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2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

Publié le vendredi 12 novembre 2010 à 02h07min

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Depuis que les résultats du premier tour sont officiellement tombés, avec Laurent Gbagbo en tête (38% des voix) suivi d’Alassane Dramane Ouattara (32%), deux principales questions trottaient dans bien des esprits : l’ancien président, Henri Konan Bédié (HKB) du PDCI/RDA, arrivé troisième (25,2%), va-t-il s’allier à l’ex-Premier ministre contre le candidat du front populaire ivoirien (FPI) ? Dans l’affirmative, le report de voix se fera-t-il automatiquement ? Si tel devait être le cas, on dirait que c’est la fin des haricots pour l’actuel locataire du palais de Cocody qui doit songer à faire son paquetage.

Comme on le sait désormais, la première interrogation n’est plus de mise. Par soumission au pacte politique qui le lie au reste des partis membres du rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et le progrès (RHDP), et par esprit de revanche, Henri Konan Bédié, sans la moindre hésitation, s’est rallié au candidat naturel du rassemblement des républicains (RDR).

Mieux, l’alliance entre les héritiers du père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire s’est transformée en relation fusionnelle. Alassane Dramane Ouattara, pour ce second round, n’étant plus le candidat de son seul parti, mais celui de toute l’opposition ivoirienne. Et la mise en place d’une direction collégiale de campagne coprésidée par Jeannot Ahoussou Kouadio (PDCI/RDA) et Amadon Gon Coulibaly (RDR) relève d’une très grande stratégie politique.

Dans cette nouvelle configuration de la scène politique, pas besoin de prévisions de prestigieux instituts de sondages pour savoir que l’ex-Premier ministre aborde l’échéance du 28 novembre prochain en grand favori. Une simple arithmétique suffit pour s’en apercevoir. L’attelage ADO-HKB tire une cargaison de 57% de l’électorat. Sans compter l’appoint, aussi minime soit-il, de la cinquième roue du carrosse que représentent les 2,5% d’Albert Mabri Toikeuse et la poussière de voix d’Innocent Anaki Kobéna (0,23%).

Du coup, on a l’impression que la panique a gagné le gbagboland aux allures de forteresse assiégée. Et rien n’est de trop pour organiser la résistance. Pas même les funestes concepts que l’on croyait bannis à jamais du discours politique. En effet, depuis quelques jours, Laurent Gbagbo se présente en candidat des Ivoiriens contre celui de l’étranger. Allusion sans doute faite à l’excursion, durant l’entre-deux tours, de son adversaire au Sénégal.

N’empêche, certains le suspectent de vouloir remettre au goût du jour le concept de l’ivoirité. Mais si dans le contexte politique actuel, les vents ne sont pas favorables au navire battant pavillon FPI, pour autant, ils n’ont pas encore porté celui de l’opposition à bon port. On ne cessera de l’écrire, jusque-là, ADO n’a que la faveur des pronostics.

Or tout le monde sait que de l’immuable règle de l’arithmétique au sable mouvant de la politique, il y a loin. « En politique, 1+1 ne font pas toujours deux », comme qui dirait. Donc, même si depuis quelques jours, Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié sont parvenus à opérer la jonction, il reste à savoir si la magie de la sainte alliance va opérer.

Car dans le secret de l’isoloir, malgré les consignes de vote et les accords qui ne sont que des arrangements entre états-majors, l’électeur reste le seul maître de son choix. Et c’est là que réside tout le charme de ce second tour dont le piquant et le degré d’incertitude teindront tout le monde en haleine. Mais quelle que soit l’issue de ce second tour, une chose est sûre : le président du RDR a gagné une bataille : celle de la légitimité qu’il menait depuis des lustres.

Car avec 1/3 des voix au premier tour, il n’y a pas meilleure onction de légitimité pour quelqu’un dont on contestait la nationalité ivoirienne. Et si au soir du scrutin il en sortait vainqueur, l’histoire retiendra que ce serait grâce au concepteur de l’ivoirité, expression forgée sur mesure et contre qui on sait. Preuve supplémentaire qu’en politique tout est inconstant : l’ennemi devient l’allié et le premier, le dernier.

