LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

« Les présumées menaces terroristes ne jouent pas sur le tourisme burkinabè »

Publié le mardi 19 octobre 2010 à 03h05min

PARTAGER :                          

« Non, les présumées menaces de terroristes contre le Burkina, n’ont pas, pour l’instant, d’impact sur la destination Burkina », révèle le président de l’Association des professionnels du voyage et du tourisme (APVT) au Burkina Faso, Léonce Diarra qui est aussi le patron de l’agence Elite Voyages. La défense des intérêts des membres de l’APVT et de l’ensemble de toute la corporation est donc son credo et il entend mériter, jusqu’au bout de son mandat, la confiance placée en lui par ses pairs. C’est, du reste, dans cette logique qu’il vit comme un cauchemar, la concurrence déloyale et la présence de prédateurs dans ce secteur du tourisme où ceux de l’APVT s’échinent à gagner honnêtement leur pain quotidien.

Fasozine.com : Avec les menaces de prises d’otages qu’auraient proférées des terroristes de Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) contre le Burkina, avez-vous constaté une certaine frilosité de la part des touristes occidentaux qui viennent ici ?

Léonce Diarra : En toute sincérité, nous n’avons pas ressenti, pour l’instant un impact de ces menaces qui auraient été proférées, sur nos activités, notamment la fréquentation du Burkina Faso, par les touristes occidentaux. Et nous espérons ne pas ressentir cela. Paradoxalement, le problème se situe au niveau interne. Nous recevions beaucoup de demandes de la part d’expatriés vivant ici, qui désirent connaître davantage le Burkina. Mais aujourd’hui, avec la psychose Aqmi, les ambassades de ces expatriés leur recommandent de réduire leurs déplacements au strict minimum, c’est-à-dire, ne pas sortir de Ouagadougou, la capitale.

Dans un autre registre, le problème qui se pose avec les touristes venant de l’extérieur, c’est le coût du visa, qui a connu une hausse dans notre pays. Nous déplorons cette augmentation et pensons que ce sont des décisions qui auraient pu être prises, en concertation avec le secteur privé. Nous sommes sur le terrain et vivons bien mieux la situation. Aujourd’hui, nombre de nos touristes ont purement et simplement annulé les réservations qu’ils avaient faites sur le Burkina.

A un moment donné, il y avait des bisbilles entre la compagnie aérienne Air France et l’APVT. La tempête s’est-elle calmée, où êtes-vous toujours dans une zone de turbulence ?

Avec Air France et toutes les autres compagnies aériennes qui sont nos partenaires de tous les jours et même de toujours, les relations sont comme un vol paisible, même si de temps à autres, il faut traverser, ce qui est naturel, des zones de turbulences. Mais aujourd’hui, avec Air France, la situation a connu un dénouement acceptable. Certes, ce n’est pas ce que nous espérions, mais nous avons pu glaner quelque chose, ce qui est très important. Nous sommes en train d’appliquer ce qu’on qualifie dans notre jargon, de NME et la commission zéro, dans un partenariat gagnant-gagnant, avec la compagnie Air France.

Comment se portent les sociétés membres de l’APVT ?

Je dirai, plutôt bien. Nous avons resserré les rangs, tout en faisant du professionnalisme notre étoile polaire. Nous appelons les membres de notre association à offrir des prestations de qualité afin de faire la différence avec les autres. Nous n’entendons pas nous confiner à la vente de billets ou faire que des circuits, comme les autres. Nous recherchons, toujours à notre niveau, à apporter ce plus de qualité qu’on ne retrouvera que chez les membres de l’APVT.

Justement, certains de vos membres se plaignent d’une concurrence déloyale dont serait à l’origine l’Office national du tourisme du Burkina Faso (ONTB)…

C’est une situation qui perdure depuis un certain nombre d’années ? Et nous sommes en pourparlers avec l’ONTB, pour trouver un terrain d’entente. Pour nous, l’ONTB devait s’adonner à ce qu’on appelle la promotion de la destination. Mais, il se passe que cette structure fait pratiquement la même chose que nous, ce qui nous a poussés à demander à ses cadres, de permuter ONTB par « Agence nationale du tourisme ». Ainsi, nous saurons que nous menons les mêmes activités et sommes, plus ou moins, des concurrents. Parce que l’ONTB qui est censé faire la promotion de la destination, mais il fait des colonies de vacances et met en location des cars. Il va s’en dire qu’il y a maldonne quelque part. Donc, aujourd’hui, nous nous retrouvons autour de la même table que l’ONTB, pour trouver une solution à ce problème. Je pense aussi que l’Etat doit mettre à la disposition de l’ONTB, les moyens adéquats pour lui permettre de mener à bien ses missions.

En somme, vous dénoncez donc une concurrence déloyale…

Nous dénonçons une concurrence déloyale de la part de cette structure étatique, qui visiblement n’a pas les moyens de sa politique. Je crois qu’on demande à cet office, de trouver les voies et moyens pour survivre. Ce qui ne devait pas être le cas, où alors, on redéfinit les attributions de l’ONTB.

Peut-on dire aujourd’hui que la destination Burkina Faso est prisée, en matière de tourisme ?

En me tenant aux statistiques, je répondrai sans hésiter que le Burkina Faso est une destination qui marche. Les chiffres établissent même une croissance entre le nombre des touristes qui ont visité le Burkina, entre l’an passé et cette année.

