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SUD-SOUDAN : Un référendum qui fait peur

Publié le mardi 12 octobre 2010 à 03h30min

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Si l’on ne s’en tenait qu’aux propos de certains dirigeants africains lors du sommet afro-arabe de Syrte, le référendum soudanais, prévu depuis 2005 pour mettre fin aux tensions qui opposent les nordistes et les sudistes, n’aurait pas lieu le 9 janvier prochain. En tout cas, la position du guide libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, sur une éventuelle partition du Soudan est, on ne peut plus claire. Si le Sud-Soudan venait à prendre son indépendance, selon le colonel, ce serait "une maladie contagieuse" qui menacerait d’autres pays africains.

Pourtant, celui qui retrouve sa verve panafricaniste et qui s’insurge aujourd’hui contre l’autonomie du Sud-Soudan, avait, lors du conflit ethnico-religieux qui a secoué le Nigeria il n’y a pas longtemps, vite proposé de diviser ce grand pays en deux Etats (chrétien et musulman) à l’image de l’Inde et du Pakistan. ç’eût été quelqu’un d’autre, on aurait trouvé beaucoup à redire sur des propos de ce genre. Mais venant du guide libyen, cela ne devrait pas surprendre. Les coups d’éclat sont les traits caractéristiques de l’homme. Et la constatation revient, lancinante, à la manière d’une ritournelle : Kadhafi a toujours fait des frasques là où l’on s’y attend le moins. Toutefois, on note que le guide libyen ne semble pas le seul à s’opposer au référendum soudanais.

En effet, invité à se prononcer sur la question, le président de la Commission de l’Union africaine, Jean-Ping, a, lui aussi, tenu des propos pour le moins amphigouriques. Tout cela conforte le président soudanais El-Béchir. Mais de telles positions qui consistent à brandir l’épouvantail d’une déstabilisation de tout le continent, peuvent être lourdes de conséquences pour la tenue du référendum. En effet, après avoir bénéficié du soutien de certains de ses pairs africains concernant le mandat d’arrêt international lancé contre lui par la Cour pénale internationale, le maître de Khartoum pourrait renoncer à la tenue du référendum qu’il n’avait d’ailleurs pas accepté de gaîté de coeur. Et pourtant, il faut que ce référendum, qui semble une condition sine qua non pour le retour de la paix au Soudan, se tienne.

Certes, l’on peut comprendre la position des panafricanistes qui ne voudraient plus voir l’Afrique se déchirer. A l’heure où aucun Etat, sous-développé notamment, pris individuellement, ne peut se faire sans difficulté ni peine, une place dans le concert des Nations, le continent noir ne gagnerait nullement à se balkaniser. Mais faut-il coûte que coûte tenir à l’union de ces deux peuples aux principes socioculturels et religieux visiblement inconciliables et qui, au nom de cette différence, se sont livré la guerre et vivent aujourd’hui dans une sorte de guerre froide ? Assurément non.

Quid de la proposition du président sénégalais Abdoulaye Wade d’envoyer une délégation de cinq chefs d’Etat africains et arabes pour apaiser les tensions à l’approche de ce référendum qui fait tant peur ? A bien des égards, le "Gorgui" (vieux en wolof) semble avoir pris l’option la plus réaliste. Plutôt que de poursuivre une illusoire union nord-sud ou de rester passifs au nom d’un certain respect de la souveraineté du Soudan, de son intégrité territoriale et de son indépendance, les dirigeants africains et arabes doivent accompagner ce pays dans sa sortie de crise dont le référendum du 9 janvier prochain est l’un des points-clés.

Boulkindi COULDIATI

Le Pays

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