LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Ordonnance de libération de Mamadou Tandja : Barack Obama n’avait pas tort

Publié le mercredi 10 novembre 2010 à 02h31min

PARTAGER :                          

L’actualité au Niger, ces derniers temps, reste encore dominée par la récente décision de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) relative à la détention de Mamadou Tandja. La juridiction communautaire a en effet ordonné le 8 novembre dernier la libération de l’ancien président nigérien, assigné à résidence par la junte au pouvoir depuis le 18 février 2010.

Cet arrêt de la Cour, en attendant son éventuelle application effective, ne manque pas d’intérêt, surtout vu du côté du bénéficiaire, lui qui, il n’y a pas encore très longtemps, n’hésitait pas à pourfendre publiquement l’organisation régionale pour des raisons qui lui étaient évidemment propres.

Du temps, où le président Mamadou Tandja passait, avec véhémence, au crible la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il ne pouvait guère s’imaginer un instant être aidé par cette organisation qu’il qualifiait d’inutile. Ce moment, où l’ex-président déclarait ouvertement la guerre à la CEDEAO et menaçait même de la quitter s’elle ne le laissait pas conduire le Niger comme il l’entendait, n’est pas lointain. Et voici d’ailleurs ce qu’il déclarait un certain 20 décembre 2009 à la télévision nationale nigérienne : « Nous avions adhéré à la communauté ouest-africaine pour promouvoir l’économie, le développement social et la culture(…) 30 ans après cela ne nous a pas permis de construire un seul kilomètre de route bitumée ou de ligne électrique, y rester semble inutile ».

Les institutions pas rancunières, principes d’équité

Ironie du sort, aujourd’hui c’est la juridiction de la CEDEAO qui ordonne sa mise en liberté immédiate au motif que sa détention est arbitraire au regard notamment de l’article 62 du Règlement de la Cour de justice de l’organisation régionale. Les institutions, fondées en général sur des principes d’équité, ne sont pas rancunières. Et la CEDEAO, à travers la décision de sa Cour de justice, en donne là une preuve éloquente.

Le droit a été dit mais la junte persiste

Certes l’annonce de l’arrêt de la juridiction ne signifie pas que le président Tandja sera automatiquement élargi, puisqu’il semble que Niamey va demander une révision du procès pour retarder ou éviter une application de la décision. En fin juillet dernier, le général Salou Djibo, président du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), pour sa part, avait été suffisamment clair en indiquant qu’il était hors de question de relâcher le Chef de l’Etat déchu. Mais, quoi qu’il en soit, avec cet arrêt de la Cour de la CEDEAO, le droit a été dit. Et il faut s’en féliciter.

Il a vu la honte venir à lui

Le président Tandja, en homme fier de lui et orgueilleux, ne devrait pas, au vu de son attitude passée vis-à-vis de la CEDEAO, se sentir bien dans sa peau, en ce moment. Il a probablement vu venir cette honte qu’il a essayé, à sa façon, d’éviter en se désolidarisant auparavant de la plainte de sa famille devant la juridiction. Si Mamadou Tandja savait que la CEDEAO allait un jour lui être d’une aussi grande utilité, il se serait certainement abstenu d’avoir le coup de sang qu’il a eu à l’époque et qui lui vaut manifestement l’embarras d’aujourd’hui : celui de devoir sa libération, ne serait-ce que sur papier, à une CEDEAO qu’il n’a pas vraiment ménagé dans un passé encore récent.

Les hommes passent, les institutions demeurent

La leçon à retenir de cette affaire, c’est que nous gagnons tous en oeuvrant à l’instauration d’organisations supranationales véritablement indépendante à même de nous aider en cas de pétrin. En cela, l’actuel président américain, Barack Obama, n’avait pas tort lorsqu’il laissait entendre, lors de sa visite de juillet 2009 au Ghana, que l’Afrique n’avait pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes. On ne le dira jamais assez, les hommes passent, les institutions demeurent.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique