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EN ATTENDANT LES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE : Vent d’optimisme chez les habitants de Conakry

Publié le mardi 9 novembre 2010 à 01h35min

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Le second tour de l’élection historique en Guinée s’est déroulé dans le calme. Le même calme régnait le lundi 8 novembre à Conakry, la capitale du pays. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a indiqué que les résultats partiels seront communiqués au fur et à mesure que les procès- verbaux des bureaux de vote arriveront. C’est dans une ambiance faite d’attente que nous avons baladé notre micro dans quelques rues de Conakry. La plupart des interviewés attendent et espèrent que le candidat pour lequel ils ont voté sorte gagnant. Mais dans le cas contraire, à leur avis, ce ne sera pas un problème. Pourvu seulement que la Guinée renoue avec la démocratie et que ses problèmes soient réglés, que le président se nomme Alpha Condé ou Cellou Dalein Diallo.

-  Thérèse Camara, secrétaire de direction : "La seule chose à faire, c’est de nous donner la main"

"Les élections se sont très bien déroulées et je crois que cette fois-ci, il y aura une prise de conscience des Guinéens. Parce qu’on a trop souffert dans ce pays et je sais qu’après les élections, nous trouverons une solution. Il y a beaucoup de choses qui se sont déroulées pendant la campagne (électorale) entre les deux leaders. Mais comme c’est passé, on ne peut plus en parler. La seule chose à faire maintenant, c’est de nous donner la main. Ce n’est pas à cause des deux candidats qu’on va s’entretuer, se bouffer, se haïr. Après les élections, ce n’est pas la fin du monde. Dans les lieux de travail, vous verrez que ce ne sont pas les membres d’une même ethnie qui y travaillent. Il y a des Malinké, des Peulh, des Soussou. Je voudrais qu’on se donne la main et qu’on se dise que la Guinée doit avancer maintenant. Il ne faut pas que chaque fois, les étrangers interviennent.

Et on dit qu’on est éveillé, qu’on a étudié. Il faut qu’on prouve à ceux-ci qu’on peut faire quelque chose. Je sais que la Guinée va avancer. Je pense que les Guinéens qui vivent au Burkina sont maintenant tous Africains, Burkinabè. Mais il faudrait qu’ils nous supportent, nous soutiennent dans tout ce qui se passe pour le bonheur de notre pays. Si aujourd’hui il y a le bonheur en Guinée, cela fera la fierté des Guinéens qui vivent au Burkina Faso. Il ne faudrait pas qu’eux aussi ils soient divisés. Qu’ils soient Malinké, Peulh ou Soussou, il faut qu’ils se disent qu’ils sont Guinéens. Il faut qu’ils se donnent la main entre eux là-bas. Il faut qu’ils nous envoient un message pour nous dire que "nous vous soutenons, nous nous donnons la main ici, il n’y a pas de Peulh et il n’y a pas de Malinké. Ce ne sont que des Guinéens." C’est ce que moi j’attends des Guinéens, qu’ils soient au Burkina Faso ou ailleurs".

-  Moustapha Mohamed Barry, promoteur de cigarettes : "La vie est chère ici"

"On a voté librement, il n’y a pas eu de palabres ni de problèmes. C’était très bien organisé. On espère aussi que le futur président va bien gouverner le pays. Le problème le plus important, c’est celui de la vie des Guinéens. Actuellement, la vie est très difficile, très chère. Surtout le commerce et la devise. Toutes les choses coûtent cher maintenant. Il va falloir revoir le commerce car les gens vivent de cela. Ensuite, le chômage. Les jeunes comme moi ne travaillent pas. J’ai fini mes études, il n’y a pas de boulot et je suis là comme promoteur de cigarettes. Les Guinéens qui vivent à l’extérieur doivent nous aider aussi. Ils sont là-bas, ils ne nous regardent pas et ils se contentent de fausses informations sur Internet. Alors que ce n’est pas ce qui se passe réellement en Guinée. La vie est chère ici."

- Mohamed Keïta, élève : "Le nouveau président ne doit pas être comme ses prédécesseurs"

"Je dirais à la population guinéenne vivant au Burkina de prendre patience. Les élections se sont bien passées et il n’y a pas eu de problème. Cela fait longtemps qu’on repoussait la date. Notre souhait, lorsque le président sera élu, c’est qu’il fasse tout ce que les Guinéens veulent. Il ne faut pas qu’il fasse ce que ses prédécesseurs ont fait. Il faut qu’il nous montre le changement. Il y a eu trop de morts pour cela. Les gens se plaignent et veulent maintenant le changement."

-  Denise Kolié, informaticienne : "Je salue spécialement le président Dadis"

"C’est un sentiment de joie qui anime nos cœurs et finalement nous disons "ouf". Nous attendons les résultats avec une grande impatience. On a beaucoup de problèmes d’électricité, d’eau, d’infrastructures, de nourriture. On attend du nouveau président de nous régler tout cela. On transmet aussi nos saluts aux Guinéens vivant au Burkina, plus spécialement au président Dadis."