Par Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 12 novembre 2010 à 04:04, par Bouba En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    Une nouvelle ère s’ouvre pour la CI. ADO et Bédié ont été clairvoyants et ont tiré leçon du passé à savoir : il ya 3 forces en présence en CI (PDCI, RDR et FPI). Impossible pour un seul de ces trois partis d’avoir la majorité et de gouverner dans la paix sociale. La meilleure solution est donc de s’allier à l’une des forces pour avoir la majorité et gouverner . ADO et Bédié l’ont compris depuis 2005. Bédié en 1993 ne l’avait pas compris ; Guéi en 1999 ne l’a pas compris, Gbagbo malgré la ruse politique qu’on lui reconnait ne l’avait pas compris. Peut-être qu’il l’a compris maintenant, mais c’est trop tard. Entre nous, croyez-vous que 50% de l’électorat de Bédié va passer outre les consignes de Bédié et aller voter Gbabgo ? De plus, il n’y a pas un problème particulier entre l’élecorat de Bédié et ADO. Par contre, Gbagbo a des antécédents avec cet électorat : les insultes de tous ordres proférés envers le Vieux Houphouet, la chasse aux Baoulé en zonne Bété, les fraudes au détriment du PDCI, etc.
    À moins qu’il y ait fraude massive ou absentéisme massif, Gbagbo n’a désormais aucune chance. Il a eu 2 mandats usurpés frauduleusement, c’est sa seule chance ! Wait and see...

  • Le 12 novembre 2010 à 09:40, par L’inter En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    Bravo mon frère. comme le disait le Pr Joseph Ki Zerbo, ce qui est certain en politique c’est l’incertain. Gageons que les vents soient favorables aux opprimés, à ceux qui sont brimés, humiliés..

  • Le 12 novembre 2010 à 11:15, par EOR En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    Felicitations pour l`analyse.

  • Le 12 novembre 2010 à 11:27, par Abdul En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    "Je suis le candidat des ivoiriens contre celui des étrangers". Cette idée de Gbagbo ne mène pas large. En faisant de cette expression son cheval de bataille,Gbagbo se met en porte-à-faux avec lui-même ; Il est de très mauvaise foi. La Côte d’Ivoire étant composée en grande majorité d’analphabètes à qui on peut faire croire n’importe quoi(et c’est bien à ceux-là qu’il s’adresse),
    Gbagbo ne se gène pas du tout de mentir. A vrai dire,il en abuse, et avec à chaque fois le même refrain :"candidat de l’étranger !" "Candidat de l’étranger",s’agissant de ses adversaires ! Le panafricanisme de Gbagbo a atteint ses limites. Comment peut-on vouloir diriger un pays,vouloir son développement économique et fustigier l’étranger et ceux qui y sont ouverts si tant est le cas. Il faut arrêter l’hypocrisie ! Peut-on vivre aujourd’hui sans l’étranger ? Gbagbo sait très bien qu’il a besoin du soutien de l’étranger et des dirigeants de ces pays-là pour se développer. Aujourd’hui,avec la mondialisation,le monde est devenu un village planétaire,aussi bien les économies ont besoin les unes des autres, pour pouvoir perdurer,les Etats ont également besoin les uns les autres. Aucun pays ne peut se targuer de vivre isolé. Tous les pays ont besoin de coopération et d’alliance pour être plus fort et se faire entendre. Il en est de même pour tous les partis politiques africains, qui ont des alliances avec les autres partis étrangers et notamment occidentaux, qui les soutiennent. C’est ainsi que Gbagbo(le Fpi) fait parti de l’Internationale Socialiste et bénéficie du soutien du parti socialiste français. Si Gbagbo a pu se rapprocher de l’Angola et de l’Afrique du Sud,avec lesquels il a de bonnes relations,c’est tout à fait parce que le MPLA(Angola) et l’ANC(Afrique du Sud),sont des partis majeurs,membres de l’Internationale Socialiste.
    Ne vous laisser pas berner, au plus profond de lui-même Gbagbo aimerai bien être soutenu par les poids lourds de l’étranger, avoir de très bon rapport avec Sarko, Obama et autres mais malheureusement il est très mal vu à cause de la roublardise, ses intrigues et ses coups bas. C’est bien parce qu’il n’arrive pas à manipuler ces gens là qu’il prône son panafricanisme à 2 balles.

  • Le 12 novembre 2010 à 13:42, par Eburnéa En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    Monsieur A.S.R,malheureusement, vous meconnaissez la psychologie du peuple ivoirien. Ce peuple ne portera jamais ADO à la magistrature suprème du bateau ivoire malgré la comédie politique que l’on voit actuellement au RHDP.D’ailleurs cette confrerie n’a jamais été la volonté des Ivoiriens qui en font partie.Elle existe à cause de la pression de la France sur sur Bédié d’une manière ou d’une autre.Pour porter la contradiction à ma thèse,attendez après le second tour des élections chez nous, c’est à dire en Côte d’Ivoire !

    • Le 13 novembre 2010 à 21:44, par Ngoran Gnakoun En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

      ADO va remporter cette victoire haut les mains. les ivoiriens ne sont pas stupides pour ne pas chasser Gbagbo de la presidence. en 10 ans il a appauvri et affamé le peuple.
      La rhetorique d’etranger ne ne le sauvera pas. Le peuple en a marre. Il va etre batu par Ado.
      Il a volé pour aller au second tour, mais il va pas passer au second tour.

