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Présidentielle au Burkina : l’amertume d’un candidat rejeté

Publié le mardi 12 octobre 2010 à 03h32min

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Des 8 candidatures soumises au Conseil constitutionnel pour la présidentielle du 21 novembre prochain, seule celle de Harouna Dicko, le président du Rassemblement politique nouveau (RPN), a été rejetée par cette institution, le dossier de ce dernier ne comportant pas le reçu de versement de la caution de 10 millions de francs CFA et les attestations de parrainage, des pièces exigées par les articles 125 et 127 du Code électoral. L’intéressé a bien déposé une requête portant sur l’exception d’inconstitutionnalité des deux articles en question, mais le Conseil constitutionnel a estimé cette demande recevable en la forme, mais mal fondée. Dans l’entretien qu’il nous a accordé ce 11 octobre 2010, Harouna Dicko assure qu’il ne fera pas appel.

Fasozine.com : Votre déclaration de candidature à l’élection présidentielle a été rejetée par le Conseil constitutionnel. Est-ce que vous vous y attendiez ?

Harouna Dicko : Je m’y attendais plus ou moins, même si j’espérais que le Conseil constitutionnel irait jusqu’au bout et dirait le droit. Mais un homme de loi m’a dit, quelques jours avant la décision du Conseil constitutionnel que le droit ne sera pas dit parce qu’au Burkina, il n’y a pas beaucoup de magistrats qui osent prendre une décision allant à l’encontre des volontés du pouvoir. C’est dommage pour le pays. Je savais que le combat ne serait pas facile quand je commençais mes activités politiques. Et vu la nature de la lutte que je voulais mener, je savais que ce ne serait pas facile d’être compris. Mon combat est d’informer les gens afin qu’ils puissent jouir sainement de leurs droits et que l’on puisse apporter un changement démocratique dans ce pays. Le droit n’a pas été dit. J’ai soulevé une exception d’inconstitutionnalité. Cela veut dire que j’ai demandé au Conseil constitutionnel de se prononcer sur la constitutionnalité de deux dispositions du Code électoral. On m’a répondu que ma requête n’est pas fondée.

Allez-vous faire appel comme la loi vous y autorise ?

C’est une décision du Conseil constitutionnel. Elle s’impose à tous et à toutes les administrations. Je ne peux pas aller au-delà d’une décision du Conseil constitutionnel. Beaucoup de gens me demandent si je vais attaquer cette décision. Je ne peux pas le faire. On peut faire un recours contre la liste qui est arrêtée, si l’on constate qu’il y a des anomalies que le Conseil n’a pas vues, mais pas contre la décision que le Conseil a rendue. L’article 159 de la Constitution est très clair sur ce chapitre. Il dit qu’une disposition de loi ordinaire ne peut pas primer sur une disposition constitutionnelle.

Pourquoi considérez- vous les articles 125 et 127 du Code électoral (qui font mention des attestations de parrainage et du versement de la caution comme pièces exigées dans la constitution des dossiers de candidature) comme anticonstitutionnels ?

L’article 1er de la Constitution dit que toute discrimination fondée sur la fortune est prohibée. On ne doit pas payer de l’argent pour jouir d’un droit garanti par la Constitution. Et la loi électorale dit que pour être candidat, il faut payer une fortune. Cette caution, qui est de dix millions de francs CFA, est plus élevée que la masse salariale annuelle d’un haut fonctionnaire exceptionnellement payé à l’indice 4 000. C’est pourquoi j’ai demandé au Conseil si cela est constitutionnel, si cela n’est pas une forme de discrimination. Il m’a répondu que ma demande était recevable en la forme, mais mal fondée. Il n’a donc pas répondu à la question, qui reste toujours posée.

Mais au-delà de ces questions de principe et loi, est-ce que vous disposez de la somme de dix millions de francs CFA et êtes-vous êtes capable de rassembler le nombre de parrainages exigé par le Code électoral ?

Le parrainage est encore un autre problème. On dit que chaque candidat doit être parrainé par des élus. Or les élus sont des partisans, qui appartiennent à des partis politiques. Vous avez sans doute lu dans les journaux comme moi que certains élus demandaient de l’argent pour signer les attestations de parrainage. Un parti comme le nôtre qui n’existe pas depuis longtemps et qui n’a pas d’élus ne peut pas, dans ces conditions, être parrainé. A moins d’aller se prostituer pour avoir ces parrainages. Nous pensons que cette loi est liberticide.