Que faire, selon vous pour booster le tourisme au Burkina ?

Il faut impérativement que le secteur privé et le gouvernement s’asseyent et échangent sérieusement pour le bien de notre tourisme. Il faudrait associer à ces discussions, tous ceux qui évoluent dans le secteur, à savoir les hôteliers, les restaurateurs, les guides, les chasseurs, les agences de voyage, les loueurs de véhicules, etc. Nous devons donc, de concert avec le gouvernement, prendre des initiatives pour pouvoir assainir ce domaine. Si l’on prend l’exemple des loueurs de véhicules, aujourd’hui au Burkina, n’importe quel quidam se lève et met sa voiture en location.

D’un autre côté, nous déplorons également la présence des agences de voyage « sac à dos », qui écument, sans pitié, le milieu. Il aussi, fait malheureux, des Européens qui se permettent de leur propre chef, de créer des sites qui vendent le Burkina Faso. Et nous, nous sommes là, nous sommes installés, payons les impôts et des gens se sucrent sur notre dos, en faisant du n’importe quoi. Nous estimons que si l’on délivre des agréments à des gens pour faire ces activités, il faut les laisser les mener. Il y va de la crédibilité du secteur.

De plus, nous nous rendons compte que nous les Burkinabè ne connaissons pas ce beau pays qu’est le nôtre. Mon cri de cœur est que nous essayions, nous les Burkinabè, surtout les enfants et les jeunes, de mieux découvrir notre beau pays pour en parler, en connaisseurs. Je demanderais également au gouvernement de nous accorder une oreille intéressée et de nous aider à mieux faire connaître et vendre la destination Burkina Faso.

Propos recueillis par Morin YAMONGBE

Fasozine

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 19 octobre 2010 à 21:00, par corbbo En réponse à : « Les présumées menaces terroristes ne jouent pas sur le tourisme burkinabè »

    Le secteur touristique est celui qui peut nourrir tout un pays s’il est bien pense.Prenez l’exemple de l’egypte,la tunisie ou le kenya les champions du continent dans le secteur.Mais pour attirer des touristes il faut liberaliser le secteur et investir dans l’infrastucture.La qualite des services peut etre aussi un serieux atout.La chasse,le desert du nord,etc...les atouts sont nombreux,il faut savoir en tirer profit.

  • Le 21 octobre 2010 à 11:13, par Cédric DENIS En réponse à : « Les présumées menaces terroristes ne jouent pas sur le tourisme burkinabè »

    Cher Journaliste, je vous engage à rédiger deux articles pour un tel sujet...
    aqmi d’un côté
    et "booster le tourisme au Burkina" de l’autre

    Dans sa dernière réponse le Président de l’APVT est d’une grande clarté et très pertinent

    Je passe sur le problème ONTB que nous avons aussi eu en France avec nos Offices de Tourisme et que le Code du Tourisme a réglé
    (Ah oui... depuis quelques années nous avons la chance d’avoir un Code du Tourisme qui réglemente notre profession et grand bien lui en fasse)

    Je partage donc votre avis M. du Corbbo mais avant de libéraliser M. DIARRA a raison il faut s’assoir et échanger... je prolongerai même en disant qu’il faut légiférer.

    Oh non, pas faire un code du tourisme... les producteurs de voyages européens ont juste besoin, pour être rassurés et commercialiser la destination, que chaque acteur de la chaine de production du voyage soit parfaitement reconnu, agréé et assuré.

    Dés lors, l’infrastructure se développera d’elle même et les jeunes seront formés à recevoir les touristes (hispanophones)

  • Le 24 octobre 2010 à 11:42, par seneleg En réponse à : « Les présumées menaces terroristes ne jouent pas sur le tourisme burkinabè »

    Français à la retraite, je suis venu 2 fois cette année au Burkina, bien que réfléchissant au tarif incroyable des visas ! ... J’ai payé 150 euros un visa annuel plus les frais d’envoi, alors que le vol "aller" était de 328 euros...

    Un couple de touristes avec deux enfants , par exemple, va certainement réfléchir avant de venir au Burkina, déja enclavé...

    Quant au terrorisme, depuis la France pour un citoyen "normal", c’est toute l’Afrique qu’il faut éviter avec les titres des médias ... et, s’il vous plait, faites un effort pour terminer rapidement les travaux de l’aéroport, c’est la première chose que l’on voit en arrivant !!

  • Le 21 novembre 2010 à 23:13, par nikita En réponse à : « Les présumées menaces terroristes ne jouent pas sur le tourisme burkinabè »

    Est ce que vous pensez aux prix des visas européens ou américains ?
    Malgré le cout de nos visas vous avez au moins la garantie qu’ilvous sera accordé tandis que nous, nous deboursons des sommes astronomiques pour se le voir refuser à la derniére minute sans motif en plus du prix du billet d’avion.
    et puis serieusement je ne pense pas que c’est le prix des visas qui décourage les touristes mais plus un manque de promotions de la destination et les infrastructures adequates respectant les normes internationale, une main d’oeuvre qualifiee et competente, des sites touristiques restaurés,.....on pourrait continue la liste.
    parce qu’entre nous le Burkina peut developper son tourisme autant que le Senegal ou le Kenya et attirer auant de touriste ue ces payes quelques soit le prix des visas.
    arrêtons de se voiler la face et parlons des vrais affaires !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Spécial Saint-Sylvestre au restaurant L’Eau vive de Bobo