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Côte d’Ivoire : Attention, danger !

Publié le lundi 29 novembre 2010 à 02h14min

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Hier dimanche 28 novembre 2010, les Ivoiriens sont allés pour la seconde fois aux urnes départager les deux finalistes du premier tour de la première présidentielle véritablement démocratique de leur histoire.

Au moment où vous parcourez ces lignes, les résultats provisoires officiels ne sont toujours peut-être pas connus, les grandes tendances peut-être. Mais l’attente ne devrait pas être si longue, vu que, cette fois-ci, la Commission électorale indépendante (CEI) n’aura à statuer que sur les suffrages de deux candidats : le président sortant, Laurent Koudou Gbagbo, de la majorité présidentielle (LMP) ; et Alassane Dramane Ouattara du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Plus que le verdict des urnes, tout au moins autant, c’est l’ambiance postélectorale qui turlupine aussi bien les Ivoiriens que les observateurs étrangers de la scène politique de cette Côte d’Ivoire, hier havre de paix, aujourd’hui pétaudière capable de s’embraser à la moindre étincelle. Sur l’échelle des risques, l’alerte sur les bords de la lagune Ebrié a viré, ces jours-ci, au rouge sang ; tant la ligne de feu entre les deux camps adverses était paroxystique.

Pour autant fallait-il désespérer d’une élection apaisée ? En tout cas, des signes d’espoir incitaient à entrevoir l’avenir avec sérénité : étaient de ceux-là le mémorable face-à-face télévisé, jeudi 25 novembre dernier, entre les deux challengers, Laurent Koudou Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara. Pour beaucoup de ceux qui ont suivi les débats, l’optimisme était de mise.

A l’annonce de ce duel médiatique, on redoutait un combat de fauves aux canines limées et aux griffes acérées ; au finish, on a été gratifié d’un beau spectacle entre éléphants, rameau d’olivier au bout de la trompe : pas d’invectives ad hominem, contrairement à ce qu’on appréhendait ; pas de coups au-dessous de la ceinture attendus non plus, pas d’incitation à la haine présagée.

Cerise sur le gâteau, les protagonistes se sont engagés, chacun, à se soumettre au verdict des urnes, un serment réitéré devant le facilitateur dans la crise ivoirienne, Blaise Compaoré, à Abidjan la veille du scrutin. Suprême élégance digne des grandes démocraties, ils se sont même donné des accolades à la fin de ces joutes verbales télévisées. De l’inédit, s’il en est, sous nos tropiques et dont se vanteront, à juste titre, les Ivoiriens.

Mais gardons-nous, pour l’instant, de délivrer aux deux hommes le brevet de l’honorabilité républicaine. Car, hélas, l’histoire nous enseigne qu’en politique, la parole d’aujourd’hui n’est pas toujours celle de demain. Et dans le cas d’espèce, il est difficile de distinguer la sincérité de l’hypocrisie.

C’est vrai qu’au petit écran, le président sortant et l’ex-Premier ministre ont, tous deux, montré qu’ils ont une stature d’homme d’Etat. Mais on ne peut s’empêcher de se demander si derrière cette image d’Epinal ne se cachent pas quelques manœuvres machiavéliques : et si toutes ces bonnes postures, certainement travaillées et retravaillées à l’avance, ne procédaient que de simples calculs à la petite semaine ? et si toutes ces civilités participaient d’une perfide stratégie de com. politique, ou d’une diabolique opération de séduction ? En un mot comme en mille, et si tout cela n’était que de la farce ?

Autant de questions dont la charge pessimiste n’enlève rien à leur pertinence ; car comment positiver alors que les informations font état d’une course frénétique aux armements de tous genres ? (armes à feu, armes blanches, gourdins truffés de pointes, machettes et nous en oublions) ; oui, comment rester zen face à la vague de violences (6 morts selon le général de corps d’armée Mangou) qui a précédé le scrutin à Abidjan et à l’intérieur du pays ? enfin, comment se rasséréner lorsque tout semble indiquer que le face-à-face n’a eu aucun impact sur le comportement des électeurs ?

Gbagbo et Ouattara ont-ils perdu tout contrôle sur leurs partisans ou ont-ils tout simplement rusé avec les téléspectateurs ? C’est sans doute pour limiter les morts d’hommes et les casses que le président Gbagbo a décrété un couvre-feu, de la veille du scrutin au mercredi prochain, sur toute l’étendue du territoire ; une décision que n’approuve pas le camp adverse : dans le nord du pays, fief du candidat Alassane Ouattara, la mesure de sécurité a été purement et simplement foulée aux pieds.

Jamais, depuis l’éclatement de la crise en 2002, la Côte d’Ivoire n’a été tout aussi proche que loin du bout du tunnel. Réussira-t-elle à triompher de ses vieux démons ? Les jours à venir nous le diront.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 29 novembre 2010 à 22:55, par simpos En réponse à : Côte d’Ivoire : Attention, danger !

    Nou n demandon que les 2 candidat fass tou pour préservé la paix en Cote d’Ivoire. Mais que cache ce silence de la ceni ? Car depuis longtemps les resultats provisoire devaient être disponible. Attention aux trucages SVP.

  • Le 1er décembre 2010 à 13:05, par mathias En réponse à : Côte d’Ivoire : Attention, danger !

    voilà le point de vue du pouvoir dans un journal ivoirien et qu’on ne fait pas passer dans les médias internationaux, accusant seulement les éléments du FPI. tout cela est faux.

    L’INTER Scrutin présidentiel 2ème tour : Pourquoi les résultats n’ont pas été proclamés hier ? Le film d’une folle journée
    Les Ivoiriens auront attendu en vain la proclamation des résultats du second tour du scrutin présidentiel, hier. Contrairement à la promesse faite, la veille, par le porte-parole de la Commission électorale indépendante (CEI), Bamba Yacouba, l’émission ‘’spécial élection’’ au cours de laquelle les résultats consolidés sont rendus publics, n’a pas eu lieu à 10h comme prévu. En lieu et place, la télévision ivoirienne a plutôt plié bagage du siège de la CEI d’où elle émet directement pour donner les tendances. Selon les informations reçues, les premières tendances sur la diaspora, rendues publiques par M. Bamba Yacouba, lundi soir, n’auraient pas suivi la procédure normale de validation avant d’atterrir sur le plateau de la télévision. Ce manquement aurait fâché les partisans du camp présidentiel, notamment le président de la République. D’où le retrait systématique de la télévision du siège de la CEI pour, à en croire nos sources, ‘’éviter une manipulation’’. La nouvelle de ce départ de la télé de la CEI a très vite fait le tour de la ville. Elle a commencé à alimenter les débats et supputations. Pour les uns, Laurent Gbagbo, convaincu désormais de sa défaite, veut faire un hold-up électoral. Surtout que dans le même temps, on annonce la délocalisation des décomptes et la consolidation des procès verbaux rapportant les résultats du siège de la CEI au ministère de l’Intérieur. Dans la foulée, la guerre des chiffres fait rage entre les deux camps. Peu avant midi, jusque dans la soirée, c’est le RHDP que de folles rumeurs proclament gagnant avec 56 % des suffrages. Au Quartier général (QG) de LMP, l’on ne semble pas se préoccuper de ces chiffres. L’ambiance est à la veillée d’armes. L’attente semble si longue et l’anxiété se lit sur les visages des militants désarçonnés. L’atmosphère est un peu détendue par le point des violations subies que des représentants en zones CNO (Centre-Nord-Ouest) font à la presse en présence du public. Celui-ci se soulage quant à un éventuel aboutissement des requêtes et une annulation des voix dans les zones concernées. Place donc aux statistiques pour voir ce que cela pourrait peser contre l’adversaire. A l’hôtel du Golf, où il est à nouveau basé, le QG du candidat du RDR soutenu par le RHDP ne grouille pas de monde. Le dispositif de concert déployé attend encore le résultat final pour être mis en branle. Quelques militants en groupuscules discutent de la situation. Au cœur des causeries, ‘’le plan du camp présidentiel pour braquer les élections’’. A part ces causettes, point d’ambiance particulière. La même attente des résultats, mais avec quelques assurances sur le visage des militants. Ont-ils eu vent des chiffres ventilés dans la ville ? Possible. Dans la soirée, les sons cette fois, vont provenir du camp présidentiel. Le candidat de LMP est donné gagnant avec 51,52%, selon des sources. Et d’autres plus tard de confirmer cette victoire, mais avec un score de 52,48%. Qui dit vrai ? A la CEI, il n’y aura plus rien à savoir. C’est plutôt la bagarre entre les commissaires qui ont du mal à s’accorder. Sur quoi ? Là aussi, mystère. Finalement, les Ivoiriens sont restés dans l’expectative. Espérant connaitre, enfin, le nom de leur futur président aujourd’hui. Date buttoir pour la CEI, qui a jusqu’à minuit pour livrer le verdict. Avant que le Conseil constitutionnel ne s’auto-saisisse et ne penne tout le dossier en main.

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