Certes, il y a eu des accrochages sanglants ici et là et l’on ne semble pas encore voir le bout du tunnel. Il reste la validation ou non des résultats du second tour par la Cour suprême guinéenne. Une phase importante, décisive mais surtout redoutable en ce qu’elle consacrerait l’un des deux candidats, président de la république et renverrait l’autre se préparer pour les prochaines échéances électorales en tant qu’opposant.

Mais dans ce pays, il règne aujourd’hui un calme olympien ; un calme qu’on doit en grande partie à la fermeté du Général Sékouba. En effet, comme pour montrer qu’il ne veut rien laisser au hasard, il a commencé par placer le pays sous état d’urgence depuis le 17 novembre dernier suite à des violences électorales malheureusement meurtrières. Ensuite, les deux dernières mesures, l’une consistant à fermer les frontières terrestres, maritimes et fluviales du pays et l’autre se rapportant au limogeage par décret du chef d’état-major général adjoint des armées, Aboubakar Sidiki Camara achèvent de rassurer que Sékouba et ses hommes sont déterminés à mener la Guinée à bon port.

En attendant d’en savoir plus sur les raisons profondes du limogeage du Général Camara, puisqu’aucune raison officielle n’est invoquée pour justifier son départ, l’on peut se permettre des spéculations. En effet, les rumeurs vont bon train à Conakry, selon lesquelles les militaires réclameraient des postes ministériels à Alpha Condé ou même qu’ils ne seraient pas prêts à céder le pouvoir à un civil, sans garanties. Des rumeurs qui, si elles étaient fondées, ne présageraient rien de bon pour le futur locataire du palais de Conakry. Ainsi, soit le Général Camara a longtemps eu une position sournoisement partisane dans le conflit ethnicopolitique qui oppose Condé et Diallo, soit il fomentait un complot à son propre compte.

Dans un cas comme dans l’autre, en mettant Camara en quarantaine, celui-là même dont on dit qu’il fait partie des hommes les plus respectés des casernes guinéennes, Sékouba montre aux militaires guinéens, qui ont très souvent la gâchette facile, qu’ils ne peuvent plus continuer de faire la pluie et le beau temps. Et à bien des égards, le Général Konaté semble l’homme qu’il faut à l’armée guinéenne. En tout cas, avec l’opiniâtreté qu’on lui connaît, il vient toujours à bout de tout trouble. Même sur son lit d’hôpital au Maroc où il est allé pour des soins, Sékouba continue d’exercer un regard acéré sur la situation de son pays. Puisse son autorité, qui semble jusqu’ici immarcescible, continuer de peser de son poids pour que la Guinée sorte de sa crise ! C’est tout le mal que l’on souhaite au peuple guinéen.

Boulkindi COULDIATI

Le Pays