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ARSENE BOGNESSAN YE, DIRECTEUR REGIONAL DE CAMPAGNE DE BLAISE COMPAORE : "Les promesses faites seront tenues"

Publié le lundi 29 novembre 2010 à 01h59min

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Baptême du feu réussi pour Dr Bognessan Arsène Yé. Après une traversée du désert, le lion de Bagassi, revêtu de son double manteau de commissaire politique du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dans la région de la Boucle du Mouhoun et de directeur régional de campagne du candidat Blaise Compaoré, a rugi à l’occasion de l’élection présidentielle du 21 novembre 2010. Avec son équipe et toutes les forces coalisées, il a procuré un taux de suffrage de 83,80% au candidat Blaise Compaoré. Dans l’entretien qu’il nous a accordé après moult rendez-vous manqués, il n’a pas caché son satisfecit. Tout en dédiant cette victoire quoique provisoire au candidat, il confesse que c’est une renaissance pour lui dans la région et de bonnes bases de départ pour les actions à venir.

"Le pays" : La fièvre de l’élection présidentielle de 2010 va certainement tomber d’ici quelques jours avec la proclamation officielle des résultats. Quels enseignements personnels tirez-vous à chaud ?

Dr Bognessan Arsène Yé : Je dois d’abord dire qu’en tant que commissaire politique régional du CDP et en tant que directeur régional de la campagne de la Boucle du Mouhoun, cela a été pour moi une occasion très importante de renouer, dans mes nouveaux rôles, avec la population. C’est vrai que j’ai toujours été militant du CDP et j’ai toujours fait les campagnes présidentielles, mais depuis un bout de temps, j’étais un peu en retrait. L’élection présidentielle a été une occasion pour moi de renouer avec toutes les structures des différents partis qui soutiennent le candidat Blaise Compaoré. Une occasion également de renouer même avec les militants et militantes de notre cadre politique du CDP qui nous ont toujours soutenus dans l’action quotidienne. Elle a été une expérience assez enrichissante du point de vue de la mobilisation que des voix qu’il fallait acquérir.

Quelles comparaisons faites-vous entre la présidentielle de 2010 et les précédentes organisées sous la IVe république ?

Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, c’est une élection qui s’est faite avec la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB). De par le passé, c’était la carte de famille, le permis de conduire ou l’acte de naissance. Je dois dire que déjà, l’acquisition de la CNIB nous a mobilisé et nous a créé des difficultés qui ont fait qu’il fallait prendre certaines initiatives afin d’amener le maximum de gens. Certains n’ont jamais été habitués à vivre avec une CNIB et ne voient même pas d’utilité à l’acquérir non pas seulement pour le vote, mais aussi pour les différentes activités de la vie quotidienne. En tant qu’homme politique, le centre d’intérêt de l’acquisition de la CNIB, c’est d’abord pour le vote. La Boucle du Mouhoun fait partie des régions où on s’est attelé à cette opération et l’ensemble des provinces se sont acquittées de cette tâche avec beaucoup de sérieux, de responsabilité et en tant que directeur politique régional du CDP, je suis très content.

Selon les résultats provisoires, le taux de participation dans votre région est de 52,35% et votre candidat a crevé le plafond avec 83,80%. Ce taux vous satisfait-il ou est-il en déçà de vos attentes ?

J’en suis très fier parce que je me dis d’abord que la liste électorale aurait dû se limiter à ceux qui ont acquis la CNIB avant le vote. Mais comme dans le cas précis la carte nationale d’identité pouvait être acquise jusqu’à la dernière heure du vote, nous avons été un peu tributaires de cette situation. Sinon, si on avait vraiment arrêté une liste électorale avec la liste de ceux qui ont la CNIB et qui ont la carte d’électeur, j’étais sûr qu’on aurait des taux de participation de 70% à 80 %. Maintenant que c’est la liste initiale où certains se sont inscrits avec la CNIB, d’autres avec l’acte de naissance, néanmoins nous avons des taux très forts qui vont d’environ 64% pour la première province à 46% ; ce qui est très respectable.

Quant à l’élection de façon générale, sur un nombre d’inscrits de 295 000 environ, un nombre de votants de 164 376 et un nombre de suffrages exprimés de 149 932, notre candidat Blaise Compaoré s’en sort avec plus de 120 000 voix. Ce qui est honorable et ce qui nous donne un taux de 83,80%. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans les autres régions mais je pense que c’est un score qui est, en tout cas, honorable puisque supérieur au taux avec lequel il a été élu en 2005 à savoir 80,5%. Nous sommes à 83,8 % dans la Boucle du Mouhoun. En tant que directeur régional du candidat, je suis très fier et très content du travail que nous avons réalisé.

