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EVARISTE R NABOLE PROMOTEUR DE PAGNES TILGRE : "Avec le Faso Danfani, on crée des emplois"

Publié le vendredi 12 novembre 2010 à 02h05min

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Lors du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) qui s’est tenu du 29 octobre au 7 novembre sous le thème "Artisanat africain, jeunesse et emploi", nous avons rencontré un artisan qui évolue dans le domaine de la couture. Son objectif : valoriser le pagne traditionnel à savoir le Faso danfani. Pour ce faire, il mène de nombreuses actions dans ce sens. En témoigne son stand éducatif qu’il a monté au cours du SIAO dans lequel il apprenait le tissage, la teinture, le moulage des pagnes traditionnels aux clients. Lui, c’est Evariste R. Nabolé, promoteur de pagnes tilgré.

Le Pays : comment s’est déroulé le SIAO édition 2010 et quel bilan tirez- vous de votre participation ?

Evariste R. Nabolé : Je suis à ma première participation au SIAO en tant qu’exposant et je trouve que le bilan est satisfaisant. Je ne suis pas venu aux éditons précédentes par manque de moyens. Mais cette année, grâce à la bonté du commissaire général Moussa Traoré, j’ai été invité. C’est ainsi que je suis venu monter un stand éducatif pour apprendre aux clients comment faire le tissage. Vous savez, à chaque édition du SIAO, les exposants ont l’habitude de présenter aux clients des produits finis. Mais moi, j’ai décidé de changer un peu cette façon de faire en apportant tout ce que j’ai comme matériel de couture pour apprendre aux clients comment pêcher plutôt que de leur donner le poisson. Ma stratégie a beaucoup porté fruits parce que j’ai reçu la visite d’une vingtaine d’élèves qui sont venus voir comment se fait la vannerie, comment s’effectuent le moulage, la teinture et le tissage. Nous leur avons également montré comment s’est fait le passage du tissage traditionnel, qui était pratiqué par nos ancêtres, au tissage moderne. Les élèves ont bien apprécié et certains ont même promis de venir faire un apprentissage pendant les vacances. Ils ont également émis le souhait de voir leurs tenues scolaires tissée en Faso Danfani. Donc si je dois faire un bilan du SIAO, je dirai qu’il est positif et même très positif pour une première participation.

Comment avez-vous appris le métier de la couture en général et du tissage en particulier ?

Je suis venu dans la couture par simple vocation. En fait, suite au décès de mon père qui faisait la soudure, intervenu en 1999, j’étais obligé de d’abandonner les bancs pour gérer l’entreprise qu’il avait laissée. Et la plupart des clients que je recevais étaient des tisserands qui envoyaient leurs métiers (machines servant à la couture) pour réparation. C’est ainsi que je me suis rendu compte que la quasi-totalité des métiers donnés en réparation avait les mêmes problèmes. A partir de là, l’idée m’est venue de fabriquer des métiers qui auront moins de problèmes, donc plus performants que ceux qu’on m’emmenait pour réparation. Ce qui a été fait. C’est à la suite de la fabrication de ces machines à tisser que j’ai eu la vocation de faire la couture. Alors, j’ai suivi des formations et au bout d’un mois déjà je savais tisser. Après cette formation, j’ai inventé en 2005, 4 métiers à savoir le métier à tisser pliable à roulement qui permet de gagner du temps tout en produisant en quantité, celui à tisser démontable, le métier à tisser pour personnes handicapées et celui qui permet de faire de larges bandes.

Pourquoi avez-vous décidé de vous spécialiser dans le tissage du Faso Danfani et quels sont les articles que vous fabriquez ?

Vous savez, nous sommes en train de perdre notre culture et je trouve que ce n’est pas normal. L’exemple du Faso danfani en est une illustration parmi tant d’autres. La remarque qu’on a faite, c’est que les Burkinabè n’aiment pas porter les habits faits à base de ces pagnes qui sont pourtant les meilleurs. Moi je trouve que plutôt que de porter des habits de Noël, de la pâques, du Saint Valentin ou du 8 mars fabriqués à l’étranger, on peut faire ces habits en Faso danfani. Et puis j’ai constaté que les tenues qui viennent de l’étranger sont à base de résidus de pétrole qui ont non seulement un effet négatif sur l’environnement mais aussi sur la santé de ceux qui les portent. C’est ainsi que j’ai jugé bon de confectionner des tenues qui sont en relation avec les grands événements nationaux et internationaux à base du Faso danfani. En plus des tenues, je confectionne, en collaboration avec des jeunes des sacs, des porte monnaies, des mallettes à base du Faso danfani. En faisant cela, je crée des emplois pour les jeunes et pour les femmes. Actuellement je travaille avec 5 jeunes et avec une centaine de femmes regroupées en association. Donc c’est dire qu’en encourageant la promotion du Faso Danfani, on crée de l’emploi.

Vous confectionnez vos tenues en fonction des grands événements. Cette année, le Burkina Faso fête ses 50 années d’indépendance. Avez-vous prévu de faire quelque chose dans ce sens ?

Oui, nous y avons pensé depuis le lancement des festivités. Il est tout à fait normal que 50 ans après notre indépendance, on fasse un bilan, on se souvienne de ce que l’on a fait pour pouvoir se projeter dans le futur. En la matière je crois que le thème qui est "souvenir et espérance" est bien choisi. Et nous avons décidé d’étudier la couleur de notre pagne qui est le Faso danfani. C’est ainsi que nous avons préféré la couleur blanche sale qui traduit un peu le souvenir. Comme on ne peut pas se souvenir de tout ce qui s’est passé il ya 50 ans, la couleur ne peut qu’être blanc sale plutôt que toute blanche. En outre, nous avons tacheté le pagne de la couleur verte qui symbolise l’espoir et tout cela est accompagné par le logo du cinquantenaire. Avec ces pagnes nous confectionnons des tenues, des sacs, des porte-monnaies, etc.

Propos recueils par Yannick SANKARA

Le Pays

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