Pour certains, votre acte ressemble à de la provocation… Etait-il vraiment opportun de lancer maintenant ce débat sur l’anti constitutionnalité de ces articles ?

Si essayer de jouir de son droit est une provocation, alors c’en est une. Tout citoyen doit pouvoir s’exprimer, mais dans les règles et le respect du droit. Je n’ai pas envie de soulever de polémique. C’est pour cela que je dis qu’on ne peut pas faire de recours contre une décision du Conseil constitutionnel. Je n’ai rien contre la liste qui a été publiée. Mais j’ai un problème avec les deux articles et je le pose. Maintenant, si on estime que ce n’est pas le moment...

Votre candidature a été rejetée et vous dites ne pas pouvoir faire appel. Quel mot d’ordre allez-vous donner à vos militants ?

A la présidentielle de 2005 nous l’avons fait. Les membres du bureau du parti vont bientôt se réunir pour décider de la conduite à tenir. Nous avons toujours demandé aux citoyens d’aller s’inscrire sur la liste électorale, d’aller chercher leurs cartes d’électeur et d’aller voter le jour des élections en toute âme et conscience.

Allez-vous donner des consignes de vote en faveur d’un candidat ?
Cela dépendra. Si l’un des candidats nous sollicite, nous aviserons. Pour l’instant nous attendons de voir ce qui va se passer.

Desire T Sawadogo

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 12 octobre 2010 à 11:04 En réponse à : Présidentielle au Burkina : l’amertume d’un candidat rejeté

    Bonjour,

    je suis vraiment content de la politique de ce parti, car elle permet à mon sens de corrigés les insuffisances dans la loi. Il n’y a pas d’œuvre humaine parfait alors je trouve que c’est par ce type de critique dans le respect de la loi qui fait avancer la démocratie dans notre cher pays.

    Merci.

  • Le 12 octobre 2010 à 13:35 En réponse à : Présidentielle au Burkina : l’amertume d’un candidat rejeté

    Pourquoi va t-il faire appel ? les élections présidentielles, ce n’est pas un cirque. Soit tu respects les conditions et tu te présentes ou tu ne réunit pas les conditions et tu te casses.

  • Le 12 octobre 2010 à 15:21 En réponse à : Présidentielle au Burkina : l’amertume d’un candidat rejeté

    bonjour,je voulais savoir pour quelle raison n’a til pas repondu a la question"s’il disposait des 10 millions pour payer.Vous voyez,c’est des gens comme ça qui augmente le nombre de candidature pour rien,tu n’a pas encors fini de bien manger,tu veut devenir president.C’est vraimant ecoeurant koi.Fallais aller t’aligner derriere un canditant au lieu de te faire remarquer pour rien.QU’on augmente la caution a 30 millions d’ailleur.Nous tous nous savons quelles sont les conditions a respecter pour devenir chef d’Etat en France ou USA

  • Le 12 octobre 2010 à 20:03, par le nègre En réponse à : Présidentielle au Burkina : l’amertume d’un candidat rejeté

    Monsieur DicKo est unveritable comédien. S’il était contre le code électoral, il aurait dû attaquer les articles bien avant.

    Leçon de morale : Arronton la comédie sociale si l’on parle des choses serieuses !

  • Le 13 octobre 2010 à 03:13 En réponse à : Présidentielle au Burkina : l’amertume d’un candidat rejeté

    IL Y A DES GENS QUI DU FOND DE LEUR STUPIDITÉ NE PEUVENT COMPRENDRE LES ACTION DE MONSIEUR DICKO. CE QU’IL A FAIT EST UN ACTE DE GRAND PATRIOTISME QUI OBLIGE NOS SYSTEMES A PLUS DE MATURITÉ. AU BURKINA NOUS AVONS DES TEXTES FAITS À LA HÂTE AU DESIR DU PRÉSIDENT ET DE SES AMIS.

    LE PROBLÈME POSÉ PAR MONSIEUR DICKO NOUS AMÈNE À NOUS DEMANDER S’IL EST POSSIBLE D’ACCEPTER DES CANDIDATURES INDÉPENDANTES AU NIVEAU DE LA PRÉSIDENTIELLE ET NE PAS L’ACCEPTER AU NIVEAU DES LÉGISLATIVES ET DES COMMUNALES.

    AVEC MOINS DE CERVEAU ON NE PEUT PAS COMPRENDRE DE LES ACTIONS DE DICKO.

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