-  Tidiane Souma, menuisier : "Les deux candidats nous ont tous promis le changement"

"A mon avis, l’élection s’est bien passée. Elle va apporter le bonheur pour tous les Guinéens. Après cette élection, on ira dans une vraie démocratie. Ce sera un bonheur pour les Guinéens, qu’Alpha gagne ou que ce soit Cellou Dalein Diallo, ce sera le choix de toute la Guinée. Pendant la campagne, ils ont fait de belles promesses à la population guinéenne. Et ils ont tous promis le changement. Dans tous les cas, il n’y aura pas de problème."

-  Mohamed Diallo, commerçant : "Le Burkina et la Guinée, c’est la même chose"

"L’élection s’est bien passée et il n’y a pas de problème d’ethnie. Vous êtes Burkinabè, n’est-ce pas ? C’est bien. Le Burkina et la Guinée, c’est la même chose !"

-  Albert Bita, chef réceptionniste d’hôtel : "Tous les Guinéens n’arrivent pas à manger trois fois par jour"

"Cette élection, pour la première fois de l’histoire de la Guinée après cinquante-deux ans, s’est passée dans la transparence. Il n’y a pas eu de problème ni d’histoire pour le moment. Les résultats vont commencer à être diffusés à partir de mercredi et vendredi. Nous espérons que cette élection va améliorer les conditions de vie des Guinéens parce que ce ne sont pas eux tous qui arrivent à manger trois fois par jour, tellement la situation est difficile. Les jeunes ont fini à l’université depuis quinze ou vingt ans, mais jusqu’à présent, ils n’ont pas encore trouvé leur premier emploi. Les Guinéens qui vivent au Burkina doivent savoir que leurs frères qui vivent en Guinée ici ont de très bonnes pensées pour eux. Il faut qu’eux aussi soient unis là-bas, parce que, que tu sois Malinké ou Soussou et où que tu sois, tu restes Guinéen."

-  Mariama Siré Diakité, serveuse dans un hôtel : "On ne fera pas la guerre ni la pagaille"

"Les élections m’ont beaucoup plu. On a voté dans la paix, la tolérance. Il n’y a pas de problème. J’attends de très bonnes choses pour la Guinée. Je sais que ça va aller avec le changement. Et le changement, c’est le professeur Alpha Condé. C’est lui que nous visons et c’est lui qui va faire l’affaire de la Guinée. Parce que depuis le temps de Conté, il n’a pas voulu rentrer dans le gouvernement. Il avait bien des choses à faire pour la Guinée. C’est lui la solution des problèmes des Guinéens. Mais s’il ne gagne pas, on acceptera l’autre. On ne fera pas la guerre ni la pagaille. Nous sommes tous des Guinéens. J’espère que les Guinéens de l’extérieur voient nos problèmes à la télé. On a des problèmes de courant, d’eau, de nourriture, on est mal payé au boulot. On a ces petits problèmes en Guinée et on espère que ça va aller."

Propos recueillis à Conakry par Abdou ZOURE


Les assurances du président de la CENI

Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a animé une conférence de presse le dimanche 7 novembre 2010 aux environs de 20h à Conakry. Le motif de cette conférence, selon le général Siaka Sangaré, c’est de donner les premières observations et faire le bilan de la journée du 7 novembre.

Il y a eu quelques difficultés, notamment le manque de certains matériels et documents dans "quelques rares bureaux de vote", mais "qui ne sont pas de nature à porter atteinte à la crédibilité du scrutin", a dit le général. Il a également relevé la participation "suffisamment massive" des femmes, jeunes et personnes âgées. Le "calme, la sérénité et la discipline" ont été les qualificatifs utilisés par le Malien à l’endroit de l’atmosphère du scrutin. Un dispositif de suivi et d’information à l’intérieur et à l’extérieur du pays a également été mis sur pied, contrairement au premier tour. La seule question pendante est l’incident qui a eu lieu à Madrid dans la journée et qui a occasionné la destruction du matériel de vote par les électeurs, sous "le coup de l’énervement", selon les termes du président de la CENI.

Ces Guinéens n’ont donc pas voté et le président attend les rapport de son représentant en Espagne pour décider de la conduite à suivre. Le président a aussi assuré que les déplacés, au nombre de 956 répartis dans les six préfectures, ont tous voté, même si c’est avec un peu de retard. Une prorogation leur a d’ailleurs été accordée pour qu’ils puissent accomplir leur devoir civique jusqu’à 20h. Le général Siaka Sangaré a terminé en indiquant qu’il est interdit de publier les résultats partiels et provisoires sur les stations radios et télévisions. Seule la CENI est habilitée à le faire et ces résultats seront communiqués au fur et à mesure de la réception des procès-verbaux des bureaux de vote sur le site de la CENI, au www.guineeceni.com.

AZ

Le Pays

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