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République Arabe Saharaoui Démocratique : Le séisme sud- africain

Publié le vendredi 17 septembre 2004 à 06h42min

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La République arabe saharaoui démocratique (RASD) peut se frotter les mains, même si la question de son indépendance reste problématique. La diplomatie sud-africaine s’est mise en branle et, contre toute attente, l’a reconnue comme entité à part entière, lui conférant ainsi le sacro-saint principe de "liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes" .

Depuis plusieurs décennies, cette "république en herbe" a été mise à la touche par de nombreux pays africains et occidentaux. Elle a même été considérée comme un gâteau à partager, créant ainsi des appétits voraces et des querelles de leadership. On se souvient que l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie s’étaient disputés cet espace territoriale, avec la bénédiction de mains extérieures.

Aujourd’hui, seul le Maroc se bat bec et ongles pour contrôler cet Etat en gestation. Et il n’est pas prêt de lâcher prise d’autant plus qu’il a la bénédiction des Etats- Unis, de la France et de la Grande-Bretagne.

La position de l’Afrique du Sud est donc très courageuse et traduit sa capacité à résister à certains dinosaures occidentaux qui veulent coûte que coûte dicter leur volonté à l’Afrique. Au moment où ce continent, sous les auspices de l’Union africaine, semble avoir pris le ferme parti de réinventer son avenir, il est temps que le Maroc puisse, en toute légalité, s’inscrire dans cette logique.

Et il faut évidemment que les Etats africains évitent tout calcul politicien face à cette énigme territoriale qui risque de dégénérer en zone de turbulences.

La RASD qui veut, à l’image des autres peuples, jouir de son droit à l’autodétermination, est-elle victime des réflexes coloniaux marocains ? A cause de cette affaire, en tout cas, le Maroc avait même claqué la porte à l’Organisation de l’unité africaine (OUA) dans les années 80. Depuis cette période, il n’a cessé de bouder l’Union, convaincu sans doute que la RASD lui revient de plein droit.

Mais le hic, c’est que le problème perdure et il importe de trancher pour éviter une éventuelle escalade de la violence. D’autant plus que le Front polisario qui revendique aussi cet espace, n’est pas prêt de lâcher du lest.

Si l’Organisation des Nations Unies était allée au bout de son idée d’organiser un référendum, la situation aurait pu être réglée depuis longtemps. Mais cette promesse a vite été renvoyée aux calendes grecques. Comme si l’Afrique était un continent de seconde zone, où il faut attendre que le pire se produise avant de réagir.

L’Afrique du Sud fait donc oeuvre utile en replaçant le débat sur la place publique. A l’heure où l’Union africaine pose les bases d’un édifice continental nouveau, il est impératif que ce problème soit passé au crible et définitivement résolu.

Certes, l’Afrique elle-même est divisée face à cette question, preuve qu’il s’agit d’une préoccupation majeure. Mais ce qui manque le plus, c’est ce geste ultime qui balaie les appréhensions, situe les responsabilités et fait triompher la justice. Si la communauté internationale veut s’inscrire dans cette logique, elle doit inéluctablement se débarasser de toutes les considérations mesquines.

Tout est question de volonté politique et de détermination farouche à bouter loin de l’espace africain, la mauvaise foi et la propension à vouloir maintenir ce continent, berceau de l’humanité, dans une situation d’éternelle dépendance. C’est une condition sine qua non pour que l’Afrique noue résolument avec le développement durable.

Sinon, il continuera de végéter à la périphérie des grands enjeux mondiaux. Il faut donc éviter que cette "plaie" ouverte à propos de la République arabe saharaoui démocratique ne vide le "corps" de son sang. Il s’agit là d’une situation d’urgence qui interpelle l’humanité entière.

Le Pays

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