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Grands Moulins du Burkina : 20 mois sans salaires

Publié le mardi 14 septembre 2004 à 09h55min

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Barro Dianguinaba
PDG des GMB

A la faveur du Sommet des chefs d’Etat sur l’emploi, les travailleurs des grands moulins du Burkina (GMB) sont sortis de leur réserve. ils ont donné une conférence de presse dans l’enceinte de l’usine le 6 septembre 2004. Après plusieurs démarches assorties de promesses non tenues, ces travailleurs ont décidé de hausser le ton.

Face à leur situation, les travailleurs disent avoir entrepris plusieurs démarches. Ils ont ainsi remis une déclaration aux actionnaires, lors d’une assemblée générale, le 30 décembre 2002. Le haut-commissaire, le maire et le directeur régional du Travail, de l’emploi et de la jeunesse ont été aussi approchés ainsi que les ministres originaires de la région, Alain Ludovic Tou et Benoît Ouattara. De l’avis des travailleurs , tous ont promis d’user de leur pouvoir auprès de la direction des GMB. Mais "jusqu’à nos jours nous n’avons reçu aucun écho de leur part", indiquent les meuniers qui disent avoir rencontré également les responsables religieux et coutumiers.

Le 31 janvier 2003, le tribunal de grande instance de Banfora a décidé le redressement judiciaire des GMB. "Depuis cette date, les travailleurs se demandent ce qu’est leur statut. Ils ne bénéficient plus de leurs salaires, ne travaillent plus, mais sont maintenus à leurs postes sans explications claires", se plaignent-ils. D’éventuels repreneurs, après la SOMDIA qui semble désister, sont venus faire des visites et, depuis, c’est le statu-quo. Les travailleurs n’ont que le juge commissaire comme interlocuteur. Plusieurs démarches auraient été menées auprès de ce dernier sans obtenir une réponse précise sur leur sort.

Le président directeur général, El Hadj Barro Dianguinaba, n’a pas daigné se présenter à l’assemblée concordataire tenue en août 2003. Quant au directeur général adjoint (DGA), il aurait procédé à la suspension provisoire de son contrat. Les travailleurs comptabilisent 20 mois sans salaires et grâce, disent-ils, à la "solidarité africaine", ils se débrouillent. Mais cela n’est pas aisé et dans cette galère, les meuniers des GMB précisent avoir déjà perdu quatre de leurs camarades, décédés par manque de soins. Ils signalent également la mort d’une femme et d’un enfant de leurs collègues.

Le 11 août 2004, une démarche a été initiée de nouveau auprès du juge commissaire. Ils ont demandé une avance sur les arriérés de salaires et le transfert de leurs enfants des établissements privés aux publics. Les meuniers se sont montrés très préoccupés par la scolarité de leurs enfants. Certains chefs d’établissement, après des engagements pris l’année passée, refusent de remettre les bulletins aux enfants, faute de règlement des frais de scolarité.

Des établissements privés seraient mêmes allés jusqu’à expulser leurs enfants, las d’attendre une situation qui tarde à s’améliorer aux GMB. Après cette récente démarche, les travailleurs se sont orientés vers le haut-commissaire qui n’a pas encore donné suite aux préoccupations des travailleurs. Ces derniers dénoncent ce redressement judiciaire, "décidé sans mesures sociales."

Des ventes opérées

Les travailleurs sont formels : "Nous savons pertinemment qu’il y a de l’argent", soutiennent-ils. Cette conviction se fonde sur certaines rentrées opérées par le juge commissaire. D’abord un stock de 300 tonnes de maïs et ensuite, la vente de 2000 tonnes de blé bloquées au port après le 19 septembre 2002. Mêmes si, selon les travailleurs, ces ventes ont été opérées à des prix dérisoires, ils n’ont encore rien perçus. Les travailleurs des GMB se demandent ce que veut dire "lutter contre le chômage et la pauvreté" au moment où vient de se tenir le sommet sur l’emploi.

Du gouvernement, ils attendent qu’au sortir de cette rencontre continentale des chefs d’Etat, qu’une décision claire soit prise pour la reprise effective des activités des GMB. Car concluent-ils , la lutte contre le chômage et la pauvreté passe d’abord par la sauvegarde des unités existantes , donc par le maintien et la sauvegarde des emplois existants.

Par Luc OUATTARA
Le Pays

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