En un mot, la Gambie n’a plus de relations avec l’Iran, et cela sans aucune raison officielle. La seule piste, en l’état actuelle des choses, conduit vers cette mystérieuse affaire d’armes illégales saisies par le Nigeria. En octobre dernier, en effet, les autorités nigérianes avaient arraisonné un navire en provenance d’Iran, transportant des armes, notamment des roquettes et des grenades, et en avaient informé le Conseil de sécurité des Nations unies. Téhéran avait indiqué que la cargaison en question appartenait à une compagnie privée et était destinée à un pays d’Afrique de l’Ouest qui se trouve être la Gambie. Serait-ce donc le point de départ de ce différend politico-diplomatique soudain et inattendu ? Jusqu’à hier, c’était toujours l’omerta. En tout cas, jusqu’à preuve du contraire, l’affaire de la cargaison d’armes interceptée au Nigeria pourrait y être pour quelque chose.

A quoi devait-elle servir en réalité ? Etait-elle réellement destinée à la Gambie ? Ou alors l’Iran, pris la main dans le sac, a vite cherché un destinataire fictif pour ses armes ? Les autorités gambiennes, en rompant avec leur allié d’hier, semblent récuser tout lien avec ces armes iraniennes illégales. Et il fallait le dire de la façon la plus cinglante qui soit, d’où cette rupture brutale des relations diplomatiques. Mais la Gambie est-elle blanche comme neige ? Banjul n’a-t-il pas réagi sous la pression de grandes puissances ? La Gambie, déjà accusée de ne pas être regardante sur les droits de l’Homme et la démocratie, ne voulait sans doute pas s’encombrer d’un autre dossier aussi gênant. Pourtant, le président iranien, pas plus tard qu’en septembre 2009, dans le souci de raffermir ses relations avec Banjul, y a effectué un déplacement.

L’Iran, selon toute vraisemblance, à l’instar de la Chine, manifeste de plus en plus un intérêt particulier pour le continent africain. Pas forcément pour le pétrole, dont il regorge, mais peut- être pour un soutien diplomatique de l’Afrique. Pris dans l’étau des sanctions internationales, à cause de son programme nucléaire, l’Iran semble avoir trouvé, en certains pays africains, des alliés précieux. Il y a lieu de se demander, toutefois, si cet incident diplomatique inopiné n’affectera pas cette embellie naissante entre l’Afrique et le pays des ayatollahs.

Boundi OUOBA

Le Pays