Votre candidat a été soutenu par une coalition de partis et d’associations. Tout s’est-il bien déroulé sur le terrain de la mobilisation pendant les trois semaines de campagne ou avez-vous été confrontés à des frictions de part et d’autre ?

Cela n’a pas été facile. Dans tout regroupement, les difficultés sont inévitables. Quand quelque chose est nouveau, cela fait peur et ce que j’ai constaté, que ce soit au niveau du CDP, de l’ADF-RDA, de l’AMP ou de la FEDAP-BC, au début, il y avait beaucoup de méfiance. C’est normal. Mais en tant que premier responsable, j’ai fait de mon mieux pour créer le climat de travail où la méfiance a diminué pour finir par tomber. Si vous demandez à mon adjointe de l’ADF-RDA qui est la secrétaire générale de l’ADF-RDA, elle vous dira que nous avons travaillé dans la plus grande collaboration. C’est la même chose pour les partis de la mouvance présidentielle. La victoire, nous la dédions d’abord à notre candidat, Blaise Compaoré, ensuite à tous ces partis politiques, aux associations et à cette nouvelle initiative qui a permis à beaucoup de partis de travailler ensemble pour cette victoire.

Un retour gagnant pour vous qui aviez été longtemps « noyé » comme l’ont affirmé vos adversaires tout au long de la campagne lors des différents meetings à Dédougou…

En tant que directeur régional, je ne peux que me réjouir. Je sais que nous ne sommes pas les meilleurs actuellement, mais je suis content du travail que nous avons effectué. Pour moi-même c’est une fierté parce qu’ayant été en hibernation pendant quelque temps. C’est comme une renaissance dans la région et je dois dire que c’est une bonne base de départ pour les actions à venir.

A moins d’un cataclysme, Blaise Compaoré se succédera à lui-même. Si d’aventure le Conseil constitutionnel confirme cela, y aurait- il des dispositions afin que les promesses faites soient tenues ?

Je tiens à vous faire une précision. On a toujours confondu les vœux de la population aux promesses de notre candidat. D’ailleurs, dans la campagne que j’ai menée, j’ai décidé de ne pas confondre les vœux de la population avec les promesses du candidat, parce que c’est ce qui nous est arrivé en 2005.

On a dit que Blaise Compaoré a promis ceci ou cela, alors qu’en réalité, Blaise Compaoré avait pris dans chaque localité qu’il a parcourue, un recueil de souhaits formulés par la population. A son tour, il a essayé de voir comment mettre en adéquation les souhaits formulés par les populations avec la réalité. Les promesses faites au cours de la présente présidentielle seront tenues. Par exemple, il a dit que tous les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) seront transformés en centres médicaux dans le prochain quinquennat. Cela sera fait. Il a également dit que l’électrification rurale sera réalisée dans toutes les communes. Je pense que l’interconnexion avec la Côte d’Ivoire qui est déjà au niveau de Pâ va certainement accélérer les choses. Nous avons beaucoup de localités qui sont déjà électrifiées grâce à cette interconnexion qui va traverser les villages de Bagassi, Safané, Ouarkoye, Kona, etc.

Je pense qu’on pourra réaliser cela à 100%. Blaise Compaoré a promis un certain nombre de choses comme l’université de Dédougou en 2011. Ce temple du savoir universitaire de Dédougou sera ouvert. Même si les bâtiments ne sont pas prêts, c’est sûr qu’on prendra des dispositions pour que les cours débutent. Les populations ont demandé un gynécologue. Dès le lendemain du meeting, le ministre de la Santé m’a appelé pour me dire que dans la prochaine promotion, il y aura un gynécologue qui sera affecté à Dédougou de même qu’un pédiatre. Ce sont des choses faisables. Maintenant, ne confondons pas cela avec les vœux des populations. Il y a aussi des réalités. Nous sommes dans un contexte national et international de crises à répétition (crise alimentaire, etc.) De ce fait, un certain nombre de choses vitales seront réalisées dans le prochain quinquennat.

Le CDP / Mouhoun continue d’être miné par des querelles intestines, des querelles de clochers, des querelles de leadership. La potion magique sera-t-elle trouvée d’ici les prochaines élections municipales et législatives prévues dans 18 mois ?

Y a-t-il une formation politique qui n’est pas minée par des querelles ? Je pense que c’est de cela que naît le mouvement. C’est de la contradiction que naissent les mouvements. Je pense que les querelles sont normales et il faut savoir les gérer et les catalyser dans le sens de l’intérêt général. C’est ce à quoi nous nous attèlerons. Evidemment, il y aura des forces centrifuges dans ces mouvements, mais nous nous attèlerons à ce que le résultat final soit dans l’intérêt du plus grand nombre.

Propos recueillis par Serge COULIBALY

Le Pays

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