  • Le 12 novembre 2010 à 14:52 En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    et vous croyez que les ivoiriens ne sont pas intelligents ? et vous pensez que c’est par la somme des pourcentages qu’on choisit ici le président ? ici bédie vat vôter alassanne mais les militants ne siuvront pas nous n’avions pas oublier....

  • Le 12 novembre 2010 à 16:16 En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    Que le meilleur gagne, c’est à dire le plus technocrate, le plus rassembleur,le meilleur leader, le meilleur programme politique. On voit sur le net ces temps-des analyses des plus odieuses pour s’attirer les faveurs des électeurs. Cela est très dangeureux pour la suite des élections qui Dieu merci ce sont bien passées jusque là. Attention à ces propos sur l’appartenance ethnique, religieuse, régionaliste des candidats. LE SYNDROME RWANDAIS N’EST PAS SI LOIN QUE CA.Les ivoiriens ont donné leur suffrage aux deux candidats IVOIRIENS qui’ils estiment être les meilleurs et il s’agit de les départager le 28/11 sur la base de leur qualité, de leur valeur et leur capacité à relever le défi de la relance économique. J’espère que les ivoiriens ne se laisseront divertir.

  • Le 12 novembre 2010 à 16:22, par niouman En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    J’admire le courage et la ruse de cet grand homme, mais cette fois ci,à travers son regard,on sent qu’il est vraiment ébranlé.
    Mais qui sait comme le dirai l’autre en politique, rien n’est gagné à l’avance.

  • Le 12 novembre 2010 à 17:01, par Le Cid En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    Gbagbo souffle sur des braises mouillées par de l’après pluie. Malheur, pas de vent pour prendre le relai de son souffle. L’ivoirité est bien mort, vive l’ivoirité !

  • Le 14 novembre 2010 à 19:21, par TASSERE KABORE En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    JE CONSTATE TOUT SIMPLEMENT QUE NOS FRERES ET SOEURS BURKINABE QUI SONT INTERVENU JUSQUE LA NE CONNAISSENT PAS LA COTE D’IVOIRE, ENCORE MOINS LES IVOIRIENS. SUIVEZ LES MOUVEMENTS DE RALLIEMENTS EN COURS EN COTE D’IVOIRE OU ALORS GARDEZ LE SILENCE ET ATTENDEZ LES RESULTATS.
    BONNE CHANCE A TOUS POUR LES ELECTIONS AU BURKINA CE 21 NOVEMBRE.
    QUE DIEU GARDE NOS DEUX PEUPLES QUI S’AIMENT TANT !!!

    AMEN....

  • Le 15 novembre 2010 à 09:10 En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    Eh, mon frere en christ, Gbagbo, tu as peru de quoi ? Mais ce sont des mais devant toi - la ! Pourquoi ce regard vide et hagard ? Les PDCIstes ne vont jamais te voter. ca tu sais. ta bouche va te prerdre.

  • Le 15 novembre 2010 à 17:35, par watt En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    Une belle analyse, il faut aue le RHDP se donne dans une vraie campagne de proximité pour y arriver du moment ou Gbagbo profite de la RTI . Cela permettra aux ivoiriens d oublier un temps soit peu ce concept fafelu d ivoirité des politiciens pour se remettre ensemble et au travail.

  • Le 20 novembre 2010 à 14:15 En réponse à : 2nd tour en Côte d’Ivoire : Le Gbagboland, une forteresse assiégée

    Le PDCI a commis une erreur en se querellant et en se divisant en rdr et en pdci. C’est ca qui a d’ abord permis le coup d’ etat puis le fait que le pouvoir etait a terre. Alors Gbagbo qui n’est pas un enfant de coeur et qui attendait son heure n’ a fait que ramasser le pouvoir qui trainait a terre. Sinon ce petit aventurier fabrique de toutes pieces par les communistes en Haute- Volta, le PAI - LIPAD n’avait aucune chance de salir le Palais de la Presidence. Heureusement qu’ il en ssera chasse au soir du 28 Novembre. Vite une tonne d’ eau de javelle pour desinfecter la place. Ivoiriens et ivoiriennes, un gatrs qui a voyage avec passport diplomatique burkinabe et qui a ete fabrique par les burkinabe, ce n’est pas un candidat de l’ etrangr ? C’ est meme un candidat de l’aventure car je connais les burkinabe. Ils sont des gars paisibles et pas des communistes mauvais teint comme certains garcons de la rue qui ont pu acceder au pouvoir.
    Sery Noel, Un militant authentique du PDCI.

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