sont (toujours imprévisibles), mais manifestement, l’UA ne pouvait trouvait meilleur médiateur que M’Béki, surtout à un moment où le camp présidentiel ivoirien s’est pratiquement, par son entêtement à garder le pouvoir en dépit de la vérité des urnes favorable à ADO, mis à dos la communauté internationale.

Dans, ces conditions, il fallait évidemment quelqu’un qui puisse avoir la confiance des parties en conflit. En outre, le médiateur de l’UA est bien placé pour faire entendre raison à son « ami » Gbagbo, en ce sens qu’il dispose d’une expérience en la matière. Le contexte n’est pas tout à fait le même, mais M’Béki a dû lui aussi, contre son gré, céder le pouvoir à son farouche adversaire, Jacob Zuma. En son temps, l’ex-président de la nation arc-en-ciel ne s’était pas fait prier pour s’incliner devant la volonté des membres de l’ANC qui au cours d’un congrès avaient opté majoritairement pour Zuma. M’Béki n’était pas en fin de mandat, mais il en a pris acte et, en beau perdant, s’est éclipsé de la scène politique sud-africaine.

Ce qui ne l’empêche pas aujourd’hui d’être encore au service de son pays et de l’Afrique. Certes l’Afrique du Sud n’est pas la Côte d’Ivoire, mais à observer objectivement la situation ivoirienne avec tous les soutiens apportés ADO et l’isolement grandissant du camp de La majorité présidentielle (LMP), l’on peut penser que Gbagbo est mûr pour une négociation devant lui permettre de sauver encore honorablement la face. En tous les cas, comme a su bien le relever Albert Mabri, porte-parole d’Alassane Dramane Ouattara, « La sagesse finit toujours par gagner les hommes ».

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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