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Hérauts de la Volta Faso : Des voix qu’on ne saurait oublier sur une compilation musicale

Publié le vendredi 3 décembre 2010 à 02h23min

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L’oeuvre a été dédicacé le samedi 27 novembre 2010 à Ouagadougou. Elle porte le nom, « Hérauts de la Volta Faso ». Une compilation musicale originale de plus 20 titres portant la voix d’illustres personnalités qui ont marqué ou qui marquent encore l’histoire du Burkina Faso. Pour en savoir davantage sur cet album, nous avons rencontré Richard Tiené, un des initiateurs de cette oeuvre produite par « Option musicale pour le développement de l’Afrique » (OMD Afrique).

« Hérauts de la Volta Faso », c’est le titre de l’album que vous venez de faire sortir. Pouvez-vous nous présenter cette compilation musicale ?

Richard Tiené : "Hérauts de la Volta Faso" avec à la fin de Hérauts « auts », est une compilation musicale qui regroupe des archives de voix de personnalités qui ont marqué l’histoire de notre pays depuis les années 50. On retrouve dans cette compilation, des personnalités historiques comme Ouezzin coulibaly, Nazin Boni, le Pr joseph Ki-Zerbo et tous les chefs d’Etats du Burkina Faso. Il y a aussi et des personnalités vivantes comme Laurent Bado, Hermane Yaméogo, le général Tiémoko Marc Garango, maître Pacéré... La compilation regroupe 20 titres avec en plus, les deux hymnes nationales et un clip des extraits des discours de chaque acteur. Il y a des chansons qui s’étalent sur plus de 10 minutes de discours. Les discours ont été pris dans des contextes spécifiques. Il n’y a pas d’artiste qui par la voix accompagne ces hommes. Ce sont exclusivement les personnages qui s’expriment sur des notes de Kora, de balafon, de flute, de Bendré, etc. Le tout a été enregistré au studio « Wend Konta » de l’artiste Bilgo. Nous avons préféré « Hérauts » plutôt que héros parce que nous n’avons pas l’ambition de juger de la bravoure de ces personnes par rapport à leurs actions. C’est un « Héraut » messager dont le but est de faire en sorte que l’on garde en mémoire ces personnalités qui ont marqué l’histoire du Burkina Faso.

Quel est l’intérêt d’une telle oeuvre ?

Richard Tiené

Richard Tiené : Nous nous inscrivons dans la logique du devoir de mémoire. C’est vrai que la sortie de l’oeuvre coïncide avec la célébration du cinquantenaire. Mais nous avons commencé la collecté des données depuis 3 ans. L’intérêt est de pouvoir entendre des voix d’illustres personnes à l’image de Nazi Boni. On le connaît beaucoup plus comme l’écrivain, l’auteur du « crépuscule des temps anciens ». Mais l’homme en tant que président de l’Assemblée territoriale à l’époque est méconnu par une bonne franche des jeunes. C’est la même chose que Ouezzin coulibaly dont un lycée de Bobo-Dioulasso porte le nom. Il y a des écris sur l’homme, mais peu de choses sur sa voix. Aussi, c’est susciter des réflexions sur ce que ces gens ont dit, pensé, a l’idéologie véhiculée par rapport au contexte.

Comment êtes-vous parvenu à récolter les données sur ces personnages ?

Richard Tiené : Nous avons eu beaucoup de difficultés à ce niveau. Il y a des données obtenues à l’INA de France, à l’IFAM de Dakar et des données au plan national à la RTB section radio avec la collaboration du directeur Ouezzin Louis Oullon qui a mis ses archives à notre disposition. On a reçu aussi au plan national, des archives de radio Pulsar, du Centre national de presse Norbert Zongo. Certains documents étaient de mauvaise qualité et il a fallu les traiter pour avoir un rendu convenable. Il y a également des archives que nous étions contraint d’acheter avec des personnes morales ou physiques.

Quels sont les soutiens dont vous avez bénéficié pour la sortie de cette compilation ?

Richard Tiené : Pour un budget prévisionnel estimé à huit millions, nous n’avons reçu aucun financement. Nous avons approché certaines institutions. Nous avons également contacté des sociétés de téléphonie mobile mais seule une d’entre elles nous a répondu et défavorablement. Ce qui est regrettable, c’est que dans certains cas, nos demandes n’ont même pas eu droit à des réponses. Notre objectif n’est pas de demander de l’argent mais de nous aider à diffuser l’oeuvre. C’est essentiellement sur le financement propre des membres de l’Association Jeunesse consciente qui porte le projet dont je suis le secrétaire général que la compilation a pu voir le jour. L’idée est de produire des oeuvres distribuées gratuitement aux médias pour diffusion. Cela va des documentaires, aux chansons thématiques etc. Et c’est justement le volet musical de cette association qui donne « Option musicale pour le développement de l’Afrique » (OMD Afrique) qui a réalisé cette compilation. Mais nous avons déjà réalisé d’autres compilations que nous avons mises à la disposition des médias pour diffusion.

Comment peut-on se procurer cette compilation ?

Richard Tiené : C’est une oeuvre gratuite. Vu nos moyens limités, nous avons choisi de passer par les médias pour faire l’écho de cette production. Mais l’idéal aurait été qu’on ait les moyens pour dispatcher l’album à tous les organes de presse du Burkina Faso. Mais malheureusement, nous nous sommes vus obligés de produire en quantité limitée et c’est à peines si on arrive à remettre des CD aux radios de la capitale. On aurait aimé que le maximum de personnes puissent avoir ces CD. A la limite, nous nous contenterons de gravures pour ceux qui nous le demanderont.

Avez-vous un appel particulier à lancer ?

Richard Tiené : Il a été dit dans notre document que « tant que les lions n’auront pas leurs historiens, les histoires de chasse tourneront toujours à l’avantage du chasseur » qui recevra certainement les éloges au détriment du lion. Il y aura des histoires de chasse qu’on ne saura jamais. On s’inscrit dans cette dynamique de restitution de notre mémoire. Cette compilation est une première étape. Les personnages que nous avons choisi peuvent ne pas faire l’unanimité. On est conscient de la subjectivité de notre démarche et nous assumons. Pour le reste, il y a un deuxième volume en 2011, un 3e et ainsi de suite. Mais tout dépendra de l’intérêt que les uns et les autres porteront à cette initiative. Notre rêve serait qu’au Burkina Faso, on dispose enfin d’une institution qui aura pour objectif principal de collecter tout ce qui est archive.

C’est vrai qu’il y a le service des archives mais, il faut une autre institution qui s’intéressera à la collecte de données beaucoup plus large pour les mettre à la disposition du grand public. J’espère que les gens nous prendrons au sérieux avec cette oeuvre. On peut estimer que ce sont des plaisantins qui ont trouvé un bon filon pour se faire de l’argent. D’autres penseront que cela n’en valait pas la peine, que c’est de la naïveté ou du patriotisme. Je précise aux uns et aux autres que nous avons sacrifié un certain nombre de plaisirs qu’en tant que jeune, on aurait pu se permettre. Cette compilation vient d’abord de la volonté de faire quelque chose qui puisse marquer la conscience et c’est avec fierté que nous assumons entièrement l’acte que nous avons posé.

Antoine W Dabilgou

Lefaso.net


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